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21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 14:01

 

 

Alain, de Porhoët, troisième fils d'Eudon Ier, comte de Porhoët, fut le premier seigneur de Rohan, la tige de l'illustre maison de ce nom. Cet Alain mourut en 1128. Dès l'origine, la vicomté de Rohan semble avoir eu l'étendue que lui donnent plus tard positivement les aveux détaillés qui nous en restent, et dont les plus anciens datent du XVe siècle. En effet, la notice de fondation du prieuré de la Couarde (D. Morice, Pr. I, 552 et 553; Cartul. Roton. Ms., fol. limin. v°) et une charte de l'abbaye de Marmoutier (D. Morice, Ibid., 554) mentionnent formellement, parmi les possessions de cet Alain Ier, fils d'Eudon de Porhoët, Rohan, Credin, Châteaunoix ou Castennec, Bieuzi, Metrand, Guern, Perret. Et par les titres de la fondation de l'abbaye de Bonrepos, en 1184, nous voyons encore que les domaines d'Alain III de Rohan, petit-fils d'Alain Ier, comprenaient, entre autres, Pontivi, Saint-Aignan ou Saint-Ignan (ecclesia sancti Inuani. D. Morjce a imprimé par erreur sancti Junani, qui ne se rapporte à aucune localité), la forêt de Quénécan (Kenescam), Gouarec, Rosquelfen, Merléac, Plussulien, Corlé, etc. (Voy. D. Morice, Pr.I, 697 et 724, 725.) Sans plus nous arrêter à ces recherches, qui n'amèneraient aucun résultat suffisamment complet, nous allons donner ici la nomenclature des paroisses comprises dans la vicomté de Rohan, à l'époque la plus ancienne où nous en pouvons connaître l'étendue avec certitude. Mes sources sont : le Mémoire du vicomte de Rohan pour la préséance aux États de Bretagne, rédigé en 1479 et imprimé au t. Il de l'Histoire de Bretagne de Morice et Taillandier ; l'aveu de la vicomté de Rohan, de 1471 ; celui de la châtellenie de Corlé, de 1576, et un autre de même date de la principauté de Guémené, enfin les deux aveux du duché de Rohan, de 1639 et de 1682. Tous ces documents, sauf le Mémoire, sont inédits et font actuellement partie du fonds de la Chambre des comptes de Bretagne, aux archives départementales de la Loire-Inférieure. La première résidence d'Alain Ier, tige des Rohan, fut Châteaunoix; aussi est-il intitulé vicomte de Châteaunoit (Vicecomes Castri Noici) dans la notice de fondation du prieuré de la Couarde. Dans les dernières années de sa vie, Alain Ier fit construire le château de Rohan (voy. D. Morice, Pr. I, 554), qui donna son nom à la seigneurie et en demeura longtemps le chef-lieu ; toutefois, au XVe siècle, et d'après l'aveu de 1471, il semble que Pontivi était déjà la capitale effective ; privilège qui lui fut officiellement confirmé, depuis l'érection de Rohan en duché, en l'an 1603, puisque les divers siéges de juridiction du nouveau duché relevaient tous en appel de celui de Pontivi. Suivant l'aveu de 1471, la vicomté de Rohan était divisée en trois membres : 1° La seigneurie proprement ditede Rohan, que j'appellerai, pour faire court, châtellenie de Rohan ; 2° la châtellenie de Gouarec ; 3° la châtellenie de Corlé.

 

1° La châtellenie de Rohan comprenant 46 trèves ou paroisses, dont voici le dénombrement, en allant du Nord au Sud et de proche en proche : 1. Mur ; 2. Saint-Guen , trève de Mur ; 3. Saint-Connec, id. ; 4. Saint-Caradec ;5. Saint-Gonneri ; 6. Croixanvec ; 7. Neuilliac ; 8. Kergrist , trève de Neuilliac ; 9. Hémonstoir, id. ; 10. Cleguerec (la partie Sud seulement) ; 11. Séglien (moins sa trève de Lichernin ou Lescharlin qui était en Guémené) ; 12. Malguenac ; 13. Stival, trève de Malguenac ; 14. Guern ; 15. Pontivi ; 16. Noyal-Pontivi ; 17. Saint-Geran, trève de Noyal-Pontivi ; 18. Guettas, id. ; 19. Kerfourn, id. ; 20. Saint-Thuriau , id. ; 21. Saint-Gouvri ; 22. Saint-Samson sur l'Oust (les villages les plus voisins de Rohan) ; 23. Rohan ; 24. Credin ; 25. Ptengriffet ; 26. Reguini ; 27. Radenac ; 28. Saint-Fiacre, trève de Radenac ; 29. Naizin ; 30. Moustoir-Remungol ; 31. Plumeliau ; 32. Bieuzi ou Buzy ; 33. Castennec ou Châteaunoix, trève de Bieuzi ; 34. Melrand ; 35. Baud 36. Guénin ; 37. Remungol ; 38, Moréac ; 39. Locminé ou Moustoir-Locminé ; 40. Saint- Allouestre 41. Buléon , trève de Saint-Allouestre, selon l'ancien Ogée ; 42. Hignan ;43. Saint-Jean-Brevelay (la partie Nord-Est seulement) ; 44. Moustoirac ;45. Plnmelin ; 46. Camors. La forêt de Loudéac, quoique enclavée dans le comté de Porhoët, était aussi regardée comme faisant partie de la châtellenie de Rohan, suivant l'aveu de 1471. Mais je ne note ici ce fait que pour mémoire : car cette forêt, comprise originairement dans le comté de Porhoet, n'en avait été distraite qu'au XIIIe siècle, par suite de partages.

 

2° La châtellenie de Gouarec, deuxième membre de la vicomté de Rohan, s'étendait sur treize paroisses ou trêves, savoir : 1. Plourai ; 2. Mellionec 3. Plouguernevel ; 4. Saint-Gilles, trève de Plouguernevel ; 5. Gouarec, id. ; 6. Plelauf, nommé Pellan ou Pellau dans les aveux du XVIIe siècle ; 7. Lescouët ; 8. Penret ou Perret, trève de Silflac ; 9. Sainte-Brigitte, trève de Cleguerec ; 10. Silfiac ; 11. Cleguerec (la partie Nord seulement) ; 12. Saint-Ignan ou Saint-Aignan, trève de Cleguerec ; 13. Saint-Caradec-Tregomel, enclavée dans la seigneurie de Guémené. La résidence seigneuriale du vicomte de Rohan, dans la châtellenie de Gouarec, était le manoir de Penret, aussi appelé les Salles de Penret, et plus simplement le château des Salles, sur la lisière de la forêt de Quénécan, en Sainte- Brigitte.

 

 

3° La châtellenie de Corlé ou Corlai, troisième membre de la vicomté, comprenait 12 paroisses ou trèves, savoir : 1. Corlé ; 2. Saint-Martin-des-Prés ; 3. Merléac ; 4. Le Quilio, trève de Merléac ; 5. Saint-Mayeuc ; 6. Saint-Gilles-Vieux-Marché, trève de Saint-Mayeuc ; 7. Caurel. id. ; 8. Laniscat ; 9. Saint-Guelven, trêve de Laniscat ; 10. Bosquelfen, id. ; 11. Saint-Igeau, id. 12. Plussulien.

 

 

La résidence seigneuriale du vicomte de Rohan en cette châtellenie était le château de Corlé. En réunissant les paroisses et trèves comprises dans les trois membres de la vicomté, on arriverait au chiffre total de 71, que l'on doit réduire à 70, puisque, dans la nomenclature qi précède, la paroisse de Cleguerec est employée deux fois, savoir : une première fois pour sa partie Sud dans la châtellenie de Rohan (n° 10), et une autre fois pour sa partie Nord dans celle de Gouarec sous le n° 11. Ainsi, en 1471 la vicomté de Rohan comprenait 70 paroisses ou trèves. Cependant, d'après l'art. 38 du Mémoire de 1479 pour la préséance, la vicomté se serait étendue sur 112 paroisses, dont on ne nous donne point d'ailleurs la nomenclature. Entre cette assertion, qui n'est soutenue d'aucune preuve, entre l'autorité du Mémoire et celle des aveux il n'y a point à hésiter. Les aveux ayant été reçus à la chambre des comptes sont des documents officiels et authentiques; le Mémoire est simplement un factum, un plaidoyer élogieux en faveur de la puissance et de l'illustration de la maison de Rohan; rien d'étonnant qu'on y trouve quelques exagérations. Au reste, le chiffre de 70 paroisses, en place de 112, est encore fort respectable. Telle était la vicomté de Rohan en 1471. Mais plusieurs sont presque tous, je crois, postérieurs à la date susdite, en avaient dès le commencement du XVIIe siècle réduit notablement l'étendue. 1° La châtellenie de Corlé tout entière, avec ses douze paroisses, fut, dans le cours du XVIe siècle ou sur la fin du XVe, distraite de la vicomté de Rohan en faveur de la branche de Rohan-Guémené, ainsi qu'on le voit dans l'aveu rendu au roi en 1576. 2° De la châtellenie de Gouarec on détacha de même, en faveur des Rohan-Guémené, les quatre paroisses de Saint-Caradec-Trégomel, Plouray, Mellionec et Plouguernevel (presque en entier), lesquelles furent annexées à la seigneurie ou principauté de Guémené, comme on le voit par l'aveu de 1576, où l'on trouve encore, parmi les dépendances de Guémené, une grande partie des paroisses de Lescouët ct de Silliac, qui avait dû être démembrée en même temps de la châtellenie de Gouarec. Outre ces deux grands démembrements pris sur la partie Nord-Ouest de la vicomté, les cinq seigneuries suivantes furent démembrées, au Sud, de la châtellenie deRohan, telle qu'on l'a décrite plus haut; c'étaient :3° La châtellenie de Pleugriffet, contenant tonte la paroisse de ce nom.était situé en Naizin, et dont les principales pièces ou dépendances se trouvaient dans les paroisses de Naizin, Noyal-Pontivi, Pluméliau, Remungol, Monstoirac, etc. 5° La seigneurie de Kergrois qui avait son château en Remungol, et ses principales pièces en Moréac, Plumelin, Guénin, Remungol et Moustoir-Remungol. 6° La châtellenie de Baud, comprenant les paroisses de Melrand et de Baud en entier, et en grande partie Guénin, Plumelin et Locminé. 7° La seigneurie de Kerveno, qui s'étendait sur une grande partie de la paroisse de Pluméliau. Les cinq dernières seigneuries, démembrées de Rohan, dont on vient de parler, comprenaient en totalité les paroisses de Pleugriffet, Remungol, Plumelin, Guénin , Baud, Metrand, et une grande partie de Moustoirac, Locminé, Moréac, Naizin, Moustoir-Remungol et Pluméliau. Ces divers démembrements restreignirent sensiblement les bornes primitives de la vicomté; aussi, en l'an 1603, lors de l'érection de Rohan en duché, on trouva que cette seigneurie ainsi réduite n'était plus en état de soutenir convenablement son nouveau titre ; on l'agrandit en y annexant la châtellenie de La Chèze, qui fut distraite, à cet effet, du comté de Porhoët, et comprenait, ainsi qu'on l'a vu ailleurs, 21 paroisses. Il faut donc se garder de confondre le duché de Rohan avec l'ancienne vicomté de ce nom, dont la circonscription , comme on l'a vu, différait essentiellement. En raison de son étendue, la vicomté de Rohan avait dû être partagée ab antiquo en plusieurs ressorts de juridiction, dont les siéges, suivant le Mémoire de 1479 (art. 38), étaient à Corlé pour la châtellenie de Corlé, à Loudéac pour la forêt de Loudéac et le territoire en dépendant, à Gouarec pour la châtellenie de Gouarec, à Baud pour une petite partie de la châtellenie de Rohan, et enfin à Pontivi pour tout le reste de cette même châtellenie. Il n'y avait point alors de siége de juridiction à Rohan ; seule ment un juge de la Cour de Pontivi y allait tenir audience une fois la semaine , ce qui dura jusqu'à l'érection de Rohan en duché. Au XVIIe siècle, les aveux de 1639 et de 1682 nous font connaître un état de choses assez différent. Par suite des démembrements ci-dessus indiqués, les juridictions de Corlé et de Baud ne dépendaient plus de la terre de Rohan ; et le nouveau duché, en y comprenant, bien entendu, la châtellenie de La Chèze, se trouvait divisé entre six juridictions, savoir : La Chèze, Loudéac, La Trinité dans l'ancienne châtellenie de La Chèze ; et dans ce qui restait de l'ancienne vicomté de Rohan : Gouarec, Rohan et Pontivi. Ce dernier siége était de plus tribunal d'appel, an premier degré, à l'égard des cinq autres. 

 

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