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21 mars 2016 1 21 /03 /mars /2016 19:07

 

 

Cette sépulture était située sur la limite de la commune de Plestan, et sur la rive droite du Gouëssant, près du village de Ville-Drun. De la rivière, le terrain s'élève en pente douce jusqu'à un plateau qui la domine d'une vingtaine de mètres, et sur lequel s'étend le champ où a eu lieu cette découverte. En 1880, le propriétaire de ce champ m'apporta une magnifique hache en silex poli, d'une conservation parfaite et offrant des traces d'emmanchement le tranchant en est curviligne, et il n'est resté aucune trace de la taille qui a précédé le polissage. Sa longueur est de 125 millimètres. Je m'informai près du cultivateur des circonstances dans lesquelles s'était faite cette trouvaille; il avait trouvé la hache près d'un endroit d'où, quelques années auparavant, il avait extrait un gros bloc de pierre qui le gênait dans la culture de son champ. Près de cette hache, il avait remarqué des débris de poteries auxquels il n'avait attaché aucune importance. La trouvaille ne remontait qu'à quelques mois, et, depuis, le champ avait été ensépulturé. Il me promit de me prévenir lorsqu'il labourerait son champ à nouveau; il avait, du reste, l'intention de creuser assez profondément, pour se débarrasser d'un autre bloc gisant à 7 mètres environ du précédent, et émergeant à peine au-dessus du sol. En mars 1882, mon homme revint me trouver. Il avait fouillé à une assez grande profondeur pour extraire la roche, et avait trouvé dans les déblais quelques débris de vases et quelques morceauxde silex; une pointe non retouchée, simple éclat, un joli couteau, et le talon d'un autre couteau. Je pris jour pour le lendemain, avec promesse de le récompenser du temps que lui et sa femme allaient consacrer à ces fouilles, et de le rémunérer largement pour les objets qu'il pourrait rencontrer. Je les trouvai le lendemain matin sur le lieu de la découverte, pleins d'ardeur, et en train de creuser autour du bloc rocheux. Mais il n'y avait là que le sol naturel, sablonneux. Ce bloc, débarrassé des matières terreuses qui l'enveloppaient en grande partie, était formé d'une roche quartzeuse, micacée, de couleur blanchâtre, de figure grossièrement sphérique, et du volume approximatif d'un mètre cube. Il était inutile de chercher plus profondément en ce point, et je dirigeai les fouilles dans la direction du premier bloc extrait précédemment. Au bout d'une heure de travail, mes fouilleurs trouvèrent quelques pierres plates en roche schisteuse, roche friable commune dans les environs. Il me sembla qu'elles formaient une sorte de dallage; je fis enlever avec précaution la terre qui les recouvrait en partie, en ayant soin de m'assurer qu'elle ne contenait aucun objet intéressant. J'y recueillis quelques débris de poterie sans ornementation, en morceauxde petites dimensions. Ce travail terminé, j'avais une tranchée d'environ 3 mètres de large sur 5 mètres de longueur; les dalles schisteuses sous-jacentes à la terre végétale occupaient un espace de 2 mètres de largeur sur 4 mètres en longueur. On les débarrassa avec précaution de la terre végétale qui remplissait les interstices; elles étaient très inégales comme grandeur et épaisseur. Nous trouvâmes tout d'abord entre ces pierres une hache en diorite d'une conservation parfaite, et, comme celle en silex, portant des traces d'emmanchement. Son extrémité supérieure ou talon est recouverte d'une patine différente de celle qui s'étend sur le reste de l'arme, patine plus foncée, plus brillante, et limitée par une ligne circulaire bien accusée qui indique le point où se terminait la partie serrée par l'emmanchement. Puis pêle-mêle avec le dallage, nous recueillîmes des fragments de poterie, deux couteaux en silex d'une longueur de 0m 11, et l'autre de 0m 08 avec la pointe brisée. Je fis alors enlever les dalles, sous l'une desquelles je ramassai une grande pointe de lance ou poignard, brisée par la moitié. Les deux fragments reposaient l'un près de l'autre, ce qui ferait croire que cette cassure a pu se produire après le dépôt de l'arme dans la sépulture, et a été déterminée par l'affaissement des roches qui la recouvraient. Ce poignard en silex du Grand Pressigny mesure 0m 15 de longueur et 0m 035 dans sa plus grande largeur. La face inférieure est plane, l'autre a une arête médiane longitudinale; les côtés sont soigneusement retouchés sur toute leur longueur. En soulevant une autre dalle assez large, je découvris ensuite un vase couché sur le cJté et montrant une partie de sa carène. Je fis dégager tout autour, et réussis à l'enlever avec la couche de terre friable sur laquelle il reposait et qui l'enveloppait en partie. Cette gangue une fois sèche, il me devint facile d'en débarrasser le vase auquel il ne manquait qu'un petit morceau de la panse. Il est de forme très régulière, quoique façonné à la main, en terre grisâtre toute parsemée de mica et de petits grains quartzeux. Le bord, légèrement évasé, est supporté par une gorge haute de 0m 04 et circonscrite par une légère arête circulaire d'où part le corps du vase dont le fond est arrondi. Représenté, son ouverture mesure 0m 19 de diamètre, il est profond de 0m10. Les fouilles, continuées le lendemain, mirent successivement au jour, sous les dalles et pâle mêle avec elles, une vingtaine de silex parmi lesquels se trouvait une pointe de lance ou de javelot longue de 0m 085, et large de 0m 025. Cette pointe est plane sur une de ses faces, tandis que l'autre est surmontée d'une arête médiane et longitudinale. Les côtés sont retouchés dans toute leur longueur. L'arme est en silex noirâtre. forme décalotte, était incomplet; j'ai pu le reconstituer en partie, mais il manque un tiers environ du pourtour. Ce vase est en terre rougeâtre bien cuite; il est fait à la main et assez grossièrement exécuté; la terre en est de mince épaisseur. Il mesure 0m 15 de diamètre à son ouverture, et a 0ln085 de profondeur. L'autre vase est une tasse à fond plat et étroit; à deux centimètres du rebord, l'orifice se rétrécit par l'inclinaison des parois vers l'intérieur en circonscrivant une arête saillante circulaire. Ce vase est en terre rougeâtre assez bien cuite et semée de petits grains quartzeux; il est fait à la main. Hauteur 0m 00, diamètre du fond 0m 07, de l'ouverture 0m 12. Nous découvrîmes ensuite des fragments d'un vase qui me parut devoir être d'assez grande dimension, malheureusement il était brisé en morceaux trop petits pour qu'il nous fût possible de le reconstituer. Je remarquai que le fond était très épais, plat, et en terre rougeâtre. Il existait encore divers fragments que je mis à part, espérant arriver plus tard, en les rapprochant, à déterminerla forme des vases auxquels ils avaient appartenu. Je ramassai ainsi les débris de cinq vases de forme identique à celle de la figure 203. Tous étaient en terre rougeâtre; deux moins épais, en terre assez fine; les trois autres en terre semée de grains quartzeux et d'une pâte épaisse. Trouvé de plus des débris de deux vases à fonds plats, en terre mince; puis de trois autres de forme basse, devant se rapprocher, comme configuration, de celui de la figure 204; deux sont en terre noirâtre, et l'un d'eux est d'une pâte grossière, mal cuite, à gros grains, le troisième était en teire de couleur rougeâtre. Somme toute, j'ai relevé dans ces débris les morceaux de seize vases auxquels étaient mêlés quelques éclats de silex, et cinq haches en diorite dont voici une description sommaire La 1ere hache mesure 0m 10 de longueur, possède un tranchant curviligne, crosse se terminant en facette large et aplatie; elle a été emmanchée. La 2e 0m 12 de longueur; tranchant curviligne, crosse se terminant en pointe avec une petite facette terminale. La 3e 0m135 de longueur; longue et étroite, sa coupe transversale donnerait une ellipse régulière; la crosse est légèrement arrondie. La 4e 0m13 de longueur; tranchant curviligne, crosse quasi pointue avec petite facette sur son extrémité; a été emmanchée. Parvenu à l'extrémité du dallage, ou, pour mieux dire, de la couche de pierres schisteuses, je rencontrai sous les derniers blocs un vase brisé en forme de tulipe; je ne pus recueillir qu'un morceau représentant le fond et un tiers environ du pourtour. Le fond de ce vase est de forme arrondie. Ce fragment est en terre très épaisse, grosiièrament travaillée à la main, de couleur rougeâtre, et mêlée de quartz. Le rebord évasé va en s'amincissant. Il mesurait, à l'orifice, 0m12 de diamètre, 0m 075 seulement en dedans vers le fond, et 0m 03 de profondeur. Près de ce vase gisait un large éclat de silex d'eau douce, d'une belle patine brillante, plat du côté du bulbe de percussion, et surmonté d'une arête longitudinale saillante sur l'autre face. A la base de cette dernière face, subsiste encore l'écorce du noyau de silex d'où il a été détaché. D'après sa forme, il semble avoir représenté un grattoir de grande dimension. Longueur 0m07, largeur 0m05. En visitant de nouveau les terres extraites, nous trouvâmes encore quelques éclats de silex sans intérêt, sauf une moitié de hache en diorite, et un petit ciseau de même matière. Ce dernier instrument, fracturé à l'un des angles du tranchant, a perdu un fragment large de Om004, sur une longueur de0nl025; au talon de ce ciseau subsiste encore la trace d'un trou qui servait à le suspendre; brisé en cet endroit, l'outil a été soigneusement repoli, opération qui lui a valu une crosse plate avec dépression centrale. Longueur On 055, largeur avant la cassure 0m 017. Cette sépulture m'a paru intéressante par son riche mobilier, qui m'a fourni une grande partie des objets usuels de l'époque néolithique. La multiplicité de ces objets divers semble indiquer une sépulture commune, sinon d'une tribu, du moins d'une famille nombreuse, et la ville de Drun, voisine de la station de la Porte-Collin :(3 kilom. 500 environ dans la même commune), station qui m'a fourni des haches polie?, de nombreux couteaux, des pointes de flèches à ailerons, des grattoirs, etc., etc., a peut-être été le lieu de sépulture des habitants de cette station. Il y avait à la Porte-Collin un centre de fabrication d'objets en silex ainsi que l'attestent les milliers d'éclats que j'y ai recueillis. La sépulture de la Ville Drun était une sépulture à incinération; les fouilles faites avec soin n'ont fourni aucun ossement; les vases à peu près intacts contenaient une terre onctueuse, douce au toucher, très fine et de couleur brune. Aucun monument, point de tumulus, rien ne marquait cette sépulture qui, par cela même et par la richesse et la nature de son mobilier, semble être une exception dans les sépultures de notre région. Avec les cendres des morts, nous trouvons ici leurs armes et leurs outils usuels, et l'emmanchement des haches, indice certain d'un emploi antérieur à leur enfouissement, vient corroborer notre hypothèse

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