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8 septembre 2016 4 08 /09 /septembre /2016 08:58
Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Ce fut au XIIIe siècle, à coup sûr avant 1253, que les Cordeliers s'implantèrent à Nantes. Leur choix porta sur une modeste chapelle, élevée, croit-on, sous le vocable de Saint-Michel, vers 1232, par l'évêque Henri Ier. Elle s'appuyait contre la face externe du mur gallo-romain, que rendait inutile à cet endroit l'enceinte nouvelle de Pierre Mauclerc. Les Cordeliers commencèrent à construire là leurs bâtiments conventuels, sur un terrain offert par la famille de Rieux ou les ducs de Bretagne.

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Un privilège de Clément IV (1265-1268) permettait aux Franciscains de ne tolérer le voisinage d'aucun autre ordre mendiant à une distance n'atteignant pas 140 cannes, soit environ 311 mètres. Les Carmes, installés en 1318 a l'hôtel de Rochefort, place Saint-Vincent, avaient cru trouver un nouveau gîte suffisamment lointain en l'hôtel de Rougé (entre les rues actuelles du Moulin et des Carmes). Ce fut encore trop près pour éviter les réclamations. Sur quoi les Carmes firent venir de Rome des cannes munies des sceaux apostoliques et mesurèrent la distance « à droicte ligne par l'air, au-dessus des maisons », on se demande comment. L'épreuve leur donna gain de cause, mais d'extrême justesse. Une autre expérience eut donc lieu : des Cordeliers a la voix puissante vinrent chanter l'office aux Carmes, et on tendit l'oreille, près du mur gallo-romain, pour se rendre compte si les cérémonies souffraient du tapage. Il n 'en était rien, ce qui termina Ces Cordeliers si intransigeants sur leurs droits se montrèrent, par ailleurs, pleins d'obligeance envers les collectivités et services publics de Nantes. Ils offraient un lieu de réunions et une salle d'archives à une vingtaine de corporations (cordonniers, boulangers, maçons, etc.), dont chacune avait sa confrérie et sa chapelle.

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Ici première rangée les armoiries de quelques corporations présentes en la cité de Nantes : de gauche à droite, première rangée - apothicaires ; barbiers ; tissiers ; cordonniers ; bonnetiers ; menuisiers ; bouchers ; blanconniers.

 

Deuxième rangée, de gauche à droite : chapeliers ; charpentiers ; cloutiers ; couteliers ; couvreurs d'ardoises ; libraires-imprimeurs ; marchands de draps de soie. 

 

Troisième rangée, de gauche à droite : vitriers ; potiers ; tonneliers ; pelletiers ; corroyeurs ; serruriers ;  cordiers ; teinturiers.

 

Quatrième rangée, de gauche à droite : perruquiers ; potiers ; marchands potier et étain & plombiers ;  sergents de juridiction ; tâpissiers ; selliers ; médecins ; procureurs chambre des comptes.

 

 

La Contractacion, cette association entre commerçants nantais et espagnols (surtout bilbaïnais), assistait en habit noir et gants blancs aux offices célébrés en la chapelle N.-D. d'Espagne, où elle s'assembla pour la dernière fois le 26 janvier 1733. Il faut citer encore chapitres généraux et provinciaux de l'ordre, les assemblées générales de l'université dans une salle portant son nom, les cours de la faculté de théologie depuis 1700 environ, le Conseil de Bretagne en 1538, le parlement ligueur, les Etats, la chambre de Justice qui condamna Chalais à mort en 1626, la chambre des comptes de 1500 à 1535 et de 1760 à 1782. La se réunirent les notables avant l'institution de la Mairie, et là fut élu le premier maire, Geoffroy Drouet, en 1564. On n'exagérerait pas en affirmant qu'une importante partie de l'histoire nantaise s'est déroulée entre ces murs. Fermé le 18 avril 1791, le couvent connut dès lors maintes vicissitudes. Après avoir abrité un club, l'âtelier du sculpteur Lamarie puis une fonderie de canons, il fut vendu.

 

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Les Dames Blanches l'acquirent en 1811 et le cédèrent aux Dames de la Retraite. Après quoi les démolitions partielles sévirent en 1835, 1869, 1874 (l'église conventuelle fut alors désaffectée), et finalement en 1924. Depuis 1835, la rue des Cordeliers, percée sur l'emplacement de la petite nef du sud, sépare les vestiges en deux îlots, enclavés de part et d'autre dans les écoles Saint-Pierre et Saint-Vincent de Paul.entre les tours du Trépied et Chauvin. Quant au mur gallo- romain, il longeait ou traversait par endroits l'église. L'ensemble des bâtiments conventuels serait à peu près délimité, aujourd'hui, par les rues Saint-Jean (où se trouvait le portail), d'Aguesseau et du Refuge, ainsi que la place Dumoustier. La nef du XIIIe siècle fut au siècle suivant partiellement remaniée et doublée d'un bas-côté sud. Le XVe voit naître aménager, au sud, les chapelles ou de N.-D. de Pitié et d'Espagne, tandis qu 'au nord on ajoute la chapelle N.-D. des Anges, alias la chapelle au Duc. Le flanc sud, encore, s'accroît au xviB siècle des chapelles Saint-Martin et Saint-Roch d'Aranda (1510), de Compludo-Miranda (1549), Ruiz (1578), Sainte-Emerance, d'Espinose. Un dallage de couleur, des murs peints, des vitraux représentant les ducs ornent l'édifice, où se multiplient les tombeaux. Citons ceux de Joachim Descartes, père du philosophe, de Robert de Bretagne, fils de Jean Pr le Roux et de Blanche de Navarre, de Jean de Bretagne, fils de Jean II et de Béatrix d'Angleterre, de deux Charette, l'un et l'autre maires de Nantes, de René de Rieux seigneur de Sourdéac, au magnifique mausolée, de Blanche de Boville femme d'Olivier de Clisson, du comte de Chalais, et bien d'autres encore, également disparus. Du côté nord s'élevait le cloître, flanqué à l'est par la grande salle dite de l'Université. Pour retrouver les restes de l'Eglise, prenons la rue des Cordeliers. Dans le mur de gauche se devinent les arcades qui séparaient la petite nef de la grande. Celle-ci n'est autre, désormais, qu'une des cours de l'école Saint-Pierre. Les deux grands murs sont toujours visibles, percés d'arcades et d'enfeux aujourd'hui murés. Au sud apparaissent des piliers polygonaux surmontés d'arcs trilobés. Au nord subsiste une chapelle carrée, sans doute celle dite d'Espinose. Sous la croisée d'ogives retombe une clef pendante ornée de volutes. Le mur nord est accolé au rempart gallo-romain dont les triples cordons de briques se montrent toujours. De l'autre côté de la rue des Cordeliers, à l'école des Soeurs de Saint-Vincent de Paul, on peut encore voir, recoupées par étages mais soigneusement restaurées, les chapelles de Ruiz, de Saint-Martin et de Saint-Roch d'Aranda et de Compludo-Miranda. La première conserve ses voûtes d'ogives, presque en plein cintre, et son oeil-de-boeuf entouré de godrons. Dans la seconde, il ne subsiste d'autres vestiges que deux niches et un arc encastré dans le mur. L'escalier qui occupe aujourd'hu la chapelle d'Aranda, n'a pas fait disparaître la voûte d'ogives, ni la clef de voûte ajourée, aux armes des Aranda, armes qui se retrouvent sur les murs

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Plan de l'Eglise des Cordeliers de Nantes.

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Tombeau des « ancestres de la maison des Seigneurs de Rieux » au milieu du Choeur de l'Eglise des Cordeliers de Nantes : Guillaume II de Rieux, décédé en 1310, et Jeanne de Machecoul décédée en 1307.

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Tombeau « a costé du grand Autel » de l'Eglise des Cordeliers de Nantes -dessin Louis Bourdan

 

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Tombeau « a droite du grand Autel » dans le sanctuaire de l'Eglise des Cordeliers de Nantes -dessin Louis Bourdan : Blanche de Bouville 1300-1329, première femme d'Olivier IV de Clisson. Comme on le voit, en l'église de ce couvent furent inhumées nombre de personnalités, ce fut le cas de Jeanne de France, duchesse de Bretagne, épouse du duc Jean V, décédéé en 1433 ; Robert de Bretagne 1251-1259, fils du duc Jean Ier de Bretagne et de Blanche de Navarre. Ci-dessous.

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger
Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Marie de Bretagne, femme de Jean II du nom, vicomte de Rohan.

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Tombeau de Pierre d'Aubigné, à droite du grand Autel dans le Sanctuaire de l'Eglise des Cordeliers de Nantes : (dessin de Louis Boudan). Autre vue du tombeau

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger

Vitrail de la chapelle Notre-Dame-des-Bons-Secours au Couvent des Cordeliers de Nantes, sur lequel est représentée une dame agenouillée : Marie de Bretagne, femme de Jean II vicomte de Rohan ; vitrail de la chapelle Notre-Dame-des-Bons-Secours au Couvent des Cordeliers de Nantes, sur lequel est représenté un chevalier agenouillé : Jean II du nom, vicomte de Rohan

 

Vitrail de la chapelle Notre-Dame-des-Bons-Secours au Couvent des Cordeliers de Nantes, sur lequel est représentée une princesse couronnée et portant une cotte partie aux armes de Bretagne et d'Ecosse : Isabelle Stuart, seconde femme de François Ier du nom, duc de Bretagne, vis à vis de son mary : à gauche du choeur de l'église, sur le vitrail des Cordeliers de Nantes, sur lequel est représentée un prince à genoux : Fançois Ier du nom, duc de Bretagne. Il est revêtu du collier de l'Ordre de l'Espy, dont il est l'instigateur, mort en 1450


 

Vitrail du Couvent des Cordeliers de Nantes, sur lequel est représentée une duchesse couronnée : Marguerite de Bretagne, première femme de François II du nom, duc de Bretagne, ainsi représentée vis à vis de son mary ; le vitrail des Cordeliers de Nantes, sur lequel est représentée duc couronné : Fançois II du nom, duc de Bretagne ainsy représenté.

 

Le couvent des Cordeliers de Nantes par Henri de Berranger
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