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28 septembre 2016 3 28 /09 /septembre /2016 08:39

IV.— Conditions du pèlerinage.

 

 

A l'époque oit nous nous sommes arrêtés, l'usage avait fixé quatre époques de l'année pour le pèlerinage : Pâques, la Pentecôte, la Saint-Michel et Noël, la saison des longues nuits, des pluies froides, des neiges et des glaces. Ces quatre époques étaient dites les quatre temporaux. Chaque temporal durait un mois, quinze jours avant et quinze jours après la fête dont il prenait le nom. Il est à peine besoin de dire que, dès le XIVe siècle, au temps de la grande vogue du pèlerinage, le temporal qui comptait le moins de pèlerins était celui de Noël ; celui qui en comptait le plus était celui de Saint-Michel, survenant à l'époque où sont à peu près finis les travaux de la récolte. D'après un compte que nous aurons à faire connaître, les deux cinquièmes des pèlerins passaient à cette époque. Plus tard, quand la vogue du pèlerinage diminua, de quatre, les temporaux furent réduits à deux : nous le verrons plus loin. Disons toutefois que, si les temporaux étaient les époques ordinaires du pèlerinage, il n'était pas interdit de choisir une autre époque de l'année. De même, si le terme des temporaux était de trente jours, on pouvait dépasser ce terme : c'est du moins ce que fit en 1419 l'illustre pèlerin dont nous suivrons l'itinéraire. Le voyage se faisait à pied (sauf exception bien entendu pour les malades ou les infirmes). La distance à parcourir était, comme nous verrons, d'environ 550 kilomètres à vol d'oiseau, soit 137 de nos lieues ou 109 lieues de Bretagne. Les pèlerins ayant trente jours pour accomplir ce voyage n'avaient pas à faire en moyenne vingt kilomètres par jour. Le tour de Bretagne se faisait indifféremment en un sens ou en l'autre. Je veux dire qu'un pèlerin partant par exemple de Dol, pouvait prendre par Saint-Malo pour revenir par Vannes, ou se rendre d'abord à Vannes pour finir par Saint-Malo. Il semble aussi que, s'il y avait commodité, il n'y avait pas obligation de suivre le chemin ordinaire, le chemin dit des Sept-Saints ; et qu'on pouvait s'en écarter à droite ou à gauche pour vaquer à ses affaires ou mêmes e reposer chez des amis. Si les pèlerins bretons ne redoutaient la fatigue ni la rigueur du temps, du moins devaient-ils se prémunir contre les dangers de la route. Ils se réunissaient en petites troupes, marchant sous la conduite d'un prêtre de leurs paroisses ou de quelque voisin qui avait déjà fait le voyage. On peut se les figurer allant chantant îles cantiques. Ainsi font de nos jours encore les Cornouaillais et les Trégorrois se rendant à Sainte-Anne d'Auray et rentrant joyeusement chez eux après avoir fait quarante ou cinquante lieues sans dormir dans un lit. Pendant les temporaux, les reliques de chacun des Sept-Saints étaient exposées dans chacune des églises stations principales du pèlerinage. A Vannes, les reliques de St Patern étaient posées sur un autel contigü à la grille du choeur. A Quimper, celles de St Corentin étaient posées sur un piédestal, surmonté d'un dais incrusté dans le pilier formant l'entrée du choeur à droite, pilier contre lequel était appuyé l'autel des Sept-Saints dont nous avons plus haut donné la description. A Saint-Brieuc, les reliques de saint Brieuc revenues de l'abbaye Saint-Serge d'Angers aux premières années du XIIIe siècle, étaient exposées avec celles de saint Guillaume (depuis 1217) dans la cathédrale. Pas de doute qu'un usage analogue ne fût suivi dans les quatre autres églises. Dans la plupart des stations, les pèlerins ajoutaient à la visite des reliques quelqu'autre dévotion. A Vannes, ils visitaient la cathédrale, et sans doute après la canonisation de Vincent Ferrier (20 juin 1455), la maison où il mourut. A Tréguier, ils allaient prier au tombeau de saint Yves, puis visitaient son berceau et l'église construite par lui au Minihy. A saint-Brieuc. ils se rendaient à l'oratoire primitif de saint Brieuc, et visitaient la fontaine près de laquelle le saint s'était arrêté le jour de son arrivée.

 

 

 

Ceux qui étaient atteints du mal des ardents ne manquaient pas de se laver au bassin voisin, dit jusqu'à nos jours le douet des ardents. Enfin c'était un usage universellement suivi que le pèlerin déposât une offrande en chaque église et même, semble-t-il à certaines stations de la route. Nous avons vu, en 1218, un tronc des pèlerins établi, depuis un temps que nous ne pouvons dire, dans la cathédrale de Quimpe ; il y en avait un dans l'église de saint Patern à Vannes, dont il a été conservé un compte quo nous examinerons. Nul doute que des troncs n'existassent dans les autres églises visitées. Nous pouvons même conjecturer qu'il y en avait le long de la route, dans les chapelles ou sur les fontaines consacrées aux Sept-Saints. Nous en verrons un exemple tout à l'heure. Nous verrons plus loin que les pèlerins étaient pauvres en grande majorité. Beaucoup d'entre eux donnaient moins encore que le denier de la veuve, une obole. Mais l'obole du pauvre était aussi méritoire que l'or déposé auprès d'elle par la main du duc de Bretagne. D'après notes laissées par J. Trévédy : Les Sept-Saints de Bretagne et leur pèlerinage.


 

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