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6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 09:22

 

 

 

 

Monnaies des ducs Conan II (1), Jean Ier le Roux (2), et Arthur II (3)

 

Bretons.


 

Dans l'Introduction, nous avons parlé des guerres civiles qui suivirent la mort du comte Alain III. Eudes, son frère, tige de la maison de Penthièvre, frappa monnaie, d'abord comme tuteur de son neveu Conan II, puis comme comte breton indépendant. Nous croyons devoir donner tout d'abord la description des pièces émises par ce prince : + EDO DA : x IIITVIII (Edo dux Britanie), monogramme destiné à imiter celui de Herbert, comte du Maine, sur les monnaies du Mans.

R) + REDONS CIAITAS. Croix.

+ EDO DUX BRITANNIE. Temple tétrastyle.

R). + EDONIS CIVITAS. Croix cantonnée au deuxième d'une lunaire.

L'explication de ces deux types si différents nous semble facile. Mais remarquons tout d'abord que, à la fin du XIe siècle, il y eut un changement notable dans la monnaie de Bretagne : il semble que les nummi Karolici de l'ancien système carlovingien avaient été remplacés. En 1095, en effet, on parlait des « vieux deniers de Rennes », auxquels avaient succédé des pièces appelées popelicani. Si on fait un relevé des monnaies employées dans les actes bretons depuis 1050, on remarque que les espèces du Mans, qui jouissaient d'une grande faveur dans l'ouest de la France et qui même étaient la monnaie courante en Normandie, furent reçues en Bretagne jusqu'au milieu du XIIe siècle. Ensuite vint à peu près exclusivement, pendant près de quatre-vingts ans, la monnaie de Rennes, qui fut brusquement remplacée par celle d'Anjou, au moment où l'Angleterre, sous Conan IV, commença à dominer dans notre province. Eudes, voulant avoir une monnaie à son nom, chercha naturellement à imiter les pièces les plus répandues. Il fit donc graver un monogramme qui rappelait à la fois celui d'Herbert et celui des anciens nummi Karolici. Quand Eudes eut été repoussé de Rennes par les barons bretons, il adopta le temple des monnaies normandes. Peut être la légende Edonis civitas, qui se lit sur le denier à ce type, ne serait-elle qu'une sorte de trompe-l'oeil, pour indiquer, sous l'apparence d'une monnaie rennaise, la « cité d'Eudes », c'est-à-dire la ville de Dol. M. de Longpérier a proposé d'attribuer au comte Eudes et à la ville de Dol, des deniers aux légendes ODO DUX DOLEO CIVES, type de l'étoile à cinq pointes et du monogramme carlovingien. Jusqu'ici ces monnaies avaient été données à Eudes l'Ancien, sire de Déols : nous croyons que de nouvelles découvertes sont nécessaires avant d'adopter définitivement l'opinion du savant académicien. Conan II prit le monogramme Conanus : c'est à lui et à Conan III que, contrairement à une opinion assez générale, nous attribuons les monnaies à ce type. Nous renvoyons à Conan IV celles où ce monogramme n'est plus représenté que par les lettres IVS. Des chartes de ces deux derniers princes établissent que Alain III donna à l'abbaye de S-Melaine, qu'il venait de reconstruire, la dîme de la fabrication monétaire. Cette libéralité fut confirmée par la duchesse Constance, en 1193, et par la duchesse Alix, en 1213. En 1225, Pierre Mauclerc, voulant faire cesser toute intervention des moines dans le monnayage, s'engagea pour lui et ses successeurs à payer une rente de 40 liv. Six ans plus tard, saint Louis reconnaissait au prince qui gouvernait la Bretagne le droit de frapper la monnaie d'argent et de billon. Pierre Mauclerc avait des ateliers non-seulement à Rennes, mais aussi à Nantes et à Guingamp. Arrêtons nous un moment à celui-ci. Nous avons vu que le comte Eudes, tige de la maison de Penthièvre, avait frappé monnaie à son nom. Ses descendants continuèrent cette fabrication, de même qu'ils persistèrent à se qualifier tous comtes des Bretons, comme leurs aînés à Rennes. Le comte Etienne forgea des pièces nombreuses à Guingamp, ville qui faisait partie de la dot de sa femme. Il y grava son nom et une tête barbare, qui dégénéra en un objet confus, par suite d'une fabrication séculaire et très active. La grande quantité des espèces guingampaises tient à ce que celles-ci furent émises non-seulement par les descendants directs de ce prince, mais aussi par les branches collatérales dont les chefs tranchaient également du souverain . Les pièces de Guingamp continuèrent à porter le nom d'Etienne jusqu'en 1205, époque à laquelle le comte Alain, ayant réuni dans sa main tous les domaines de sa famille, signa ses pièces. Pierre Mauclerc s'étant emparé, en 1223, de ce pays, l'atelier guingampais émit des deniers aux armes de Dreux. Bien que l'on connaisse des monnaies portant avec le nom de Guingamp ceux de Jean Ier, de Jean II, d'Arthur II et de Jean III, nous doutons que l'atelier de cette ville ait été maintenu dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Nous pensons qu'à Rennes on continua les espèces guingampaises, à cause de la popularité dont elles jouissaient, non-seulement en Bretagne, mais encore dans les provinces voisines. Les enquêtes faites en 1391 pour établir contre les gens du roi le droit de monnayage du duc de Bretagne, ne font aucune mention de l'atelier de Guingamp. Jean Ier se montra d'abord très-peu soucieux des droits de St-Melaine ; mais il les reconnut par un acte de 1249, et la part des moines fut affermée pour trois ans, moyennant 300 liv. La différence entre les actes de 1225 et de 1249 indique que la forge des monnaies de Bretagne avait pris un grand développement. En 1254, le duc rachetait définitivement le droit dont S-Melaine jouissait depuis un siècle et demi. Les ducs de Bretagne , en repoussant de leurs ateliers l'intervention monacale, étaient peut-être mus par le secret désir d'une fraude trop commune alors : tout contrôle étranger les gênait dans l'imitation et l'altération des monnaies. En 1274, le duc Jean 1er fut averti par le roi qu'il eût à cesser d'altérer son numéraire : c'était lui enlever le quart des bénéfices que le duc voulait réaliser. Sous Jean II, le roi de France intervint encore pour lui interdire la fabrication des doubles deniers commencée par son père

 

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