Ce 2 août 1944, on était en train de moissonner en ce village de Broons, quand tout à coup accompagné de deux soldats, un officier Allemand s'exprimant parfaitement en français frappa ce midi là à la porte de la maison, et poliment avisa la tablée de moissonneurs qu'il faudrait impérativement respecter le couvre-feu : un convoi allemand de retour du front de Normandie se retirerait à Lamballe, et les hommes de ce convoi étaient particulièrement énervés. La débâcle annoncée expliquant leur attitude. Ce jour là, une jeune fille prénommée Simone du village de Nivorée fêtait son vingtième anniversaire, et les jeunes gens des alentours entendaient bien, couvre-feu ou pas fêter l'évènement. Marcel Gesret jouait de l'accordéon, mais l'ambiance n'y était pas, beaucoup étaient absents de la soirée. Quelques uns vont cependant s'attarder, parmi eux Raymond Miriel, Eugène Frin et Eugène Chevalier... Quand enfin ils se décident à rentrer chez eux, ils vont tomber nez à nez avec la patrouille ennemie, et au lieu d'obtempérer aux injonctions, ils préfèreront s'enfuir après avoir traverser la route. Eugène Chevalier parviendra sans être inquiété, à se réfugier tout habillé dans son lit, en la proche ferme de Crinhouet. Les deux autres auront moins de chance : cachés dans la soue à cochons de Crinhouët, ils seront débusqués, et pris pour des terroristes abbatus froidement. Eugène Frin, âgé de 20 ans, fut tué aussitôt d'un coup de mitraillette, en revanche Raymond Miriel, 21 ans ne succomba qu'après voir été linché à coups de crosse, de bottes, de poing....Les témoins se souvenaient avec horreurs des cris qui avaient retentis cette nuit là ... Le lendemain dans la cour de la ferme, les deux corps défigurés furent découverts gisants jetés en croix, l'un sur l'autre. Dans la soue : trois cadavres de cochons. Même le cheval de la ferme avait reçu des balles.
Merci à Monsieur Jimmy Tual pour ses recherches qui ont permis que ce 3 août 2014, une stèle ait été érigée au village de Crinhouët afin de rappeler à tous ce moment douloureux, un parmi d'autres, hélas.... Article extrait de l'Herbomadaire d'Armor