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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 12:42
De 1839 à 1846, la fièvre typhoïde touche les localités de Guenroc, Saint-Hélen, Taden, Brusvily et Trébédan.

Saint-Hélen et Trébédan

 

Madame Forcoueffe, âgee de quarante ans, habitait au bourg de Guenroc une maison placée dans un lieu très élevé, petite, mais propre et bien aérée. Son mari est notaire, et cette famille avait plus que de l'aisance. Elle fut atteinte de la fièvre typhoïde en mai 1846, et ne tarda pas à présenter des symptômes graves, du délire, de la prostation, de la diarrhée, etc. Je la vis deux fois en consultation avec un médecin de la localité qui lui donna des soins actifs et éclairés. Elle succomba au bout de vingt et quelques jours. Elle couchait pendant sa maladie dans une chambre au premier étage. Une fille de ce bourg, Claire Leforestier, âgée de trente deux ans environ, resta presque constamment auprès d'elle, la veilla, la soigna; la pansa. Quelques jours après la mort de madame Forcoueffe, elle fut aussi prise de fièvre typhoïde, et guérit malgré la gravité de sa maladie. Ces deux personnes furent, à cette époque, les deux seules malades du bourg et de la commune de Guenroc. M. Forcoueffe, quatre enfants de trois à dix ans, avec domestique, entraient souvent dans la chambre de la malade, mais y séjournaient peu. Aucun d'eux ne fut atteint. Elle reçut de nombreuses visites et ne transmit à aucune des personnes qui la visitèrent. 

 

Dans les mois de novembre et décembre 1840, trois enfants Coudray, habitant le hameau des Vallées, commune de Saint-Helen, moururent de la fièvre typhoïde. Deux autres furent aussi atteints, mais guérirent. Une voisine de la famille Coudray fut seule atteinte de la maladie dans ce hameau assez populeux  cependant, mais dont les habitations sont éparses. La famille Davy, de la Tuollais, hameau de la même commune, distant es vallées de 1 kilomètre environ, et transporta même chez elle un des jeunes malades. En janvier 1841, une des filles Davy, âgée de trente-cinq ans, tomba malade. Quelques jours après son frère âgé de trente-quatre ans, fut atteint; leur maladie dura environ quatre semaines. Ces deux malades furent soignés par leur mère et une soeur aînée, qui furent préservées. Les habitants de ce hameau de la Tuollais et de la Menaudière qui ne fait qu'un avec lui, visitèrent souvent la famille Davy; la fièvre typhoïde ne se déclara pas entre les deux maisons contigië de celle de Davy. Il n'y a pas entre les deux portes 1 mètre de distance. Les Huet avaient non seulement visité souvent les malades, mais avaient passé auprès d'eux de longues soirées.

De 1839 à 1846, la fièvre typhoïde touche les localités de Guenroc, Saint-Hélen, Taden, Brusvily et Trébédan.

Taden et Brusvily

 

Le bourg de Taden avait eu beaucoup de malades atteints de fièvre typhoïde en 1839-1840. Le 11 janvier 1841, j'y visitai Robert, âgé de trente-un ans, déjà malade depuis une dizaine de jours. Il ne se plaignait que de faiblesse et de diarrhée; mais le météorisme du ventre, l'existence de taches rosées tenticulaires, etc., ne pouvaient laisser de doute sur l'existence d'une fièvre typhoïde. L'affaiblissement fut des progrès, la diarrhée augmenta, du délire survint : il mourut le 19. Sa femme âgée de vingt-huit ans, alitée presque en même temps que lui, et sans avoir, pas plus que lui, visité aucun malade (il n'y avait alors qu'à la ferme de la Mereille distante de 4 kilomètres environ) était attaquée moins gravement, mais n'était pas encore en convalescence quand son mari succomba. Elle fut transportée chez son père au hameau de la Janais où la fièvre avait régné l'année précédente. Une de ses soeurs, la femme Juhel, âgée de vingt-sept ans, et demeurant au hameau de Vildais, vint la soigner, et rentra chez elle dès que sa présence ne fut plus nécessaire. Elle fut prise de la fièvre typhoïde en février, fit une fausse couche et succomba. Ses deux filles, âgées, l'une de trois ans, l'autre de cinq, furent attaquées en mars et guérirent. Elles avaient couché dans la même pièce que leur mère. Dans ce même mois de mars, une voisine, la femme Miriel, âgée de trente-trois ans, qui avait visité et soigné la femme Juhel, fut aussi atteinte de la même maladie, et ne la communiqua ni à son mari, ni à ses enfants. Le hameau de Vildais n'avait eu qu'un malade dans l'hiver de 1839 à 1840, alors que tous les hameaux voisins en étaient remplis; ses habitants visitaient les malades, mais je n'ai pas appris qu'aucun fût allé les visiter.

 

En août 1846, le 19, je visitai Philippe Manivel, âgé de trente sept ans, atteint depuis  cinq à six jours de la fièvre typhoïde. Il habitait le hameau de la Perchais, commune de Brusvily. Un jeune homme, nommé Leroy, du même lieu, vint chez le malade me consulter, présentant les prodromes de la même maladie. Ils n'avaient visité de malade ni l'un ni l'autre. En septembre Marie Manivel, âgée de trente ans, qui avait soigné son frère, fut prise de la maladie; bientôt après, un autre frère, âgé de quarante deux ans, en fut atteint à son tour. Leur père et leur mère, plus que septuagénaires, furent préservés, ainsi qu'un frère, Julien, qui avait eu la fièvre en 1849, dans une commune où il était alors domestique. Dans une maison immédiatement contigüe à celle des Manivel, demeurait Severin Botuel, âgé de trente ans, et sa femme, âgée de quarante cinq ans. Celle ci fut atteinte vers le milieu de septembre et succomba dans les premiers jours d'octobre. Elle avait souvent visité ses voisins et avait passé plusieurs nuits auprès d'eux. Quelques jours après sa mort, son mari fut aussi pris de fièvre, et ne se rétablit qu'après avoir été longtemps malade. Une vieille dame les soigna tous les deux et ne ressentit aucun accident. Jeanne Jicquel, soeur de la femme Botuel, domestique dans la ferme de Boissou, à 7 ou 800 mètres de la Perchais, âgée de dix neuf ans, était allée souvent soigner et veiller sa soeur. Elle s'alita le 4 octobre et présenta tous les symptômes d'une fièvre typhoïde de gravité moyenne. Blanchard et sa femme cuchaient dans un lit clos, remplissant, avec celui de Jeanne Jicquel, un des côtés de l'appartement principal de la ferme. Une cloison mince, et ne s'élevant pas jusqu'au plancher, les sépare seulement. Le 18, Blanchard, âgé de trente cinq ans, fut attaqué par la maladie, et mourut le 2 novembre avec tous les syptômes d'une perforation intestinale. Sa femme continua à partager son lit pendant toute la durée de son affection; elle ne contracta pas la fièvre; mais elle l'avait eue en 1840. Ainsi la maison de Manivel, par transmission successives d'août à la fin d'octobre, attaqua six personnes. Revenons à Leroy. Il habitait avec sa mère une maison étroite, mal aérée, située à 100 mètres environ au nord-ouest de celle qu'occupent les Manivel. Il avait deux frères occupés le plus souvent à une aassez grande distance, mais revenant y coucher de temps en temps. Ils furent tous malades en septembre, ainsi que leur soeur, domestique dans une maison contiguë qu'habite la famille Halé. Elle avait secondé sa mère dans les soins à donner aux malades, et succomba ainsi qu'eux. Ils reçurent peu de secours. La veuve Leroy resta seule, après avoir vu en ces deux mois s'éteindre toute sa famille. La fille Leroy mourut chez les Halé. Cette famille se composait du père, de la mère, et de deux fils âgés l'un de dix ans, l'autre de douze. Ils eurent la fièvre typhoïde en octobre et guérirent. Halé et sa femme n'en furent pas atteints; ils ont eu dans leur vie plusieurs maladies graves dont ils ne peuvent indiquer la nature. Il n'y avait qu'une autre maison dans le hameau de la Perchais. Ses habitants visitèrent rarement les malades, ne les veillèrent point. Ils ne furent pas atteints.

De 1839 à 1846, la fièvre typhoïde touche les localités de Guenroc, Saint-Hélen, Taden, Brusvily et Trébédan.

Guenroc

 

Thomasse Prunier, âgée de soixante-dix ans, était allée soigner le jour et la nuit une famille du hameau de Bessi, tout entière attaquée de la fièvre typhoïde. Elle revint chez elle sentant déjà, les premiers symptômes de la maladie, et succomba en juin 1847. Je ne la vis point, mais, d'après les renseignements que m'a donné sa famille, je ne puis douter de la nature de son affection. Elle habitait avec sa fille, son gendre et ses petits-enfants une maison du hameau de Guerrande, situé dans la partie sud de la commune de Brusvily. Ce quartier n'avait eu de malades ni dans l'épidémie de 1839 à 1840, ni dans celle de 1845. Cinq à six jours après la mort de Thomasse Prunier, sa fille, femme Bardou, âgée de quarante-deux ans, vint me  consulter prise de fièvre typhoïde. C'était elle qui avait soigné sa mère. Elle mourut au bout de trois semaines environ. Alors quatre personnes étaient atteintes dans la maison et s'étaient alitées presque simultanément : c'étaient Jean Bardou son mari, âgé de quarante-huit ans; François Bardou son fils, âgé de seize ans, Julien, de dix; Angèle-Marie, de trois. Tous couchaient dans le même appartement. Jean Bardou, atteint depuis plusieurs années d'une carie des os du pied, était incapable de rendre aucun service à sa femme. Deux autres enfants, Jean-Louis, âgé de huit ans, et Jeanne, de quatorze, furent préservés, bien que se trouvant ans les mêmes circonstances extérieures que le reste de la famille. Jeanne montra beaucoup de zèle auprès des malades. Elle fut secondée  par des parents demeurant à 1 myriamètre environ de Guérande. Ils emportèrent chez eux Angèle-Marie sans qu'il en résultât aucun accident. Ils avaient eu la fièvre typhoïde en  1839. Les voisins de la famille Bardou ne la visitèrent qu'avec crainte. Il n'y eut aucun cas dans le voisinage. Les observations que je viens de rapporter dans ce paragraphe présentent réunis tous les genres de propagation que j'ai signalés précédemment. On peut y suivre la migration de la maladie de maison en maison, de hameau en hameau, de commune en commune, et la voir transportés en quelques sorte d'un lieu à un autre par les personnes qui ont soigné les malades. Ainsi concluait Joseph Piedvache

 

 

.M. de Lorgeril, âgé de trente et un ans, fut en décembre 1849, atteint d'une fièvre typhoïde grave avec complication d'épanchement pleurétique. Il habite le château de Challonge, commune de Trébédan. Pendant sa maladie, il coucha dans une chambre spacieuse, éclairée par trois fenêtres à l'est. Il y fut soigné et veillé par deux soeurs et par madame de Lorgeril, toutes les trois jeunes et n'ayant jamais eu la fièvre typhoïde. Aucun n'en fut atteinte. Des domestiques entrèrent souvent dans la chambre du malade, et restèrent bien portants. La fièvre typhoIde régnait dans les fermes et hameaux autour de Challonge, attaquant comme ailleurs presque tous les habitants des maisons où s'était déclaré un premier cas. M. de Lorgeril n'avait communiqué avec aucun malade.

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