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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 10:07
La forêt de la Hardouinais

Forteresse de la Hadouinays

 

La Hardouinais, anciennement la Hardouinaye tout comme les lieux désignés Ardennes puise son origine dans le culte de la divinité gauloise Arduina, Arduenna.  Dans son ouvrage consacré à la mythologie et les fables expliquées, l'Abbé Antoine Barier écrivait en 1738 au sujet de cette divinité qu'il associait à la déesse Diane, que son nom venait du terme Ar & de Duen, soulignant que cela signifiait : noir, sombre. Il ajoutait que le nom convenait en cela aux forêts. Il considérait que ce culte celte "dura dans les Ardennes & dans les pays voisins du Rhin jusques bien avant le Christianisme, où plusieurs Saints ou Evêques, ou Religieux, eurent toutes les peines du monde à l'abolir". Il est vrai qu'après la soumission totale de la Gaule vers l'an 52 avant l'ère chrétienne, Jules César mit tout en oeuvre pour éteindre le culte hérité des druides. On sait que précisément, les tribus celtes se fixèrent dans notre contrée au cours du second âge de fer, période qui émergea il y à environ 2.500 ans, ces peuplades travaillaient ledit minerai. Précisément, du minerai de fer y abondait en cette forêt. Longtemps ici on a relaté le fait que les  druides étaient en communication avec la divinité égyptienne Isis. Comme dans le Rennais, cette version est très commune dans le pays du Méné, et plusieurs contes de ce genre ont été débités sur la forêt de la Hardouinaye et sur celle de Paimpont. Manifestement, la survie du nom  Hardouinaie prouve que Jules César ne parvint pas à éteindre les cultes druidiques.

La forêt de la Hardouinais

Il est généralement admis qu'à l'origine une vaste forêt, l'antique Brocéliande recouvrait en partie le centre de la Bretagne. Les forêts de Paimpont, de la Hardouinaie, de Loudéac, de Lannouée, de Lorges et de Quénécan en seraient les vestiges. Elle aurait donné son nom à l'ancien Comté de Porhoët, par transplantation du vieux terme Poutrocoët alias Pagus trans sylvam, ou Pays au delà de la forêt. C'est à l'orée de cette forêt que se développa  à l'aube de l'époque féodale la paroisse dédicacée à Sanctus Leonocus ainsi qu'elle apparaît à travers le cartulaire de l'Abbaye de Redon. Rattachée à l'évêché de Dol et enclavée en l'évêché d'Aleth, cette paroisse est probablement le résultat du démantèlement de la paroisse primitive de Mérillac, elle est aujourd'hui devenue la localité de Saint Launeuc *. Un peu plus tard -probablement au cours du XIVe siècle,  fut aménagée cette forteresse de la Hardouinaie et dont l'histoire vous a été narrée sur ce même blog -chercher : (voir Le château de la Hardouinaye en Saint Launeuc)

Lieu à jamais hanté par le souvenir du prince Gilles de Bretagne qui y fut étranglé en 1450. Gisant ci dessous visible au Musée d'art et d'histoire de Saint Brieuc initialement il ornait la tombe visible dans le choeur de l'abbaye de Boquen  (voir Gilles de Bretagne, page n° 1 - Gilles de Bretagne, page n° 2)

 

La forêt de la Hardouinais

En 1485, Charles du Pé fut institué capitaine de la Hardouinaye 

 

 

* Saint Launeuc , Saint Lormel, Saint  Lenor autant de variantes deSaint Lunaire -Lunarius, ermite puis évangéliste Breton ayant vécu au IVe siècle

 

Le 3 mai 1490 : Un mandement de la Duchesse Anne pour les paroessiens de Bron, touchant les pilleries des gens de guerre de la Hardouinaye et d'ailleurs. Daté du tiers jour de may (signé) Salmon. Un autre mandement en date du 8 mai par lequel est prohibé et défendu aux gens d'armes de la Hardouinaye et autres tenans leur party, de non prendre nuls ne aucuns vivre, biens, ne autres choses, des paroessiens de Saint Etienne, Saint Mallou de Jugon et Mégrit Se devant le vice chancelier, le 8 mai 1490.

 

Lorsqu'il vint au château de la Hardouinaie en vue du rattachement de la Bretagne à la France, François Ier dicta les mandements qui suivent depuis cet endroit où il demeura cinq jours avant de rejoindre le château de la Hunaudaye en Plédéliac du 5 juillet 1532

Mandement au trésorier de l'épargne de rembourser à (Georges, cardinal d'Amboise), archevêque de Rouen;4.400 livres tournois qu'il avait prêté au Roi. La Hardouinaye, 9 juillet 1532


Mandement au trésorier de l'épargne de payer à François de François, natif de Lucques 400 livres tournois pour le récompenser d'avoir aidé le roi à faire faire à bon compte une tapisserie d'or et de soie où sera représenté l'histoire de Scipion l'Africain. La Hardouinaye, 9 juillet 1532


Mandement au trésorier de l'épargne de payer 217 livres 10 sous à Mathurin Laurenein, chevaucheur décurie, partant ce jour là pour aller en Angleterre porter des lettres à Gilles de La Pommeraye, ambassadeur du roi. La Hardouinaye, 9 juillet 1532


Mandement au trésorier de l'épargne de bailler à Bénigne Serre, receveur général des finances 716 livres 5 sous tournois pour le payement de plusieurs chevaucheurs de l'écurie du roi. La Hardouinaye, 10 juillet 1532.


Mandement à Guillaume Prudhomme, trésorier de l'épargne, l'inormant que le roi vient de faire marché avec Machio Baldi, facteur de messire Marc Coetif, demeurant à Bruxelles, pour 400 aunes (mesure de Paris) de tapisserie d'or et de soie représentant l'histoire de Scipion l'Africain, au prix de 50 écus d'or soleil l'aune. La livraison totale doit être achevée dans dix huit mois entre les mains de Nicolas de Neuville, chevalier, sr de Villeroy, et de Jean Grolier, trésorier de France. Lors de la livraison, sera payée la moitié de la somme à laquelle doit se monter toute la fourniture, et l'autre moitié six mois après. La Hardouinaye, 11 juillet 1532

 

Au début du XVIIe siècle,  ce domaine forestier dans notre contrée avait beaucoup diminué, en revanche, l'étendue des landes frappa longtemps le voyageur. On pense qu'elles résultaient de l'emplacement d'anciennes forêts disparues. C'est surtout à partir du XVIIe siècle que les défrichements furent entrepris.  Il est admis que les bois perdirent plus en qualité qu'en surface. (Marcel Gautier).

 

La forêt de la Hardouinais

La partie Est de la Forêt de la Hardouinaie telle qu'elle apparait sur la carte de Cassini au XVIIIe siècle,  endroit alors désigné forêt de Catelun     

 

La partie Est de cette forêt de la Hardouinaie située en Saint Vran était désignée Catelu ou Catelun.  La paroisse de Saint-Launeuc a longtemps payé sans difficulté son imposition, parce qu'elle comprenait deux forges, dont le maître payait 400 livres, sans compter la taxe de ses ouvriers, une verrerie dont le maître payait 30 livres. La première de ces forges apparut vers 1670 *, et fut créée par Jacques Doisseau, alors seigneur de Poulancre et possesseur de la seigneurie de la Hardouinaie. Les fourneaux du Vaublanc s'approvisionnaient dans les forêts de la Hardouinaieet de Boquen. Le domaine de la Hardouinaie devint propriété de la puissante famille de Saint Pern au cours du XVIIe siècle, c'est sous son égide que les forges se développèrent. Les hauts fourneaux culminaient à 7 mètres 50, et la fonte produite à la Hardouinaie servait à alimenter les affineries du Vaublanc. Toutefois, avant que le déclin de ces forges s'amorça, un moulin à tan fut mis en place vers 1850, mais moins d'un demi siècle plus tard, il fut fermé.

 

 * Selon d'autres sources, ces forges seraient apparues dès 1570

 

La forêt de la Hardouinais

Haut fourneau des forges  de la Hardouinaie (document patrimoine région Bretagne). Logement patronal des forges  de la Hardouinaie (document patrimoine région Bretagne)   

La forêt de la Hardouinais

Quand la Révolution survint, c'est le maire de Plémet, François Delaizire, par ailleurs administrateur du département des Côtes du Nord, et député à l'Assemblée Législative qui devint maître des forges de Vaublanc et de la Hardouinaie *, il mourut en 1796. Lors des guerres qui suivirent la destitution de la monarchie, la forêt de la Hardouinais se retrouva sous le contrôle du chef chouan Jean Marie Caro.  Cette forêt de la Hardouinaie était supposée embrasser une circonférence de quatre à cinq lieues alors qu'en 1460, celle de Loudéac atteignait plus de vingt mille hectares. En 1830, de cette forêt de Loudéac, il ne restait plus que 2573 hectares, alors que celle de la Hardouinaie atteignait encore 2500 hectares en 1810, sa superficie au début du XXe siècle était de 2032 hectares. Dans notre département il y a davantage de résineux que de feuillus, cependant la Hardouinaie est pour partie constituée de feuillus -chênes, érables, hêtres, merisiers, châtaigniers..., et de résineux -cyprès de Lawson, épicéas de Sitka, sapin de Nordmann.... En 1936, cette forêt de la Hardouinaie abritait encore une vingtaine de cerfs elaphe, en revanche les loups en avaient disparus suite aux battues menées au cours du XIXe siècle. Les pouillots siffleurs (ci dessous) fréquentent les cimes des arbres de la Hardouinais 

La forêt de la Hardouinais
La forêt de la Hardouinais

* On sait au moins à qui profita cette révolution

 

la forêt de la Hardouinais....la chapelle de la Bruyère ...un vieux calvaire ....le château de la Bruyère

La forêt de la Hardouinais
La forêt de la Hardouinais
La forêt de la Hardouinais
La forêt de la Hardouinais

....Ancien château de la Bruyère (ci dessus) 

La forêt de la Hardouinais

 ....le plan du lieu qu'occupait la forteresse de la Hardouinaye

La forêt de la Hardouinais

....la remise de la ferme du Vieux Château (ancienne métairie) etdes éléments  de la forteresse de la Hardouinaie en proviennent (ci dessous)


 


 

La forêt de la Hardouinais

 ....baie circulaire ornant jadis une chapelle (XIVe), reste de porte ancienne

La forêt de la Hardouinais

....autre dépendance à la ferme du Vieux Château (ancienne métairie)

La forêt de la Hardouinais
La forêt de la Hardouinais

....Le site  la forteresse disparue de la Hardouinaie ....rares restes de la forteresse de la Hardouinaie (document Le Flohic)...impressionnantes douves qui cernaient jadis la forteresse de la Hardouinaie  des sarcelles y patauge 

La forêt de la Hardouinais

 ... l'actuel château de la Hardouinaie ...l'étang  de la Hardouinaie

 

L'étang de la Hardouinaie aujourd'hui asséché *, avoisine une superficie de près de 50 hectares, il avait été aménagé afin de fournir  en eau l'étang proche du Meu. Ce deuxième étang permettait d'alimenter la force motrice nécessaire à actionner le soufflet du haut fourneau de la Hardouinais. En 1878, la chaussée de l'étang fut emportée suite à la rupture de la digue, le pont enjambant le Meu fut pareillement ravagé. L'année suivante, elle fut reconstruite en partie aux frais du propriétaire Monsieur le comte de Bastard. Le surplus de la dépense, incombant au département pour rétablissement de la chaussée. 

 

* L'étang aurait été asséché par le possesseur actuel du lieu, celui ci aurait émis le souhait d'un restaurant sur pilotis, projet rejeté, suivi d'un autre qui n'aurait pas davantage abouti. Dommage car le site y a perdu de sa beauté, de surccroit, les moules d'eau douce,  les anodontes vont disparaitre, en revanche les restes de charbon de bois y sont visibles.

 

15 juillet 2013 : aux dernières nouvelles, cet étang devrait être remis en eau courant 2014. Chose faite en 2015 

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commentaires

M
Bonjour,<br /> Je découvre votre blog et j'apprécie d'y trouver des informatiions que je ne connaissais pas sur l'histoire de ma commune natale. Avez-vous d'autres documentation sur l'activité métallurgique des forges de la Hardouinais et sur la marquise de Crusol qui a possédé cette propriété jusque dans les années 60 ?<br /> Bravo pour vos recherches.<br /> Cordialement.<br /> Joyeux Noël.
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P
<br /> <br /> Bonsoir, ravi que vous ayez découvert des renseignements dont vous n'aviez pas connaissance. S'agissant de l'activité métallurgique de la Hardouinais, qui sait un jour si je découvres quelques renseignements sur les forges du lieu, alors publications il y aura. Joyeux Noêl et bonnes fêtes de fin d'année. Cordialement. Michel
L
à ce jour, l' étang de la hardouinais est toujours vide!!! oh !!grand malheur !! un permis a été autorisé par le maire pour l' exploitation d' un élevage de 180 chiens courant!!! un gâchis pour<br /> notre environnement , des nuisances de tout types: olfactives sonores ...une association a été crée pour contre ce projet!! merci monsieur René Ruello !!le temps de Seigneur est arrivé sur saint<br /> launeuc !!!!
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