8 novembre 2014
6
08
/11
/novembre
/2014
19:12
- Sur les dunes, parmi des tentes innombrables,
- Autour d'une chapelle, au brûlant soleil d'août,
- Tout un peuple qui prie en silence est debout ;
- On n'entend que la mer se brisant sur les sables.
- Douze tambours soudain battent un roulement ;
- Du clocher de granit s'élasce une volée ;
- Et voilà qu'à travers la foule amoncelée
- Des bannières, des croix, s'avancent lentement.
- Salut, vieux étendards ! Salut, dômes gothiques !
- Saints bretons, bénissez votre peuple à genoux !
- Avec ses longs cheveux et ses habits antiques,
- Si riches au soleil, le reconnaissez-vous ?
- C'est lui, toujours fidèle à sa vieille croyance,
- Et dans ses maux tournant son regard vers les cieux
- C'est lui, toujours fidèle à la voix des aïeux,
- Et fermant son oreille aux bruits venus de France.
- Oui ne vous admirait, vierges au doux maintien,
- filles de Plonevez, dans vos robes dorées,
- Portant votre Patronne avec un air chrétien,
- Graves comme sainte Anne, et comme elle parées?
- Quand parmi le clergé brilla la châsse d'or,
- Les aveugles tendaient leurs mains vers les reliques ;
- Ils poussaient des sanglots, et les paralytiques,
- Prosternés, imploraient le merveilleux trésor.
- Douze vieux paysans, jadis soldats de France,
- Ebranlaient la vallée aux éclats des tambours.
- Les pèlerins suivaient, en multitude immense,
- Fît ce jour-là je vis la foi des anciens jours.
- A l'ombre des ormeaux, auprès de la chapelle,
- Quelques hommes venus de lointaines cités,
- Des Français, avec soin du soleil abrité,
- Regardaient en riant cette fête si belle.
- Ils repoussaient du pied, tout remplis de dégoûts,
- Les infirmes traînant devant eux leurs ulcères ;
- Ils juraient pour répondre au langage si doux
- Des enfants demi-nus quêtant avec leurs mères.
- Sceptiques au cœur froid, ce peuple vous connaît !
- Raillez sa foi sublime, il vous laissera dire ;
- A ses Pardons longtemps vos enfants pourront rire ;
- Si vous riez toujours, sa foi toujours renaît.
- Joseph Rousse