Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 12:05

« Amateur Jerome Sylvertre Le Bras de Forges, fils de Messire Jérôme Sylvestre Le Bras des Forges et dame Marie Anne du Bosc son épouse, seigneur et dame de Boishardi, né le treize octobre mil sept cent soixante deux, a été baptisé le mesme jour dans l'église paroissiale de Brehand moncontour, par moy Recteur soussignant; ont été parrain Messire Sylvestre François Le Mintier, cheval(l)ier, seigneur des Touches, cheval(l)ier de l'ordre militaire de Saint Louis et maraine dame Marthe du Bosc, dame de Louvimes : present le dit seigneur du Boishardi »

un chef chouan nommé Boishardy

C'est Missire Jean Jacques Quintin, recteur de la ditte paroisse qui baptisa l'enfant. Il était issu d'une famille bourgeoise originaire de la paroisse de St Thuriaff de Quintin, qui s'était  enrichie dans le commerce des toiles et avait été anoblie dans la seconde moitié du XVème siècle. Son père propriétaire de Boishardy était lui même Officier des Mousquetaires du Roi, il s'était illustré en 1758 au sein des mousquetaires noirs lors de la bataille de Saint Cast menée en 1758 contre les Anglais. Le père du chef royaliste s'appelait  Messire Jérôme Silvestre Le Bras des Forges, il était lui même fils de Messire Jérôme Sylvestre Le Bras des Forges, seigneur du Cartier, de Boishardy, de la Ville Chapron et autres lieux, et de dame Louise Françoise Le Mintier, dame des Granges. C'est en l'église paroissiale de Langast que Messire Jérome contracta une première alliance ce 25 février 1743 avec dame Sylvie Louise Françoise Coupé, dame des Essarts, fille de Messire  Jean Baptiste Coupé, Chevalier, Sieur de Carmené, Chevalier de l'Ordre royale et militaire de Saint Louis, capitaine des dragons au régiments de la Reine, et gouverneur du château de Moncontour. De cette première union naquirent deux filles : Jeanne Scolatique  & Emilie. Devenu veuf, le sire de Boishardy contracta une seconde alliance en l'église de Bréhant Moncontour le 16 février 1757 avec dame Anne du Bosc, fille de Messire François René  du Bosc, seigneur de Quembit, et de feue dame Marie Françoise André, également originaires de la paroisse de Bréhand Moncontour.  

un chef chouan nommé Boishardy

L'enfance de Boishardy se déroula entre le manoir familial et la ville de Lamballe où la famille disposait d'une résidence d'hiver. En réalité, Amateur devint orphelin de son père à l'âge de quatre ans, et avec ses deux soeurs, il fut entouré par  sa mère et sa demie soeur Jeanne Scolatique. A l'âge de 14 ans il fut admis à l'école royale militaire de Pontlevoy près de Blois où il resta deux ans (ci dessous). Selon la légende, Boishardy était alors réputé  pour ses aventures amoureuses à travers nombre de paroisses, tantôt lors de pardons, ou bien auprès d'un moulin, d'un four ou d'une fontaine. Il lui faudra cependant attendre deux ans avant d'intégrer une place de cadet gentilhomme  car victime d'un accident de chasse en janvier 1779, et blessé d'une balle à la jambe, il fut soigné par le chirurgien Le Blanc de Lamballe mais resta immobilisé neuf mois. Finalement, le 1er juillet 1780, il intègra à Ajaccio le régiment du Royal la Marine. Durant douze ans il mènera  une vie de garnison, d'abord en Corse, à Grenoble, puis à Vienne où il sera affecté. Promu sous lieutenant en 1783, il devra attendre 1791 pour être nommé lieutenant, son régiment ne s'étant pas distingué. Mais c'est à Marseille qu'il se trouvait quand la Révolution éclata. Avec sa soeur Emilie, il entretenait alors une correspondance qui laisse entrevoir un jeune homme peu préoccupé de politique et satisfait de son sort. Il sera amené à la tête de ses troupes à réprimer les paysans qui brûlaient les châteaux en Provence. Puis en juillet 1791 alors qu'à la Rochelle, le 60e Régiment d'Infanterie auquel il appartenait s'apprêtait à se rendre à St Domingue, sans mot dire, il démissionna après avoir désigné sa soeur Emilie procuratrice. De retour au pays, il deviendra l'un des opposants au District de Lamballe, d'autant que sa soeur Emilie l'avisa au cours de cette période que leur domaine dont elle s'occupait depuis la mort de leur mère survenue en 1789 avait été mis sous séquestre par le Directoire. Le séquestre sera bientôt levé, mais Amateur et sa soeur figureront néanmoins jusqu'en 1793 sur la liste des émigrés. Ainsi le frère et la soeur pourront se retrouver au domaine de Boishardy, mais le jeune artistocrate gardera une grande rancoeur vis à vis des patriotes de Lamballe, d'autant que si les réformes furent appréciées  dans la campagne, le devenir de l'Eglise fut en revanche une grosse déception.... Boishardy dès lors rentra en opposition avec le nouveau régime. On le voit, tantôt à Pommeret, tantôt à Meslin, tantôt à Jugon,  bien décidé à faire sa propagande. A la tête de ses partisans, Boishardy interceptera la voiture de la poste, à son arrivée à Coëtmieux,  et vola son contenu, les gardes nationaux intervinrent mais rebroussèrent chemin devant le nombre important de "chouans".  Vêtu en paysan et armé de deux pistolets et d'un fusil, Boishardy se joindra aux opposants rassemblés à Saint Brieuc, puis quelques jours plus tard, grimpé sur le mur du cimetière de Bréhand, Boishardy incita une centaine de jeunes hommes à déchirer leur convocation, leur ordonnant de ne pas se joindre à la garde nationale, menaçant d'une balle tous les lâches. Le 30 mars 1793, il fut condamné à mort par contumace, et ses biens furent sequestrés puis vendus comme bien national. Aucun habitant de Bréhand ne se porta acquéreur  du domaine de Boishardy ni ducheptel, sauf un...à la solde de son maître. Un maître décidément introuvable, vivement chichement, travaillant tantôt comme tonnelier, tantôt déguisé en femme. En octobre 1793, le Conseil Général des Côtes du Nord apprenant l'arrivée de l'armée de Vendée, et craignant que Boishardy ne reprenne les armes, le commissaire du département : Charles Hello fut choisi afin de prendre la tête de quatre cents hommes, avec pour mission arrêter Boishardy.

un chef chouan nommé Boishardy

Une affiche est bientôt apposée par les républicains :

 

Signalement d'un chef des révoltés, ayant des allumettes soufrées pour mettre le feu & incendier dans les villes & le campagnes-Amateur Jérome Silvetsre Bras de Forges, du Bois Hardi, paroisse de Bréhan-Moncontour, âgé de vingt huit ans, taille de cinq pieds, trois pouces, cheveux châtains de la longueur de cinq à six pouces, les faces coupées, les sourcils clairs, le front élevé, les yeux grands & bleus, nez grand & aquilin, la bouche petite et pincée, le menton rond, la figure ovale, ayant les oreilles percées & portant des cercles en or, le corps bien fait et un peu gros, la taille bien élevée, les jambes  fortes et bien faites, ayant un habit blanc, un gillet semblable, des guêtres, et un chapeau rond à haute cuve. Ce particulier est l'un des chefs des révoltés du département des Côtes du Nord, et on le dénonce à tout citoyen pour le faire arrêter et conduire, sous bonne et sûre garde, dans la maison de justice à Saint-Brieuc: on le dénonce au zèle de la gendarmerie nationale; et l'on récompensera le citoyen qui aura le courage d'arrêter ce forcéné, traître, ennemi de la patrie, traître, ennemi de la patrie; Le samedi 25 octobre, Hello et ses hommes encerclèrent Bréhand, soupçonnant  le clandestin de s'y cacher. A chaque issues de villages, des gardes furent postés : les maisons fouillées avec soin, les arbres inspectés, les bosquets battus. La nuit tombante, le comissaire convoqua le maire de Bréhand afin de connaître les liens qui  l'unissait au jeune chef, lui reprochant sa complicité avec ce dernier, et soudain des coups de feu retentirent . Le poste situé du côté de la grand route venait d'être forcé par quatre hommes armés de fusils qui désarmèrent les gardes et gagnèrent le large emmenant un otage avec eux. Après la mort de la Rouerie, Boishardy s'imposa naturellement comme le chef del'armée royaliste. En mars 1795, une trêve fut signée avec Lazare Hoche, pourtant très vite Boishardy reprit l'offencive. Le 12 juin 1795, il échappa de justesse à un piège mortel alors qu'il rendait visite à sa fiancée à la Ville Louet, mais trois jours plus tard, ce  15 juin 1795 la mort fut au rendez vous. Le clandestin se trouvait au château de Villehemet en compagnie de celle qu'il devait épouser le lendemain :  Joséphine de Kercadio. Des traîtres l'avaient dénoncé, et quand il voulu fuir, les grenadiers le poursuivirent à coups de fusil,  il fut atteint et achevé à coups de sabre par deux soldats sur la route de Bréhand à Moncontour, la tête sanglante et séparée de son corps fut promenée dans les rues de Lamballe et de Moncontour puis jetée dans l'étang de Launay. 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

H
Bonjour, il y a des années que je connais cette histoire si intéressante sur Boishardy... Et si on cherchait sa tête dans l'étang de Launay ?
Répondre
I
<br /> <br /> bonsoir, le temps de la chouannerie, une des grandes figures de ka résistance royalistes....possible qu'on retrouverait un crâne ayant perdu sa dimention initiale<br /> <br /> <br /> <br />