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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 17:48
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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 14:07

Cette abbaye fut fondée dans le diocèse de Saint Malo, et bâtie par Saint Judicaël, à huit lieues environ de Rennes, sur le couchant. Apellée d'abord Saint Jean de Gaël, & depuis Saint Meen du nom du saint qui y avoit bâti au VIIe siècle un ermitage & formé une communauté dont il avoit été abbéVoici ce qu'écrivait en 1768 Adrien Baillet : Les vies des Saints -Assurément Saint Samson fut l'un des cadres qui évangélisèrent l'Armorique, il avait été lui même formé au au monastère de Llanilltud Fawr dans le Glamorgan au Pays de Galles. Saint Meen son neveu fréquenta probablement ce monastère.

Saint Meen  alias Mewen   naquit Outre Manche en Cambrie dans le Comté de Gwent vers l'an 540, neveu de Saint Samson et de Saint Magloire, il accompagna en Armorique ses oncles dans leur mission évangéliste, et  fut formé par ce même Saint Samson qui devint le premier évêque de Dol. Lui même devint à son tour évangéliste, il renversa les autels païens que les autochtones armoricains vénéraient encore, et établit sa résidence à Cancaven. Selon la tradition alors qu'il traversait le Poutrocoët -pays au delà de la forêt «de Paimpont», il reçut l'hospitalité d'un riche seigneur nommé Caduon. De retour d'une mission dans le Bro-Waroch le pays Vannetais, il retrouva Caduon qui lui fit don des terres dont il disposait et qui étaient en bordure du Meu. L'ensemble émanait de la seigneurie désignée Tre Foss. C'est dans la contrée du Poutrocoët, à proximité de l'antique forêt de Brocéliande  que l'ermite se réfugia vers l'an 565, un monastère y fut construit: le monastère Saint Jean Baptiste de Gaël. Le Roi Hoël aurait accordé son assentiment en l'an 600. Saint Meen, fut le premier abbé du lieu dans lequel arrivèrent bientôt des religieux de l'Ordre de Saint Benoît,  après s'être rendu à Rome, Saint Meen revint en son monastère de Saint Jean de Gaël où il serait mort le 21 juin 617, après avoir prédit à un saint moine nommé Austole qui le suivait dans sept jours. Saint Enogat à l'origine de l'évangélisation de la paroisse voisine de Plumaugat succéda à Saint Meen comme abbé du monastère de Saint Jean de Gaël, Devenu évêque d'Aleth, il mourut l'an 631. Ci dessous la tombe de Saint Meen.  

histoire de l'abbaye de Saint Meen

Dès lors l'abbaye Saint Jean de Gaël devint lieu de pèlerinage, les malades atteints de peste. Gaël abritait à cette période le campement des souverains de Domnonée. Précisément, Judicaël, l'un d'entre eux, fut le contemporain de Dagobert qu"il rencontra en son Palais de Clichy l'an 632 afin de mettre fin aux exactions entre Bretons & Francs, mais ayant été détrôné par l'un de ses frères, Judicaël se retira en cette abbaye et y mourut en 659 après avoir fait de généreuses donations  et agrandit ce monastère. Les intrusions bretonnes en Pays Franc continuèrent, au point que Charlemagne à la tête de ses troupes, vint  en guise de représailles l'an 799  incendier le monastère et les bourgs voisins. Le monastère fut cependant rebâtit, Charlemagne, puis son fils Louis le débonnaire confirmèrent au monastère tous les biens qui en dépendaient. Hélas à la fin du  IXe siècle, la menace Scandinave se profilait  à l'horizon, le monastère primitif de Saint Meen ne fut bientôt  plus qu'un hamas de ruines.... 

L'an 1000, Alain III, fils du Duc Geoffroi Ier, donna à Huguenon, Abbé de Saint Méen, les Terres & Seigneuries  de Gaël, de Trémorel, & de Quédillac, avec les forêts de Saint Méen, de Récan, de Hare, & de Treucar, situées dans le voisinage de son Abbaye. De ces quatres forêts, nous ne connaissons plus que celle de Saint Méen

histoire de l'abbaye de Saint Meen

Fresque XIVe (Wikipedia)

 

Quand Alain III fut sur le Trône, il établit à Saint Méen un change d'or et d'argent, avec permission à l'Abbé & aux Moines d'en hausser ou bailler le prix. Comme ce monastère avait été ruiné par les Normands, le Duc & la Duchesse Havoise sa mère, chargèrent l'Abbé de Saint Jacut de le rétablir. Selon le Chronicon Britannicum l'abbaye de saint Méen aurait été restaurée vers l'an 1024. L'Abbé Hinguethen exécuta ces ordres d'autant plus facilement qu"on lui fournit tout l'argent dont il avait besoin. En 1150, les Religieux de Saint-Méen, voyant le désordre qui régnait dans leur maison, tant par la négligence de leur Abbé qu par leur propre inexactitude, résolurent de le déposer & d'en élire un autre plus digne d'occuper cette place. Ils firent part de leur dessein à l'Archevêque de Tours, qui les approuva, & qui confirma même l'élection qu"ils en avaient faite; mais dans sa fuite il changea de sentiment. Le nouvel Abbé fut persécuté par ses Ordres, & même traité indignement. Les Moines de Saint Méen, voulant mettre fin à tant de scandales, écrivirent au Pape Eugène III.  L'an 1182, Raoul, Evêque d'Angers; Herbert, Archidiacre de la même ville; & Simon, Abbé de Savigni, rendirent un Jugement qui porte que les Moines de Paimpont doivent reconnaitre & honorer, comme leur légitime Abbé, celui de cette Abbaye.

 

 

Notice du rétablissement de l'abbaye de Saint Meen par Alain III duc de Bretagne, et Eudon son frère -Acte de 1003  

 

Anno ab Incarnatione Domini M VIII, Robertis regis Francorum XII, excedente Gaufrido comite Britanniae a saeculo, filii ejus Alanus et Eudo cum matre eorum Hadeguisia, quorumdam perfidia, multa perpessi sunt incommoda...At vero, cum jam dicti frates cum suis militibus essent ante (quoddam) castrum seque ad bellum praepararent, consilio matris suae Hardeguisiae et boni magistri sui Aymonis, pro anima Gaufridi comitis eorum patris ac ejusdem Hadeguisiae et suarum animarum saluté, ac etiam pro imminentis belli victoria et pro totius Brittaniae incolumitate, per manum sancti abbatis Hinguetheni qui illic aderat praesens, ecclesias Sanctae Mariae et sanctorum Meuenni et Judicaelis de Guadel cum (tota) terra et foresta quae in circuitu ipsius eccelsiae erat (Deo et praelibatis sanctis in perpetuum dederunt, et) reddiderunt (Hinguetheno abbati in abbatia sempiterna, sub) tali conditione, quod ipse ecclesiam mendaret et monachos qui ibi Deum servirent congregaret, et ipsis tamdiu praesset usquedum illi aliquem utilem monachum reperirent qui ibi crearetur : nam ipse Hinguethenus abbas erat de monasterio S. Jacobi, de tentione arhipiscopi Dolensis (Volebant enim ut suo monasterio suisque monachis praesset abbas, quia Alanus comes, Eudo frater ejus et Hadeguisia mater ipsorum Hinguethenum, propter probitatem et suppercientiam, multum diligebant). Concessorunt etiam in villa monasterii fieri burgum, forum, mercatum : (quod factum est regnate Eudone, post mortem Alani fratis sui. Antea enim nullum forum neque mercatum in ea villa de Guadel fuerat. Teloneum tamen et passagium recerunt monachi post donationem Alanis comitis, de ipsius jussu seu mandato). (Post autem aliquot dies ambo fratres et mater eorum per se, quantum in restituendo sanctum locum profecerant scire voluerunt, et ob hoc illuc cum suo magistro Aymone accesserunt. Quibus cum ordinatio novi loci placeret, (eodem tenore et conditione quibus dederant supradicta, secunda vice Deo et sanctis prenominatis) dederunt (et concesserunt) totam Capellam cum tota Tremorai, et totum Minichi de Kidillac, cum tota terra quae Li Fou vocatur, et terram quae Croes nominatur (totam, sicut ipsi eas tenebant, sine renda seucensu vel aliqua querela, ita ut cultores earum nulli homini, nulli terrenae potestati, nisi abbati et monachis qui in praefato monasterio die noctuque Deo deservirent, servitii quidquam impenderent). Similiter etiam dederunt totam ecclesiam de Guadel cum toto cimiterio (censumque ipsius Guadel. Ipsa enim dic, forestas terras, quas Alanus comes in plebe Guadel babebat, sancto Meuenno et dicto abbati donavit, Cheruueth, forestam Recam, forestam Ilate, forestam quamdam cimiterio proximam, forestam de Teuencarath,) et quinque solidos census de terra Rodaldi vicarii. (Ilarum donationum) testes (sunt ipsi comites et Hadeguisia eorum mater et magister eorum Aymo). Junkeneus, archiepiscopus Dolensis, Garinus, episcopus Redonensis, Radulphus, episcopus Aletensis, Gautericus, episcopus Nannetensis, Herveus Crassa Vacca, Congar, filius Urfier, Aldegan, capellanus, Menfenit, Rigaldus Butilier

 

Entre la première donation faite à Illinguethen de l'ancien monastère de Gaël et la seconde donation cic relatée, qui eut lieu post alliquos dies quand les princes se rendirent sur les lieux pour se rendre compte des travaux de restaurations déjà accomplis par Hinguethen, lesquels leurs plurent fort (cùm ordinatio novi loci placeret), entre ces deux donations il est clair qu'il s'écoula un temps assez long, très probablement plusieurs années, car cette restauration de l'abbaye n'était  pas à l'oeuvre du jour. On a donc tort d'affirmer, comme on l'a fait parfois, que les évêques témoins de cette seconde donation étaient évêques en 1008 : leur présence à cet acte ne prouve nullement que leur épiscopat remonte à cette date. 

histoire de l'abbaye de Saint Meen

Havoise de Normandie et ses deux fils : Alain III & Eudon de Penthièvre (Wikipedia)

 

histoire de l'abbaye de Saint Meen

Fresque XIVe visible en l'église abbatiale de St Méen

(Wikipedia)  

 

Voici le catalogue des Abbés de Saint Méen fournit par dom Hyacinthe Morice.

 

-Robert, deuxième abbé de Saint-Méen, meurt au mois de janvier, selon l'obituaire de cette maison.

 

-Eudon meurt au mois de septembre, suivant le même obituaire.

 

-Judicaël est contemporain d'Airard, évêque de Nantes et de Perennès, abbé de Redon.

 

-Belbaud meurt au mois de décembre, selon l'obituaire de son abbaye.

 

-Brient assiste aux obsèques d'Emme, vicomtesse de Porhoët, faites dans l'église de Sainte-Croix de Josselin, par Morvan, évêque de Vannes en 1092. Sa mort est marquée au 9 décembre dans le nécrologe de son abbaye.

 

-Guillaume souscrit à la fondation du prieuré de Lohéac en 1101, et contribue à la réconciliation des vicomtes de Porhoët avec les religieux de Marmoutier en 1116.

 

-Joston est témoin de la donation des dîmes de Guer, faite par Donoald, évêque d'Aleth, à Garnier, abbé de Marmoutier. Le P. Le Large croit que ce Joston est le même que Judicaël de Trémorel, dont il est parlé dans l'obituaire, et qui meurt le 3 septembre.

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-Henry (Petrus Cellensis, lib. 1, epist. 6) est déposé par ses religieux, soutenus de l'autorité de saint Jean de La Grille, leur évêque. Ils lui donnent pour successeur

 

-Robert, dont nous parlerons par la suite. L'archevêque de Tours approuve d'abord ce changement, mais il le blâme dans la suite, et n'ayant pu engager Robert à se démettre, il se déclare contre lui. L'affaire est portée à Rome, comme on l'apprend d'une lettre de Pierre de Celles au Pape Eugène III, mais on ne connaît pas le jugement que prononce le Pape sur ce sujet. Ce qui nous paraît certain, c'est que Robert continue ses fonctions d'abbé, et qu'on donne à Henry la qualité d'abbé de Saint-Judicaël. Une charte de l'abbaye de Saint-Melaine, datée de 1163, prouve ces deux titres.

 

-Robert II souscrit en 1163 l'accord fait par Josse, archevêque de Tours, entre les religieux de Saint-Melaine et les chevaliers du Temple pour le four de Montfort. Il fait confirmer, en 1184, les privilèges de son monastère par le Pape Luce III. Pierre Le Baud le met au nombre des commissaires établis par le Pape Clément III pour juger de la validité du mariage d'André de Vitré avec Mathilde de Mayenne.

 

-Rolland obtient en 1192 une bulle du Pape Célestin III qui confirme tous les privilèges et biens de son abbaye. Le même Pape ratifie la sentence rendue par Raoul, évêque d'Angers, Simon, abbé de Savigny (ou Savigni), et Herbert, archidiacre, qui déclarent le prieur de Paimpont, soumis à l'abbé de Saint-Méen.

 

-Pierre souscrit l'acte de fondation de la Collégiale de La Guerche faite en 1206 par Guillaume, seigneur de La Guerche, fils de Geoffroy de Pouencé.

 

-Robert contribue, en 1220, à un accommodement entre Payen de Malestroit et les religieux de Marmoutier.  

 

-Barthélemy, abbé de Saint-Méen, meurt le 27 juillet, selon le nécrologe de Landévennec.

 

 -Raoul Laese meurt au mois de décembre, selon l'obituaire de sa maison.

 

-Judicaël, natif de Trémorel, près Saint-Méen, fait une association avec les religieux du Mont-Saint-Michel en 1296, et meurt le 16 août 1297, selon le nécrologe de Landévennec

 

-Olivier de Saint-Malon traite, en 1312, avec Olivier, seigneur de Montauban. Il est un des exécuteurs testamentaires de Raoul, sire de Montfort, en 1314. Il transige en 1319 avec Geoffroy, seigneur de Montfort, pour quelques fiefs situés dans la paroisse de Saint-Lirg, et meurt le 10 juin 1380.

 

-Jacques Payen succède à l'abbé de Saint-Malon, et meurt au mois de décembre 1343.

 

-Guillaume, prieur de Vitré, est recommandé à l'évêque de Saint-Malo par le pape Clément VI, le 29 janvier 1344. On ne voit pas la raison de cette nomination du pape à l'abbaye de Saint-Méen.

 

-Alain Le Roux accepte en 1369 une fondation faite dans son église par Guillaume Lévêque, seigneur de Molant, et Jeanne de Montfort, sa femme. Il meurt le 29 août 1374, selon le nécrologe de Montfort.

 

-Guillaume Le Roux, abbé de Saint-Méen, et du Tronchet, traite en 1385 avec le sire de Montfort pour les dégâts que ce seigneur avait faits sur un moulin de son abbaye. Il meurt le 7 mars 1400, selon le nécrologe de la maison.

 

-Guillaume Servot meurt le 18 mars 1431, selon le nécrologe de son abbaye. Olivier Servot, neveu ou parent de Guillaume, meurt le 7 mars 1441, selon le même nécrologe

 

-Robert de Coëtlogon, fils d'Olivier, seigneur de La Gaudinaie (ou Gaudinaye), est élu en 1443 et gouverne l'abbaye pendant cinquante ans. Jean l'Espervier, évêque de Saint-Malo, l'accuse en 1485 auprès du duc de plusieurs crimes dignes de punition.  Le duc donne commission à Guillaume Loaisel, seigneur de Brie, d'arrêter frère Robert de Coëtlogon. Il n'est point fait mention dans cette commission des crimes de l'accusé, mais il semble que son plus grand crime est d'avoir amassé vingt mille écus, dont le trésorier Landais voulait s'emparer, et dont il s'empara réellement. Ce dernier avoue le vol devant ses juges, et déclare qu'il ne l'a fait que pour empêcher Robert de Coëtlogon de sortir de Bretagne, et pour conserver une somme considérable à la province. A la mort du trésorier, l'abbé continue à gouverner sa maison comme il l'a fait avant l'accusation intentée contre lui. Il meurt le 30 avril 1492, après avoir enrichi d'ornements son église.

 

-Pierre de Laval, archevêque de Reims, évêque de Saint-Malo, abbé de Saint-Aubin et de Saint-Nicolas d'Angers, obtient encore l'abbaye de Saint-Méen en 1492, mais il la possède peu de mois, étant mort le 14 août 1493.

 

-Robert Guibé, évêque de Nantes et cardinal du titre de Saint-Anastase, obtient l'abbaye en 1493, et la possède jusqu'à sa mort arrivée en 1513 à Rome, où il est inhumé dans l'église de Saint-Yves des Bretons.

 

-François Hamon, neveu du cardinal Guibé, lui succède dans l'évêché de Nantes et dans l'abbaye de Saint-Méen. Il nomme pour vicaire général André Hamon, son frère, et meurt le 7 janvier 1532.

-René du Bellay est nommé à l'abbaye de Saint-Méen en 1532, et à l'évêché du Mans en 1536. Il meurt à Paris en 1546, et il est inhumé dans l'église cathédrale de Notre-Dame, dont le cardinal Du Bellay, son frère, était évêque. Jean Juvénal des Ursins est, en 1539, pourvu de cette abbaye sur la démission de l'évêque du Mans, et obtient mainlevée du temporel le 6 novembre 1540.

 

-Ponthus de Brie obtient l'abbaye en 1543 sur la démission du précédent, et la possède jusqu'en 1557.

 

-Jacques Heluis, dit de La Roche-sur-Yon, est le fils d'un laboureur du diocèse de Beauvais. Le cardinal de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon, le prend en affection, et l'élève aux premières dignités de l'Eglise en le faisant, non seulement abbé de Saint-Méen, mais encore évêque de Langres, duc et pair de France. Il meurt le 26 mars 1565.

 

-Charles de Bourbon, archevêque de Rouen et cardinal de la sainte Eglise romaine, fait serment de fidélité au roi en 1574 pour l'abbaye de Saint-Méen, dont il est pourvu après la mort de son élève.

 

-Pierre de Ragan ou Ragean rend foi et hommage au roi en 1579 pour l'abbaye de Saint-Méen. Il est indiqué dans cet acte comme évêque de Rouanne.

 

-Jean Heluis, neveu ou parent de Jacques dont on vient de parler, succède à l'évêque de Rouanne en 1585 et il semble que les princes de La Roche-sur-Yon lui procurent cette dignité. Jean Picaut soutient les droits utiles et honorifiques de son abbaye avec beaucoup de fermeté, et meurt en 1592 selon les Mémoires du P. Le Large, qui nous fournit ces trois abbés.

 

-Jean d'Espinay (ou Espinai), frère de Charles, évêque de Dol, succède au précédent, et meurt vers l'an 1604. Pierre Cornulier assiste aux Etats tenus à Rennes en 1604 en qualité d'abbé de Saint-Méen. Il y assiste par la suite comme évêque de Tréguier et de Rennes. C'est à ce prélat qu'on est redevable du bel hôpital qui sert à loger à cette époque les pauvres et les pèlerins qui ont recours à l'intercession de Saint-Méen dans plusieurs maladies. Il meurt le 22 juillet 1639 et il est inhumé dans son église de Saint-Pierre de Rennes.

 

-Achille de Harlay-Sanci (ou Hallay-Sancy ou Harlay-Sancy ), évêque de Saint-Malo, est nommé au mois d'août 1639, et obtient, le 20 octobre 1643, la permission d'ériger un séminaire ecclésiastique dans son abbaye. Cette permission est confirmée par lettres patentes du mois de mars 1646, portant union de la mense conventuelle, des offices claustraux et des bâtiments de l'abbaye au séminaire qui avait été donné à la congrégation de la mission dite de Saint-Lazare. M. de Harlay meurt le 20 novembre 1646.

 

-Ferdinand de Neufville succède à son oncle dans l'évêché de Saint-Malo et dans l'abbaye de Saint-Méen. Il meurt évêque de Chartres le 2 janvier 1690, à l'âge de quatre-vingt-deux ans. -Charles-Ferdinand de Champlais de Courcelles, neveu de M. de Villeroi (ou Villeroy), est, en 1675, pourvu de l'abbaye vacante par la démission de son oncle, et meurt à Paris le 8 juillet 1698. Ci dessous son portrait et ses armes visibles à St Méen

histoire de l'abbaye de Saint Meen

-Antoine Fagon, fils du fameux Fagon, premier médecin de Louis XIV, obtient l'abbaye au mois d'août 1698. Il devient successivement évêque de Lombez et de Vannes, et termine sa carrière à l'âge de soixante-dix-sept ans, le 16 février 1744.

 

-Gilbert-Blaise de Chabannes, vicaire général de Nevers et de Langres, député à l'assemblée du clergé de 1745, est nommé à Saint-Méen en 1743, et se démet en 1745 pour obtenir l'abbaye de Bon-Port au diocèse d'Evreux, dont il jouit jusqu'en 1779.

 

-N. de Guersans ***, vicaire général de Rennes, remplace le précédent en qualité d'abbé commendataire de Saint-Méen, au mois de juin 1745, et possède cette abbaye jusqu'en 1764. Il est en même temps premier archidiacre et chanoine de Rennes.

 

-N. de Mostuéjouls*** ,sous-précepteur des enfants de France, succède dans l'abbaye à M. de Guersans en 1764, mais il s'en démet l'année suivante, et il est nommé à celle de Saint-Vincent de Senlis qu'il possède encore en 1790. Il est, à cette dernière époque, premier aumônier de la comtesse de Provence, épouse de Louis XVIII. *** Claude-Charles de Mostuejouls *** Jean-François de Guersans

 

-N. Vendomois de Saint-Aubin ***, chanoine scolastique de Rennes, est abbé de Saint-Méen de 1765 jusqu'en 1771.  *** Charles-François de Vendomois de Saint-Aubin

 

-N. Des Cognets (ou Descognets) ***, grand archidiacre, chanoine et vicaire général de Quimper, nommé en 1771, est le dernier abbé de Saint-Méen, et en 1790 la Révolution le dépouille de ce bénéfice. ***  René Correc-Descognets

histoire de l'abbaye de Saint Meen

L'abbaye de Saint Méen disposait du patronat de dix églises  paroissiales dans le Diocèse de Saint Malo, et une dans celui de Dol

 

Mesures fiscales exercées en Bretagne par les papes d'Avignon à l'époque du Grand Schisme d'Occident

 

Abbas St Mevenni pto procuacionibus termino festi Annuenciacionis Be Me V. anni etc. nonagesimi tercii debet...........
...........................................................xxxv GR


Item debet pro qualibet integra decima XXXV.libr. VII. sol.
que ascendunt pro quatuor integris decimlis VII xxI libr.
VII. sol. ; solvit per plures soluciones IIIUxx XIIII libr. XV sol.
VI den. Restant.....................XLCI libr. XII sol. VI den

 

Henry du Boys qui fut Archidiacre, puis Evêque de Dol.& Chancelier de Bretagne décédé en mars 1348 fut  à l'origine de plusieurs règlements dans son Diocèse, donna cent écus d'or à l'abbaye de Saint Méen pour le rachat des moines tombés aux mains des Anglais

 

C'est un usement de fief en l'Abbaye de Saint Méen, par lequel les Teneurs sont tenus de payer l'un & chacun, a le premier trouvé, faire leur rôle comme bon leur semblera, & subdivider leurs rentes : il y en a un d'eux executé. Il se plaint, disant que le rôle n'est réformé suivant la Coutume. On lui dit que c'est un usement local  gardé de tous tems immemoriam, que les fiefs ont leurs conventions & accords, & est prouvé par les anciennes tenües, & par l'exécution des biens déclarés de bonne par le Juge.
Ce qui est confirmé par Arrêt du 10 Avril 1570

 

Introduction des Lazaristes à l'abbaye de Saint-Méen

Un long conflit opposa les Moines de l'abbaye de Saint Méen et leur¨prieur à leur Abbé Messire Achille de Harlay. Les insurgés furent expulsés et sous le Mandat du successeur de Messire de Halnay une bulle papale et un décret royal sécularisa l'abbaye au profit des Lazaristes, par Dom Germain Morel :

 

En la même année 1645 Messire Achille de Harlay, évêque de Saint Malo ayant demandé des prêtres de la Congrégation de la Mission à M. Vincent, pour travailler dans son diocèse, il lui envoya quelques uns, qui furent, peu de temps après, établis par le même prélat en l'abbaye de Saint Méen, dont il étoit l'abbé, et du consentement des religieux, qui cédèrent leur maison et leur mense aux missionnaires. L'union en a été faite depuis à la même Congrégation par Notre Saint-Père le Pape Alexandre VII, par bulles apostholiques, qui ont été autorisées par lettres patentes du Roi. L'introduction des Lazaristes dans l'abbaye de Saint Méen fut un des évènements qui préoccupèrent le plus la Bretagne au XVIIe siècle; l'occasion des premiers empiètements du Conseil d'Etat sur l'autorité du Parlement Bretonn et du despotisme centralisateur sur les privilèges séculaires de la Province.

 

Notre Prélat de poursuivre : Robert de Coëtlogon, qui, à la fin du XVe siècle, trouva la vie de ses moines si édifiante, qu"il se fit moine lui-même; le second, est Pierre Cornulier, évêque de Rennes, qui, au commencement du XVIIe siècle entreprit la restauration et la réforme de l'abbaye, absolument ruinée et pervertie par les excés du XVIe siècle, et surtout par l'immonde fléau de la commende; le troisième est enfin Achille de Harlay, évêque de Saint Malo,destructeur de l'oeuvre dix fois séculaire des fondateurs de Saint Méen. Voilà, dit Dom Morel, trois abbés bien différents les uns des autres ; le premier rend à son abbaye tout le revenu qu'il peut en tirer; le second emploie à bastir et dotter l'hospital du lieu; à subvenir aux pauvres du pays et à réparer les lieux de son abbaye autant et plus qu'elle ne lui vaut; le troisième, en tire tout et n'y met rien. Le premier, trouvant son abbaye en bonne observance, l'y maintient, et la laisse encore en une meilleure; le second, y trouvant le désordre, fait ce qu'il peut pout y remédier et la laisse en estat d'estre bientôt réformée; et le troisième, la trouvant en estat de recevoir la réforme, la veut séculariser. Robert de Coëtlogon regardait son abbaye non comme une ferme et ne songea pas à en tirer profit. Il s'établit en cette abbaye, s'en réserva un quartier et assigna part de revenu à ses religieux, et destina le surplus à l'acquit de ses charges et à l'entretien de la maison. 'Il fist enchasser toutes les saintes Reliques en or et en argent, parsemés de pierreries; faire une crosse abbatialle, une grande croix pour les processions, une moindre pour l'autel, des chandeliers, encensoirs, plats-bassins, enfin toute l'argenterie qui s'y conserve, et quantité d'autres qui depuis en ont esté soustraites; et pourveut son église de tous les précieux ornements que sa piété luy fist croire convenables au ministère. Il construisit le grand et fort reliquaire où se garde le trésor, il bâtit à neuf un grand corps de logis qui subistait encore au XVIIe siècle et tous les accomodements qu'il fist à l'église et à toute la maison, sut une partie desquels paraissent encore les armes de Coëtlogon qui sont de gueules à trois escus d'hermines. Son corps repose dans une chapelle de l'église de Saint Méen, dédiée à l'archange Saint Michel, soubz un tombeau de marbre élevé d'environ un pied hors de terre, sur lequel est représenté avec la mitre et la crosse, et à l'entour ces mots sont gravés : Cy gist Robert de Coëtlogon, abbé de céans, qui décéda l'an 1492. Ci dessous

histoire de l'abbaye de Saint Meen

Pierre Cornulier fut pourvu, le 6 juillet 1601, sur la résignation de Messire Jean d'Espinay. "Il trouva l'église, les cloistres et le dortoir proches d'une ruine irréparable, et les murailles de closture renversées; à tout quoy il remédia au  mieux et au plus tôt qu'il fust possible; mais non sans y faire de très notables dépenses, avant même que d'en avoir touché. Il s'occupa aussi des propriétés rurales de l'abbaye, qui toutes étaient dans un abandon déplorale. Il ne se contenta pas de rétablir, il créa un hôpital près de l'abbaye, il y  dépensa plus de vingt-cinq mille livres, sans compter les rentes dont il dota cet établissement qui subsiste toujours".

 

Voici le Concordat signé par l'Abbé Cornulier passé avec ses moines, daté du 5 novembre 1626, il est signé par Pierre Cornulier, F.François Stample, Bernard Pichon, F. Joseph Taillardeau, F. Célestin Mesnières et garanti par Grignard et Yvon, notaires royaux, par lequel fut signé le tout de la mense conventuelle, consistant en 440 boisseaux de fourment, 272 boisseaux de seigle, 72 boisseaux d'avoine, six pipes de vin d'Anjou, dix-huit pipes de cildre, 150 chartées de bois, la jouissance perpétuelle d'un estang, et quantité d'autres espèces et redevances conjointement appréciées à 4320 livres, sans y comprendre les quatre offices claustraux, qui vallent encore bien autant. Et afin de les aider à grossir de plus en plus leur communauté, il s'obligea, de son plein gré, à ne conférer aucuns des Prieurés dépendant de son abbaye qu'aux religieux de la ditte société, déclarant toutte collation faicte autrement, par soy ou par ses successeurs, invalide et de nul effect.

 

Les Lazaristes vinrent au nombre de cinq, sous la conduite de M. Bourdet. Ils furent introduits à Saint-Méen par l'Evêque de Saint Malo, au mois d'août 1645. Ils commencèrent par reléguer dans deux petites maisons hors des lieux réguliers les deux vieux moines, D. Boissel et R. Robinault, qui se laissèrent faire sans objection, moyennant l'assurance d'une pension de quatre cents livres; puis, sans scrupules et peu sans vergogne, ils accomodèrent les bâtiments à leur convenance avec aussi peu de souci du passé qu'en aurait pris cent cinquante ans plus tard, un acquéreur nationnal. Ils firent du cloître une sorte de grange ou de magasin, et une écurie. Ils changèrent le chapitre en bucher; ils levèrent grand nombre de tombeaux, en firent rayer les chiffres et les figures, puis s'en servirent à faire des seuils et des jambages de portes. Ils ruinèrent de fond en comble une chapelle de Nostre Dame, ostèrent les balustres dont le choeur avoit toujours esté clos par en hault, pour y donner, contre la coustume de l'ordre, entrée à gens de tout sexe et de toute qualité. Ils se disposaient à vendre les stalles du choeur, les cloches, le calices d'or et les reliquaires, si le Parlement de ce pays, ému par la cognoissance de tant de désordres, n'en eut arresté le cours par ses pieux et justes arrêts. C'est vers cette époque que la reconstruction complète des bâtiments se produisit.

 

Quand la Révolution éclata, l'abbaye fut saisie comme bien national, elle abrita un certain temps une gendarmerie, une caserne, un collège et en 1823 un séminaire. Elle sert depuis le début du XIXe siècle d'église paroissiale. Le choeur servant jadis aux moines est devenue la nef

 

Etat des lieux (voir L'abbatiale de Saint-Méen en images)

 

histoire de l'abbaye de Saint Meen

Considérablement remaniée au cours du XVIIIe siècle, sa nef fut notamment détruite, les éléments les plus anciens de la construction, mis au jour par les fouilles archéologiques, sont situés aujourd´hui sur le mur gouttereau sud de la nef actuelle. Précisément l'actuelle nef semble correspondre au choeur primtif de l'édifice, y ont été mises au jour deux arcades reposant au centre sur une colonne ronde et aux extrémités sur des demi-colonnes engagées. Ces supports sont couronnés de chapiteaux dépourvus de décor sculpté. Ils possèdent un épannelage simple : un bloc cubique aux arêtes abattues. On ne distingue pas d'astragale, seuls les tailloirs sont travaillés. Celui de la colonne centrale est épais et composé de différents ressauts. Des traces de peinture ont été découvertes sur ces chapiteaux. Une demi-colonne conserve également une base sculptée. Celle-ci est ornée, sous l'astragale, de motifs d'entrelacs ou rinceaux, réunis aux arêtes par une bague et s'opposant sur la face centrale de la base. Edifice primitif remontant au 9e siècle dont subsistait jusqu'au 18e la nef détruite en 1771 ; choeur reconstruit à la charnière du 11e et 12e siècles (vestiges conservés dans le mur sud) ; clocher fin 12e début 13e siècle ; transept et chapelle saint-Vincent fin 13e début 14 e siècle et collatéral nord du choeur 14e siècle.


Les sondages archéologiques pratiqués dans les années 90 n´ont pas permis de mettre en évidence la trace d´un édifice du 9e siècle. Ils ont permis de mettre au jour une portion du mur sud du probable choeur roman de l´église ou du transept primitif.  Voici ce que qu'écrivait  Mélanie Cros au sujet du lieu après l'inventaire dressé en 2007. Ci dessous l'un des éléments daté du 4e quart 11e siècle ; 1er quart 12e siècle  Base d'une demi-colonne engagée; peinture murale abbaye de Saint Méen; Colonnettes tronquées Mur de la Nef (Inventaire général du patrimoine culturel)   

 

histoire de l'abbaye de Saint Meen
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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 15:52

Si l'on en croit la légende, ce serait lors des invasions Scandinaves que cet éperon rocheux aurait joué un rôle lors du Xe siècle, un obscur Gouyon y aménagea un fort primitif. L'ensemble défensif que l'on observe à présent date en partie des XIIIe & XIVe siècle. L'endroit était désigné jadis Roche-Gouyon, il se trouvait à quatre lieues à l'ouest de Saint Malo. C'est Etienne III Gouyon qui fut à l'origine du réaménagement du site, mais ce chevalier qui avait été garde au castel de Jugon était également l'un des principaux alliés de Charles de Blois, adversaire de Jean de Montfort quand éclata la guerre de succession. L'endroit fut assiégé en 1379 par les troupes de du-Guesclin lorsque celui ci apprit le retour d'exil de Jean de Montfort. Ce dernier ayant obtenu la couronne ducale, il enleva le château à son possesseur, et ce n'est que lorsque fut signé le traité de Guérandes en 1382 que Bertrand III Gouyon, petit-fils de Etienne III retrouva possession de la forteresse ancestrale. Le 1er juillet 1449, Jean Gouyon obtint du duc François Ier de Bretagne, dont il était chambellan, un arrêt qui lui permettait de contraindre les nobles des environs de sa forteresse de la Roche Gouyon à s'y rendre, pour la garder des ennemis. L'ouvrage a été conçu en granit et en grés rose : un chatelet s'ouvre sur la barbacane, ce chatelet est muni du pont levis jadis protégé d'une herse. Un second pont levis aménagé au dessus du vide donne accès à la porte qu'encadrent deux tours, l'ensemble protège la cour. L'imposant donjon circulaire fut terminé vers 1465, une chapelle XVIIe, un four à rougir les boulets et le corps de logis du gouverneur se tapissent également au fond de cette cour. L'enceinte bordant l'ensemble fut aménagée à partir de 1368, les travaux durèrent jusqu'en 1450, ainsi aménagée La Roche-Gouyon résista en 1490 aux assauts anglais.. Vers la moitié du XVe siècle, la forteresse fut confiée à un gouverneur, quelques uns des membres de la famille Gouyon se virent confier ce poste :Vers la moitié du XVe siècle, la forteresse fut confiée à un gouverneur, quelques uns des membres de la famille Gouyon se virent confier ce poste :

 

​​​​​​​

 

-Lancelot Gouyon était capitaine et garde côtes de Fréhel et de Plevenon de 1577 à 1587 lors des guerres de la Ligue au cours desquelles le chatel fut le siège d'affrontements. Jacques II Gouyon, possesseur du lieu (ci-desous) sire de Mâtignon , Maréchal de France, Gouverneur de Normandie et de Guyenne, avait pris parti en faveur d'Henry IV. En 1597, le sire de Saint Laurent l'un des hommes du Duc de Mercoeur assiègea l'endroit devenu vers cette période Fort-Lalate . Claude Charles Gouyon fut gouverneur de la Roche Gouyon en 1760.

 

Entre 1689 et 1715, sous le règne du Roi-Soleil, la Roche-Gouyon devint l'un des points défensifs de la côte bretonne. Au chemin de ronde succéda un haut remblai de parapet pour y recevoir les batteries de canons, cependant le four à rougir les boulets date de 1793. Suit le rapport au ministre de la guerre effectué par Heurtel, capitaine, lors de la prise du Fort Lalatte dans les Cents jours


 

Monseigneur


 

Parmi les actes d'intrépidité et de dévouement qui, dans la dernière guerre de la Vendée, ont signalé les braves attachés à la cause royale, il est un fait dont la singularité mérite d'être connue. L'audace de l'entreprise, le merveilleux de la réussite, les revers qui l'ont suivie, les dangers auxquels furent exposés les héros, et particulièrement leur chef, montrent à quel degré de noble exaltation était parvenu le courage de ces fidèles défenseurs du Trône, dont chacun comptait pour rien le sacrifice de sa vie, et le triomphe de son Roi pour tout. M. Heurtel, l'auteur de l'entreprise dont je vais avoir l'honneur de vous rendre compte, était capitaine en mars dernier, lorsque le Roi quitta Paris. Cet officier envoya, sur-le-champ,sa démission au Ministre de la guerre, qui ne l'accepta pas. M. Heurtel prit alors le parti que lui dictait l'honneur : il organisa lui-même un bataillon de volontaires royaux, qu'il entretint partie à ses frais, et à la tête duquel il s'est distingué. Du Ier mai au Ier juillet, il ne fit que se porter, avec sa petite troupe, sur divers points des départements d'Ille et Vilaine et des Côtes-du-Nord, pour occuper les corps de fédérés et autres troupes qui s'y trouvaient par ordre de l'usurpateur, afin de les empêcher de rejoindre la grande armée. Le séquestre ne tarda pas à être mis sur ses biens dont il a perdu la plus grande partie. Le Ier juillet, instruit que des colonnes mobiles parties de Saint-Malo, Dinan, Lamballe et Saint-Brieux, commandées par le général Fabre, opéraient un mouvement pour détruire une division royaliste sous les ordres du colonel Depont-Brillant, M. Heurtel vit qu'il était urgent de ménager à cette troupe un point d'appui, et de lui fournir des munitions de guerre dont elle manquait; il était également prévenu que les munitions des batteries de la côte avaient été concentrées dans le fort la Latte, pour les mettre à l'abri de toute attaque de la part des royalistes. Après s'être concerté avec M. de Fougeray, commandant pour le Roi les gardes nationales de l'arrondissement de Saint-Malo, et destitué par Buonaparte, M. Heurtel fit des dispositions pour s'emparer du fort la Latte, tandis que son auxiliaire allait joindre la frégate l'Albion, qui avait 1800 fusils destinés aux royalistes, avec le dessein de la diriger du côté du fort, dès qu'on y verrait flotter le pavillon blanc. A midi, M. Heurtel s'embarque dans son petit bateau, avec sept de ses officiers qu'il avait choisis; ils étaient tous bien armés. Une fois en mer, après avoir passé les pataches et le stationnaire,il ordonne à sa petite troupe de charger les armes. A quatre heures, on était sous le fort. M. Heurtel descend à terre le premier, aborde la sentinelle armée, et lui demande si l'on peut voir le fort. La sentinelle répond qu'il faut la permission du commandant. Au même instant, M. Heurtel présente un pistolet double au soldat, le menace au premier cri de lui brûler la cervelle, le désarme, fait signe à sa troupe qui accourt et l'aide à lever le premier pont-levis du fort dans lequel on pénètre précipitamment. Le deuxième pont-levis est levé avec la même promptitude; et, tandis que six des siens fermaient les portes des casernes sur la garnison, M. Heurtel courait trouver le commandant à sa chambre : Vous êtes mon prisonnier , lui dit-il, point de résistance, ou c'est fait de vous. Il le désarme, l'enferme à clef, place une sentinelle sous sa fenêtre, et va faire également désarmer la garnison composée de vingt-sept canonniers, après leur avoir déclaré qu'ils n'avaient rien à craindre, s'ils se soumettaient aux ordres du Roi, au nom duquel il venait prendre possession du fort. Ils furent mis au corps-de-garde. Aussitôt le pavillon blanc fut arboré sur la tour du fort dans lequel il existait 5000 cartouches d'infanterie et 6000 livres de poudre pour servir sept pièces de canon et un mortier qui étaient en batterie. M. Heurtel fit, sur-le-champ, prévenir son bataillon de marcher sur le fort la Latte, pour se renforcer; mais il se battait contre des colonnes mobiles et contre un détachement de marins, et ne put le rejoindre. Il envoya alors une ordonnance demander du renfort, et la lettre ne parvint point. M. de Fougeray, qui avait abordé la frégate le soir, à quatre lieues du fort, devait, le lendemain matin, fournir cent hommes et dixhuit cents fusils; mais les vents contraires retardèrent le débarquement; ce qui donna le temps au général Fabre, instruit de la prise du fort, de marcher à la tête d'un bataillon de 4.00 hommes qui donnèrent l'assaut. Trente échelles furent aussitôt placées, et l'escalade eut lieu sur tous les points. Les huit braves se défendirent assez long-temps, tuèrent et blessèrent des assiégeants; mais, enveloppés par le nombre et dépourvus de secours, ils furent faits prisonniers et mis au cachot. Le commandant d'un bataillon de marins du 18e équipage de haut bord, qui a repris le fort sous les ordres du général Fabre, fit amener devant lui M. Heurtel, et lui annonça qu'il allait être fusillé, s'il n'expliquait le but de son expédition. Mon intention, dit le prisonnier, était de conserver le fort au Roi, et de fournir des munitions aux royalistes sur la côte. Mais de quel signal êtes vous convenu pour faire aborder la frégate anglaise? D'aucun, je n'ai avec elle nulle communication. Alors le commandant fit tirer un coup de canon à poudre, auquel la frégate répondit par un coup de canon à poudre. Il fit ensuite tirer à boulet; la frégate riposta également, voyant toujours le pavillon blanc qu'on n'avait pas voulu amener, pour la tromper et l'attirer vers le fort. Une seconde frégate anglaise arrive au bruit du canon , et la première vire de bord pour la joindre. Le commandant des marins croyant sa ruse découverte, ordonne alors de charger les canons et d'envoyer une volée à la frégate, puisqu'elle s'éloignait, et d'amener le pavillon blanc. Ces ordres exécutés, la frégate détrompée gagna le large, et on ne la vit plus. Cependant M. Heurtel est condamné à mort : on lui bande les yeux, on le force de se mettre à genoux, et, après l'avoir questionné long-temps dans cette position,mais inutilement, on le fusilla à poudre sur le champ de bataille. On lui dit de se relever, et après lui avoir ôté son uniforme, sa montre en or, 1500 fr. en argent, et tout ce qu'il possédait, on le conduisit dans la batterie basse du fort: On fit ensuite sortir du cachot M. de Kergommeaux, lieutenant, qui croyait M. Heurtel mort. On lui déclare qu'il allait subir le même sort que son chef, s'il ne donnait tous les renseignements exigés, et on lui banda aussi les yeux. Mais, pour toute réponse aux questions dont on le pressa, il prétexta qu'il ignorait tout, qu'il n'avait fait qu'obéir à son chef, chargé seul du 7 secret de l'expédition. Alors on lui débanda les yeux, et M. Heurtel fut, de tous, regardé comme le plus grand coupable. Son supplice et celui de ses compagnons n'était que différé. Placés sur une péniche, les menottes aux mains, ils sont transportés à Saint-Malo, afin de passer à un conseil dé guerre, et d'être fusillés. En arrivant au port, le capitaine du navire descend à terre pour faire son rapport au gouverneur et au commissaire de la marine, pour les prévenir qu'il avait des prisonniers à son bord. Le danger était pressant, M. Heurtel mesure des yeux l'espace d'eau qui le séparait du rivage, s'élance d'un navire, et, quoique exténué de fatigue, il parvient à la nage sur le bord, à travers les cris de l'équipage.Il se sauve de rochers en rochers jusqu'au fort de la Cité, où il arrive presqu'expirant et hors d'haleine. Là, il se croit à l'abri des poursuites, lorsqu'il voit se relever un homme armé d'un sabre, qui lui demande quel est l'objet de ces cris qu'il entend? C'était un employé aux douanes, faisant son service. Mon ami, répond M. Heurtel, c'est un déserteur qui sort du navire, et qui se sauve par la grève. Je vais bien vite prévenir la police; toi, vas avertir ton poste. Cet homme n'attendit pas la fin du discours, et disparut. Sorti de ce nouveau danger, le fugitif court du côté opposé,. et parvint à sortir de la ville, sous un déguisement qui lui permit de traverser les rues au milieu des patrouilles et des sentinelles placées à tous les carrefours pour l'arrêter. Ce brave capitaine, échappé à tarit de périls, allait donner de nouvelles preuves de son dévouement au Roi, lorsqu'il apprit la rentrée de sa majesté à Paris, et qu'il vit mettre en liberté ses compagnons d'armes, écroués jusqu'alors dans les prisons de Saint-Malo. Tel est, Monseigneur, le rapport du général en chef Desol de Grisolle, et celui qui m'a été fait par la députation d'Ille et Vilaine, qui m'a prié instamment de prendre les intérêts d'un jeune homme qui honore son pays. En sorte que, dans mes principes, et d'après 8 les titres de M. Heurtel, je supplie et dois supplier Votre Excellence de le nommer chef de bataillon, grade qu'il a gagné, à la pointe de son épée, et qui lui a été conféré par le général en chef de l'armée royale de Bretagne, le 25mai 1815. J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Monseigneur. De Votre Excellence,



 

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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 18:27
cartes postales diverses, n° 15
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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 15:55
Plénée-Jugon, Créhen,  Plumaudan, Plédéliac, Aucaleuc, Hénansal, Mégrit
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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 15:32
Sévignac, Saint-Hélen, Langourla, Dinan, Plénée-Jugon, Trégueux, Bonnemain
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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 15:09
Guilliers, Trédias, Paimpol, Ploëzal, Saint-Hervé, La Motte, Talensac
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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 14:54
Pommeret, Sévignac, Lanrelas, Languédias, Saint-Malo-de-Beignon (x 3)
Pommeret, Sévignac, Lanrelas, Languédias, Saint-Malo-de-Beignon (x 3)
Pommeret, Sévignac, Lanrelas, Languédias, Saint-Malo-de-Beignon (x 3)
Pommeret, Sévignac, Lanrelas, Languédias, Saint-Malo-de-Beignon (x 3)
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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 14:29
Broons, Dolo, Tregenestre (Meslin) (x 3), Le Bodéo, Trébédan
Broons, Dolo, Tregenestre (Meslin) (x 3), Le Bodéo, Trébédan
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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 12:37

La maison & famille des Sires & Marquis d'Espinay a toujours esté tenuë & estimée l'une des plus nobles, anciennes, grandes, meilleures, riches, authorisées, & aussi bien alliée qui soient au pays & Duché de Bretagne; estant marquée de tous les signes que doivent estre celles, qui méritent tenir rang entre les grades & illustres, & a gardé le nom & armes de siecle en siecle, de sucesseur en successeur, & de pere en fils, de temps immemorial, sans tomber en main de fille, jusques au decès de Messire Charles sire & Marquis dernier du nom, qui arriva l'an de grace 1609. Pendant lequel temps elle s'est conservée & a fleuri avec beaucoup d'honneur, grandeur, auctorité & dignité, tant en l'Eglise qu'à la Cour de ses Princes. Car nous y trouvons des Cardinaux, Archevesques, Evesques, Abbez, Prothenotaires, Abbesses, Prieures, deux grandes Maistres, un grand Chambellan, plusieurs Chambellans ordinaires ordinaires des Ducs de Bretagne & Roys de France, Ambassadeurs vers lesdits Roys de France, & autres Princes, pour faire paix & denoncer guerre, Conseillers d'Estat & privé. Les Seigneurs de ceste maison ont commandé il y a deux cents ans aux meilleures villes & plus fortes place du païs, ont esté Chevaliers, Capitaines, & Chefs d'armees, tant en Bretagne qu'es pays estrangers. Leur grandeur, valeur, merite & science (car ils ont esté des plus sçavants de leur temps) les ont fait toucher ce qui pouvoit avoir d'honneur en ce monde : & ont tous esté des plus beaux & &droicts Seigneurs qu'il est peu voir. La chose plus remarquable, & qui est plus à loüer en la succession de ceste illustre famille, & dont nous devo(n)s remercier Dieu, est, qu'on ne peut recognoistre aucun portant ce nom avoir jamais devoié de la vraye Religio(n) Chrestiene ny aheré à aucune fecte ou opinio(n) co(n)traire à l'Eglise Catholique Apostolique & Romaine. N'ont jamais ma(n)qué au devoir & honneur qui est deu à Dieu, aux Princes souverains, & à la patrie, & n'o(n)t espargné leurs vies & biens pour l'augmération & conservation de la foy, y en ayant eu qui ont esté par deux fois fait guerre en Terre saincte contre les infidèles, ont secouru de la part de leur Duc leur souverain le sainct Siege Apostolique en une guerre particuliere qu'il avoit contre les Princes d'Italie, & ont combatu contre les heretiques en plusieurs batailles. Si on a voulu attenter à la personne & Estat de leurs Princes, ils s'y sont opposez, y en ayant eu de fort blessez & pris prisonniers avec eux. N'ont ma(n)qué de faire associations avec les autres Barons & Seigneurs, contre ceux qui vouloient s'emparer de leur Estat. Le seigneur & Chef de ceste maison a sa chaire en l'Eglise Cathedrale de sainct Pierre de Renes ville Capitale de la Province, vis à vis de celle de l'Evesque, assistant à la celebration du divin service : a son pain de chapitre & distribution de deniers comme Chanoine, & n'y a que ce seigneur qui ait ceste dignité. Il présente trois sergentifes Royales en la Province. Ils portèt la qualité de sire il y  plus de quatre cents ans. Titre qui n'a esté porté que par les grands en ce Duché. Se sont alliez aux plus grandes & anciennes maisons non seulement en Bretagne, mais de toute la France, comme avec les Comtes, Barons, & grands seigneurs de ceste Monarchie. Ce qui est certifié par grand nombre de contracts de mariage, qui sont aux Chartes de leur maison, tous de filles de grandes & tres-anciennes maisons, qui y ont entré par alliance; par lesquelles alliances ils ont l'honneur d'estre advoüez de plusieurs Prince du sang, & d'autres de ce Royaume pour leur appartenir, & sont proches parens des plus gra(n)ds de ceste Monarchie de Bretagne, Norma(n)die, Picardie, Cha(m)pagne, Lorraine, Bourgogne, Auvergne, Saincto(n)ge, Gascogne, Anjou,  Poictou. Les puisnez & filles de ceste heureuse famille se sont alliez en tres bonnes & grandes maisons, bien anciennes, ainsi que le discours suiva(n)t le fera voir. La richesse de ceste maison se voit assez par les grandes terres & seigneuries qu'elle a possédé & possede encor, lesquelles portent qualité de Marquisat, Comtez, Vicomtez, Baronnies, & grand nombres de Chastelenies, & plusieurs autres terres qui y sont à present, & qui en ont sorti, desquelles ils ont partagé leurs puisnez. Premierement est le Marquisat d'Espinay, qui a esté erigé en ce titre par le Roy Charles neufviesme, à la requeste de Messire Jean sire & premier Marquis d'Espinay. Lequel est situé en l'Evesché & Seneschaussée de Renes. Il consiste & est orné en premier d'un beau Chasteau fort spacieux & de grande estenduë, & assez fort, ayant eu permission de le fortifier il y a deux cents ans & plus, par les Ducs de Bretagne. Il est tenu pour une des maisons & Chasteaux des mieux basties & plus logeables qui soit en la Province : estant enrichi de salles & chambres dorées, avec force marbres. Il y a grand nombre de tours; pavillons, & beaux corps de logis. La court & jardin sont embellis de deux belles fontaines, qui accomodent & decorent particulierement les offices & cuisines, le tout circuit & enfermé de murailles bien flanquees, avec fossez fort larges à fond de cuve, pleins d'eaux, & ont plus de trois mil pas de tour. L'issue est embellie d'un beau bois de haute futaye, planté à la ligne, où il y a de beaux pourmenoirs, & une belle allee couverte, qui environne partie du Chasteau, & une belle prairie costoiant un estang. Et qui luy donne beau lustre & l'accompagne de beaucoup de decioration, c'est que sortant de la porte, & ayant cheminé à l'ombre d'un bois quelque quinze cents pas sur le bord d'un estang, où de chaques costé trouvés deux jolies chapelles vis à vis l'une de l'autre, arrivez à l'Eglise Collegiale de Champeaux, fondation & sepulture des seigneurs de ceste maison. Lequel college est un des plus beaux & rares de France. Car je m'asseure qu'il y a peu de Princes & seigneurs qui ayent tel droit de presentation. Car il est composé de six prebendes ou Canonicats, où à chacun y a une cure annexée, que presente le seigneur de ceste maison, sans qu'il soit besoing aller à l'Evesque, ny faire courir à Rome. Mais le premier Ecclesiastique qui a dignité, soit Evesque, Abbé, ou autre, en peut donner la collation. Il y a dignité de Doien, 12. Chapelains,4. enfans de choeur, Maistre de Psalette, & chaque Chanoine doit avoir un Prestre sous luy. Il y a bonne musique, le service divin y est celebré avec beaucoup de devotion. Duquel College le revenu vaut huict mil livres ou environ, le choeur & chapelles d'icelle Eglise sont enrichies de belles & rares antiques sepultures decorees de marbre, qui est chose rare au pays. Le Marquisat consiste ès Chastelenies & terres d'Escures, Sauldecourt, auxquelles y a chasteaux, Serigné, Berrignoles, qui s'estendèe dehors & dedans la ville de Renes, bornent Vitré de près, S. Aubin du Cormier, la Guerche, Marcillé, & Ch&steau-giron. Il y a plusieurs  villages & gros bourgs en partie, desquels il y a marchez, la riviere de Vilaine passe par le dedans, sur laquelle & sur estangs & ruisseaux y a plusieurs moulin de ceste seigneurie. Il y a aussi de grands domaines, qui consistent en belles metairies. Sont aussi plusieurs autres terres & fiefs relevans de la Baronnie de Vitré, mais toutesfois de ceste maison, comme la Marche, le bois Corniller, Mainbie, le Sernis, & autres, la chastelenies de Segré, où il y a jolie ville & beau marché, & autrefois y avoit un fort Chasteau, la Chastelenie d'Estiau, & plusieurs vignobles qui soint de toute antiquité de la maison d'Espinay. Ont la sixiesme partie ès Comtez de la Roche-Guyon & de Rochefort, & en sont issuz. En Bretagne Broon belle Chastelenie, le Bois-du-liers, le Troncho, le Plessix-au-noir, & autres terres. En Normandie, la Baronnie de Montfiquet, les seigneuries de Villers le bocaige, & Plaucri. En Anjou le Porte Menis & Courchat. Lesquelles terres & seigneuries ont esté bailees en partage aux puisnez, ou ont esté vendues pour le mariage des filles. Et y est entré par l'alliance de Dame Marguerite de Scepeaux le Comté de Duretal, qui consiste en la Vicomté de Blason, la Baronnier de Marthefelon, & Chastelenies de Lezigné, de Vieille-ville, & d'Esvigné. Et duquel Comté je parleray plus amplement, quand je decriray les alliances matrimoniales & genealogicques des seigneurs de ceste maison. L'alliance de Dame Françoise de la Roche-foucuault y a apporté la Baronnier de Barbezieux avec ses appartenances, qui est une tres belle & grande seigneurie,où y a un tres bien basti Chasteau, au pied duquel y a une ville assez bien marchande. Ladite Baronnie est de tres grande estenduë, & y a plusieurs seigneurs & Gentilhommes qui en relevent. Elle a vallu de ferme vingt mil livres autresfois. "Quelques uns rapportent l'antiquité de ceste maison au temps d'Arthur Roy de la grande Bretagne, & de Hoel premier du nom, son nepveu Roy e la Bretagne Armorique; & disent que ledit Arthur estant venu ès Gaule co(n)treLucius Tiverius Empereur, pour les delivrer de la puissance & domination, il combattit et vainquit un geant de grandeur desmesuree, qui avoit ravy la niepce dudit Hoel, & l'avoit tant tourmentee qu'elle en estoit morte, au pied du mont qui depuis a esté denommé de Sainct Michel du peril de me, & quil en envoya la teste à sondit neveu Hoel estant à Renes, lequel, auroitcenvoyé le seigneur d'Espinay (qu'ils ne nomment point) vers le Roy Artrhur, avec qui lui avoient apporté la teste du geant, pour le remercier & luy faire offre d'hommes & argent, & de tout ce qu'il avoit en sa puissance contre ledit Lucius & les Romains, pour delivrer Les Gaules de leur subjection. Mais d'autant que le voyage d'Arthur ès Gaule est fabuleux, & mesme impossible, l'antiquité de la maison d'Espinay ne se peut pas prouver ce passage.  Il disent encor que sainct Aubin Evesque d'Angers, qui vivoit du temps des enfans de Clovis premier Roy Chrestien de France, qui deceda l'an 514  & de sainct Melaine Evesque de Renes, lequel  sainct Aubin  assista au troisiesme Co(n)cile d'Orleans, l'an 540. le 26. du regne de Childebert fils de Clovis, estoit de la maison d'Espinay, & de mettent en peine de le prouver par les titres & escussons antiques qu'ils disent estre ès archives de l'Abbaye de Sainct Aubin d'Angers, en aucuns desquels ont trouve escrit ce qui s'ensuit ..."Arma Sancti Albini insignis de Espineto...",& par consequent Sainct Aubin seroir natif de l'Evesché de Renes. Et toutefois Fortunacus Evesque de Poitiers, homme sainct, docte(ur) et bien versé en toutes sciences, qui a escrit la vie & gestes de Sainct Aubin, & de plusieurs autres Evesques des Gaules, & qui vivoit au mesme siecle que le dit Sainct Aubin, dit par mots exprès q'uil estoit natif de l'Evesché de Vennes. Or le lieu, manoir, maison, terre, seigneurie, & juridictioon d'Espinay de ceste famille portèt le surnom, est en l'Evesché de Renes, & se voient encor les masures & ruines dudit manoir en la Paroisse d'Acigné, à deux bonnes lieuës de Renes, non loin du grand chemin dudit Renes à Vitré. Sainct Aubin n'estoit donc pas de la maison d'Espinay en l'Evesché de Renes, mais d'une autre noble & antique famille nommée d'Espinefort, laquelle a long temps fleuri, & produict grand nombre de vaillans & hadis Chevaliers, & Capitaines, tels que fut un Messire Henri d'Espinefort Chevalier seigneur dudit lieu du temps des guerres civiles d'entre Charles de Blois & Jean de Bretagne Co(m)te de Montfort l'Amaury, & Jean son fiols : le party desquel suivoit ledit Henry d'Espinefort qui deceda l'an mil trois cents octante cinq, laissant un fils nommé Jean d'Espinefort, qui espousa Marguerite de Palers, & en eut un fils appelé Bonabes, qui ne laissa qu'une fille, mariée avec Messire Henry le Parisi, Chevalier, seigneur de Kermalais. Et se voient encor les ruines & masures de l'ancien manoir d'EspinefortCe que j'ay bien voulu remarquer, non pour aucune nevie, emulation, ou mal-veillance que j'aye contre la maison d'Espinay, mais par ce que ayant la verité pour but, & deferant à la doctrine, saincteté de vie, & antiquité dudit Sainct Fortunat, qui asseure  que Sainct Aubin estoit de l'Evesché de Vennes, je me laisse persuader qu'il estoit de la maison    d'Espinefort. Philippe premier du nom regnant en France, l'an de grace 1066 auquel an deceda sans enfans Conan second du nom Duc de Bretagne, & luy succeda son beau-frere Hoel Comte de Nantes & de Cornoüaille, à cause de sa femme Havoise soeur dudit Conan, Guillaume le bastard Duc de Normandie vaillant Prince, voulant conquerir le Royaume d'Angleterre, qui luy avoit esté laissé en testament par Sainct Edoüard Roy decedé sans enfans; convia en ceste grande entreprise les plus grands Princes & Potentats des Gaules, & entre autres ledit Hoel nouveau Duc de Bretagne sopn amy & co(n)federé, qui luy  son fils Alain depuis surnommé Fergent, accompagné de plusieurs Barons & seigneurs de son Duché. Et furent les Bretons au corps de la seconde bataille, donnee le 14. jour d'Octobre audit an co(n)tre Harald usurpateur du Royaume, qui y fut tué, & la victoire obtenue par le dit Guillaume. Au moyen de quoy il obtint le Royaume , & s'en fist couronner Roy. A ceste expedition de guerre furent les quatre freres de la maison d'Espinay, que l'histoire ne donne point leurs propres noms, ce qui est à plaindre : deux desquels furent tuez en ceste bataille , & moururent au lict d'honneur, combatans valeureusement. L'un d'eux qui resterent fut seigneur d'Espinay, & l'autre se maria en Flandres, & de luy sont venuz les seigneurs & Prince d'Esppinoy, comme le tesmoignent & rendèt certain le nom & les armes qu'ils portent. Apres ladite conqueste, un  chacun fut reco(m)pensé & recogeu selo(n) sa gra(n)deur  & merites. Alain Fergent chef des Bretons eut le Co(m)té de Richemont, à celuy d'Espinay furent donees de blles & grandes terres et seigneuries desquelles ceux de ceste maison ont joui plus de 200. ans depuis.

 

Cestertus seigneur d'Espinay issu de celuy qui fut à la conqueste d'Angleterre par representation de performe, est celuy auquel je commence à filer le discours, auquel je desire plus particulierement parler des homes illustres, & continuer la Genealogie de pere en fils, & decrire les allia(n)ces matrimoniales de ceste maison suivant toujours lr discurs dudit Beaujoüan, fors qu'en certains endroicts je cha(n)ge quelques mots, ajouste ou retranche quelque chose où je voy qu'il est requis, & ce de son advis & co(n)senetement. Cestui-cy vivoit du temps des Roys Philippe Auguste en Fra(n)ce, He(n)ry seco(n)d  en Angleterre, & du Duc Conan 4. du no(m) en Bretagne, & d'Estienne premier & second Evesques de Renes, qui moururès, l'un l'a(n) 1166. l'autre en 1178. ainsi que je l'y appris des tiltres qui sont ès acchives de l'Abbaye de S. Georges de Renes. Et de luy n'ay trouvé autre chose, sino(n) qu'il eut un fils pour successeur nommé Geffroy


 

Geffroy d'Espinay succeda à son pere Gestert à la seigneurie d'Espinay. Ce fut un Chevalier preux & hardy, sage & prudent, & qui est mis au rang des plus illustres de son siecle. De son temps y eut de grandes guerres & divisions en Bretagne entre la Duchesse Constance, son petit fils Artur, & les Barons d'une part, & le Roy Richard d'Angleterre Duc de Normandie d'autre, lequel print plusieurs villes & chasteaux sur lesdits Barons. Mais en fion de paix fut faicte & reformée entre parties. De laquelle paix voicy comme parle M. Pierre le Baud en son histoire des Barons de Vitré, chap. 34. Comme dit est, quand  Constance Duchesse de Bretagne, pour laquelle André de Vitré, guerroyoit le Roy Richard d'Angletere, fut delivree, & qu'elle fist sa paix avec le Roy Richard : Elle fist aussi la paix dudit André & des autres Barons ses coadixteurs, sçavoir à Guillaume de Loheac & à Amaury de Montfort, à Alain de Chastea-giron & à Gffroy d'Espinay, par la maisn de Robert de Tournehan, qui lors estoit Seneschal d'Anjou . Et fut ladite paix en cette maniere que le Roy d'Angleterre  pardonnoit & remettoit aux dits Barons & Chevaliers pleinement toute ire, courroux & indignatio(n), & la rancoeur de son coeur. Et que au service dudit sieur Roy ils pouvoient aller & servir sous la Duchesse, ainsi qu'ils l'avoient accoustume & rendoit le Roy d'Angleterre à monsieur André de Vitré tous ses chasteaux & toute sa terre deça la mer, & outre la mer, entierement & pleinement : & à monsieur Robert de Vitré Chantre de Paris, frere dudit André, rendoit le Roy toutes ses terres de çà & de là la mer entierement. Et oultre pour restittution des choses qu'il avoit perduës, le Roy luy rendit en Angleterre, en benefices, la valeur de cent march de pur argent. A Dame Anne de Vitré rendoit la saisine de ses terres ² de ses doüaires qu'elle avoit par avant celle guerre, ainsi comme oncques mieux elle avoit eu. A Guillaume de Loheac rendoit le Roy d'Angleterre juste & raisonnable part  de toute la terre qui appartenoit à sa femme de la terre de Raiz fors les garnisons & les chasteaux qui demeurerent en la maisn du Roy jusques à sa volonté. Et seroit faite celle partie par le conseil des amis & parens dudit monsieur Guillaume de Loheac, & des amis & parens de sa femme, & demeureroit mo(n)sieur Pierre de Loheac de la famille du Roy & à ses gages. A Alain de Chasteau-giron rendit le Roy tous ses droicts & toutes ses terres en Angleterre, ainsi que son pere mieux & plus pleinement les tint selon le serment & la coutume des liges d'hommes d'Angleterre. Et monsieur Philippe son frere demeureroit de la famille du Roy en prenant chacun an en la Chambre à deniers du Roy gages jusques à ce qu'il l'eust pourveu de bien-fait. Monsieur Raoul de Montfort prendroit aussi chacun an à la Chambre à deniers du Roy gages pour son estat, jusques à ce qu'il l'eust pourveu de competent bien fait. A Geffroy d'Espinay donneroit semblablement le Roy juste & loyale partie du droit de sa femme, qui estoit fille du Seneschal de Dol. Et par ceste convention furent lesdits Barons & Chevaliers en paix, amour, & concorde avec le Roy Richard. Ladite Duchesse Constance promit pour lesdits Barons & Chevalier, qu'ils tiendroient celle paix, & convenance, & que si d'aventure ils s'en vouloient departir, elle les chasseroit & mettroit hors de sa terre. Et mesmement icelle Duchesse Constance, Herbert Evesque de Renes, Pierre Evesque de Sainct Malo, & Robert de Tournehan Seneschal d'Anjou, le jurerent pour le Roy d'Anleterre envers lesdits Chevaliers & Barons. Aussi maintint Geffroy de Chasteau-brient pour le Roy, qu'il garderoit celle paix sans rupture. Et de ce furent faites chrtes sous le sceau dudit Herrbert Evesque de Renes. Jusques icy le Baud

Pean d'Espinay premier de ce nom, fils dudit Geffroy sire d'Espinay, estoit homme fort vaillant, & avec cela devotieux. En l'an 1117. il fit une donation à Nostre Dame du Fau en basse Bretagne, & dota d'une prairie nommée la prée de la Belosse. Laa lettre de fondation bien authentique est  au Thresor des titres d'Espinay. Ce qui montre que les seigneurs d'Espinay avoient lors des terres & seigneuries en la basse Bretagne. Il eut pour successeur un fils nommé Alain.     

 

Alain premier du nom sire d'Espinay, fils de Pean, fist par deux fois le voyage de la Terre Saincte pour le recouvrement d'icelle d'ètre les mains des Sarrazins infideles, avec Pierre de Dreux, alias de Brenne, surnommé Mauclerc, jadis Duc de Bretagne, à cause de sa femme Alix, & pere du Duc Jean premier du nom, qui lors regnoit, & autres grands Princes & Seigneurs de France & de Bretagne. La premiere fois fut l'an de grace 1239. la seconde fut l'an 1248.auquel S. Louys alla aussi. Esquels voyages ledit Alain d'Espinay acquit une reputation  de vaillant Chevalier. Ce qu'il fist paroitstre en beaucoup d'autres expeditions de guerre où il se trouva, comme en celle que le Roy S. fist en Guyenne & en Poictou l'an 1242. contre les comtes de Thoulouze Raimond, & de la Marche & d'Angoulesme nomme Hugues de Lusignen, où il se fist fort vaillammment, & estoit tenu & redouté pour le plus rude jousteur  des Chevaliers qui estoient pour lors, ainsi qu'il est rapporté és Annales d'Aquitaine en termes expres

 

Messire Guillaume d'Espinay Chevalier premier de ce nom succeda à Alain son pere, non seulement en ses biens, mais aussi en  vertu & valeur, ne laissant occasion d'en faire preuve où le service de ses Princes le requeroit. Il eut un fils nommé Galeran.

 

Messire Galeran d'Espinay, seigneur d'Espinay, fils de Guillaume premier, fut en son temps Chevalier sage & de grand renom,  & avoit de belles & amples seigneuries, & grande authorité tant en la ville de Rennes qu'és environs où ailleurs en Bretagne, & faisoit faire & luy mesme rendoit la justice a ses sujets,  ainsi qu'il le justifie par plusieurs lettres és titres qui sont és archives de sa maison : & fut marié à Alix de Champagne fille de Messire Geffroy de Champagne l'an 1308 . par contract datté dudit an. Du mariage de Galeran & Alix de Champagne issirent deux fils, sçavoir Jean d'Espinay  & Charles d'Espinay qui ne degenererent en rien à leurs devanciers. 

 

Messire Jean d'Espinay, sire d'Espinay premier de ce nom, fils de Galeran d'Espinay & Alix de Champagne, ne manqua d'approcher ses Princes de pres, pour leur rendre naturellement le service qui leur estoit acquis, non plus que ses predecesseurs. Car il estoit vaillant & adroit Chevalier, comme ille fist bien paroistre és guerres qui furent de son temps  

                                                                                                                   

Charles d'Espinay,second fils de Galeran d'Espinay & Alix de Champagne, fut aussi vaillant Chevalier. Vualsingham Historien Anglois dit, qu'il s'esmeut Gransd Fubiet de guerre entre le Roy de France Philippe  le Long & Edoüard d'Angleterre 2. du nom qui faisoit lors la guerre en Escosse contre un nommé Robert de Bruz. Le Roy voulant luy parler  de paix luy envoya Jean Comte de Richemont, oncle du Duc de Bretagne : En la compagnie duquel estoient le Comte de la Marche, le seigneur de Montauban, le seigneur de Seuilly, Charles d'Espinay, & plusieurs autres Chevaliers, lesquels passans par la mer pour aller trouver le Roy d'Angleterre en une Abbaye que ledit Vualsingham appelle Royland, pres la montagne  de Blanche-marre, lequel venoit de charger son ennemy, l'ayant contraint se retirer dedans son pays : & se contentant de ce, se retira en ladite Abbaye, & croyant y estre en secureté, licentia partie de ses gens de guerre, & comme estant esloigné des ennemis de bien vingt & quatre lieuës. Là se trouverent le Comte de Richemont & sa suite. L'ennemy indigné de l'outrage receu, amassa beaucoup de gens de guerre le plus diligemment qu'il peut, & suivant le dit Roy avec telle promptitude qu'il le surprist dans son logis, où il disnoit; & de fait l'eussent pris, n'eust esté le Comte de Richemont, la Marche, Montauban, de Seuilly, & d'Espinay, qui firent teste aux Escossois, pendant que le Roy se sauva en un Chasteau proche de là. Mais comme le Comte de Richemont fut chargé avec cette furie, il fut pris, & le sieur de Seuilly, de la Marche, & Montauban, & ledit d'Espinay tué. Les autres Chevaliers furent contraincts de se rendre. Bientot les autres Comtes & Barons furent delivrez, à la requeste de la Royne de France. Ceci est prins de l'histoire du sieur d'Argentré livre 4. chap. 29. Qui dit l'avoir prins dudit Vualsingham, qui toutesfois en parle un peu diversement et n'en dit tant.

 

Messire Guillaume sire d'Espinay, second du nom, Chevalier fort sage & adroit aux armes, fils de Jean premier, estoit respecté , honoré,& redoutez en son pays pour les rares vertus qui reluisoient en luy.

 

Messire Pean d'Espinay, seigneur dudit lieu deuxiesme du nom, fils de Guillaume second, fut Chevalier de grande valeur & reputation, & le fist bien paroistre és guerres civiles qui furent de son temps en Bretagne, entre Charles de Chastillon dit de Blois, qui querelloit le Duché au nom de sa femme Jeanne de Penthievre, fille de Guy de Bretagne, Comte de Penthievre & Jeanne d'Avaugour, d'une part & Jean de Bretagne Comte de Montfort l'Amaury à cause de sa mere Yoland, frere dudit Guy & oncle de ladite Jeanne, & Jean cousin germain de la dite Jeanne, d'autre, le party desquels il suivit, & portoit l'une des bannieres dudit Jean Comte de Montfort à la bataille d'Aulray, en laquelle il se montra tres vaillant, & fut tué ledit Charles de Blois l'an mille trois cent soixante et quatre, & ledit Jean demeura victorieux, & par consequent Duc de Bretagne, & fut appellé le genereux, le vaillant & le conquereur. Mais quelques an apres la guerre s'estant rallumee entre Charles  cinquiesme du nom & les Anglois, & le Duc Jean baillant le passage par son pays de Bretagne ausdits Anglois pour entrer en France, & les favorisans à cause que par leur aide  il avoit fait resistance audit de Blois supporté des François, & avoit obtenu ladite victoire à la bataille d'Aulray, ledit Roy Charles se deffiant de luy, & d'autre part les Barons, seigneurs & communautez des villes  & le peuple s'offenssans de ce qu'il mettoit des garnisons d'Anglois és villes & places fortes du pays, & les avançoit és honneurs & charges, & les preferoit aux siens : lesdits seigneurs Bretons surprirent beaucoup de villes  & places fortes du pays sur ledit. Duc pour le Roy de France, lequel envoya Messire Bertrand du-Guesclin  connestable de France en Bretagne, avec une forte armee, auquel se joignirent  lesdits Barons & seigneurs.Tellement que toutes les villes & le pays fut reduit en la puissance du Roy de France, & convint au Duc se retirer en ngleterre, où il demeura sept ans. Mais le Roy Charles s'estant decouvert ausdits Barons de Bretagne, & leur ayant desclar& que son intention & resolution estoit de confisquer le Duché, & de l'annexer au royaume de France, & d'en priver du tout le Duc Jean, ils en furent fort indignez, & resolurent entre eux de ne le souffrir ny endurer, & se reconcilierent  à leur Duc & Prince naturel, qu'ils rappellerent d'Angleterre. Et pour empescher les desseins du Roy, les nobles du pays firent plusieurs associations & confederations pour la conservation des villes & des places fortes du pays, & de l'estat de leur Prince naturel. Et entre autre  s'en trouve une de tous les nobles de l'Evesché de Renes, datee de l'an 1379. entre lesquels est nomme & signe, & l'un des premiers est Messire Pean d'Espinay. Laquelle lettre d'association est inseree en l'histoire du sieur d'Argentré. Desquels messire Pean premier & second, Jean, Guillaume premier & second, on ne trouve les contracts de mariage, qui est cause qu'on ne sçait où ils ne prindrerent alliance

 

Messire Symon d'Espinay, premier de ce nom,  Chevalier, fils de Pean second, seigneur d'Espinay, de la Riviere, d'Escures, du Bois-du-liers, de la Marche &c. pour la valeur & proüesse, & en recompense des services qu'il & ses predecesseurs avoient faits aux Ducs leurs souverains Princes & seigneurs, furent creé & institué Gouverneur  & Capitaine des ville & chasteau de Dinan & Hede,  qui ont toujours esté les meilleurs place de guerre du païs par ledit Jean cinquiesme du nom dit le Conquerant, & fut  cautionné par son dit pere Pean. La lettre d'obligation est au Thresor des Chartes de ce pays, en date de l'an 1399. Ledit Simon fut marié deux fois en premieres nopces il épousa Marie de la Frete de laquelle il eut Robert, Guy, Guillaume, Jean, Anne & autres filles desquelles je n'ay trouvé les noms. En secondes il epousa Marguerite de Chasteau-giron, grande & ancienne maison de Bretagne duquel mariage issit un fils Guy

 

Enfans du premier lict.

 

Robert duquel sera parlé cy apres


Guy fut seigneur du Bois-du-liers qui luy fut baillé en partage, & ne laissant aucuns enfans, laditte seignbeurie retourna à son aisné ou à son nepveu. Il fut Chevalier de grand merite & reputation & fut grand Escuyer du Duc Jean sixiesme du nom, fils de Jean le Vaillant, auquel il fist de grands & signalez services en la guerre qu'il avoit contre le Duc d'Alençon son nepveu, qui avoit pris son Chancelier Jean de Malestroit Evesque de Nantes : de quoy voyez l'histoire de Bretagne, & comme ledit Duc Jean le recognoist par lettres données à Chasteau-brient, en date du tiers jour de Fevrier l'an 1431. Guillaume fut homme d'Eglise, & de luy ne se trouve autre chose Jean fut aussi homme d'Eglise, & fut laissé executeur du testament de sa soeur Anne, datté de l'an 1451/ & de luy n'ay leu rien davantage

 

Anne d'Espinay fille aisnée de Simon premier du nom sire d'Espinay & de Marie de la Frete, fut mariee trois fois. La premiere avec noble eEscuyer (qui fut depuis Chevalier) Guillaume de Lorgeri seigneur dudit lieu & du Bodou, fils de Messire Olivier seigneur desdits lieux, & de Marguerite Bodin, fille aisnee de la maison du Mottay, Eut quatre vingt livres de rente pour le droit paternel & maternel, ainsi qu'il sonste par le contract de mariage datté du 27 de Juillet l'an 1411. De ce mariage issit un fils appellé Symon, comme son grand pere maternel, duquel & de ses faits nous parlerons ailleurs. En secondes nopces Anne d'Espinay espousa noble homme George de la CIgongne, duquel elle eut un fils nommé Jacques de la Cigongne. En troisiesmes elle espousa noble homme Jean de Fontenailles, qu'elle laissa executeur de son testament, daté du 18 de Novembre l'an 1451.  avec Jean de Champeigné Chevalier seigneur de la Montaigne, & Jean d'Espinay son frere, & choisist sa sepulture en l'Eglise de nostre Dame de la Guerche prés le grand Autel, & ordonne qu'en celle Eglise soient dites mille Messes pour elle & ses amis trespassez, & cinq cents en l'Eglise de sainct Pierre de Vieseiche. Et au cas que lesdits executeurs ou l'un d'iceux ne voudroit pas ou ne pourroit executer sondit testament, elle laissa Reverend pere en Dieu Jean de Coetquis) Evesque de Renes, executeur principal de sondit testament, & luy oblige tous & chacuns ses biens meubles & immeubles, sauf ceux qu'elle a donnez, jusques à entier accomplissement dudit testament. Et afin qu'il le face executer, elle luy donne mille livres, à estre prins sur ses biens meubles & revenuz de ses terres & heritages. 

 

Messire Robert d'Espinay premier du nom, Chevalier, sire d'Espinay, de la Riviere, d'Escures, de la Marche, fils de Symon premier, & de Marie de la Frete, fut de la  maison & famille du Duc Jean sixiesme du nom, & assistoit son maistre lors qu'il fut prist en allant à Chasteauceaux avec peu de train car ceux de Peinthievre, qui l'avoient invité de les aller voir, le jour de Caresme prenant vingtiesme de Frevrier l'an 1420. Et fut blecé estrangementse mettant en devoir de deffendre sonfit maistre & Prince. En recompense duquel service le Duc luy donna cent livres de rente en assiete sur ses terres de Lambale & Moncontour, ainsi  qu'en font foy leslettres de don, par lesquelles il declare que c'est pour la recompense de sa blessure. Quelque temps apres il fut fait Chevalier, & du Conseil privé du Duc, & comme tel donna son advis pour bailler partage à Arthur de Bretagne frere d'iceluy  Duc Jean, ainsi que tesmoigne l'acte de ce fait au Chasteau de l'Ermine à Vennes, daté du 7. d'Aoust l'an 1422. rapporté en la Chronique moderne d'Argentré. L'an 1426. il succeda à sondit pere Symon premier, & depuis le Duc ke crea & institua grand Maistre de Bretagne, & luy donna & à ses hoirs & successeurs l'usage en ses forests de Renes, Liffré, & S.Aubin du Cormier, tant pour bastir que pour le chauffage & pasturage, par lettres donnees à Nantes le tiers jour de Mars l'an 1428. ledit Duc luy donna les biés que Messire Hardouin de Mainbie Capitaine de Chasteau-gonthier avoist en Bretagne, confisquez pour avoir suivy le party du Duc d'Alençon, seigneur dudit Chasteau-gonthier & de Poüencé, qui avoit pris le Chancelier du Duc Jean nommé Messire Jean de Malestroit Evesque de Nantes. Et le 25 de juin 1432. iceluy Duc Jean donna audit Robert d'Espinay une grande place gaste en la ville de Renes, vulgairement appellee la Vieille Monnoye, pour y faire bastiment & s'y loger si bon lui sembloit : de laquelle ville de Renes il estoit Capitaine & gouverneur. Ledit Messire Robert fut envoyé en ostage à la Fleche en Anjou de la part de son maistre vers ledit Duc d'Alençon seigneur dudit lieu de la Fleche, comme il s'atteste par lettres donnees à Renes, où il est mandé luy delivrere argent pur cet effect, & est desclaré par icelles, comme il avoit fait beaucoup de services à ses despends. Il mourut le dixneuviesme de Mars avant Pasques, l'an de grace mil quatre cents trente & huict, & fut inhumé au milieu du choeur de l'Eglise de Chapeaux, où on voit son tombeau enlevé avec cette inscription. Cy gist haut & puissany Messire Robert d'Espinay Chevalier, en son temps sire d'Espinay, d'Escures, de la Riviere, de Saudecourt, & de la Marche, grand Maistre de Bretagne, & premier Chambelan du Duc nostre souverain seigneur, qui deceda le XIX. jour de Mars, l'an de grace M.CCCXXXVIIII. Et est à noter, que celuy qui grava cette inscription, en laquelle il n'y a que trois CCC.(comme il se voist) en oublia un. Car il en faut quatre, comme l'ordre de l'histoire & des temps le nous apprend. Ledit Robert d'Espinay avoist epousé Jeanne de Montbourcher petite fille de Laval. Les nopces  s'en solenniserent au chasteau de Montejan. Il en eut deux fils, l'aisné appellé. Simon, & le puisné aussi appellé Simon, lequel fut tresorier de l'Eglise Cathedrale de Sainct Pierre de Renes

 

Fin de cette première partie de la généalogie d'Espinay. 

Messire Simon d'Espinay second de ce nom, Chevalier, fils de Robert premier & de Jeanne de Montbourcher, par ses revenus parvint à l'estat de grand Chambelan de Bretagne sous le Duc Jean 6. du nom. Marguerite de Chasteau-brient fut son espouse, laquelle maison est fort signalée, tant en Bretagne qu'en France, comme on peut le voir cy-dessus, estant l'une des premieres & grandes Baronnies de Bretagne. Il mourut avant son pere, laissant un fils de ladicte espouse, nommé

     

Messire Robert d'Espinay second de ce nom, Chevalier, fils de Symon second & de Marguerite de Chasteau-brient, fut seigneur d'Espinay, de la Riviere, d'Escures, du Bois-du-liers, de la Marche, de Sauldecourt, succedant à son aïeul Robert premier du nom, audit an 1438. Il fut aussi grand Maistre d'hostel de Bretagne, & Conseiller des Ducs Jean & François premier de ce nom en leurs conseils d'Estat & privé, & comme tel, en l'an 1445. le 14.jour de Mars, que ledit Duc rendit l'hommage simple pour son Duché de Bretagne, & lige pour sa Comté de Montfort l'Amaury, & sa seigneurie de Neaufle le chasteau, & autres qu'il avoit en France, au Roy Charles septiesme du nom son oncle estant à Chinon, il assista son Prince, & fut present audit hommage avec Raoul de la Moussaye Evesque de Dol, de Jean Pregent Evesque de S. Malo, Jean Hingant seigneur de Hac, & Pierre de la Marseliere aussi Chevaliers. L'an mil  quatre cents quarante huict apres la prise de Foulgeres par les Anglois, le Duc pour lr recouvrement de la place, & pour celle du Duché de Normandie pour le Roy de France, fist une estroitte alliance & confederation avec ledit Roy Charles 7. pour faire la guerre aux Anglois. Laquelle association fut juree & signee par les grands seigneurs tant de France que de Bretagne, & entre autres par celui-cy, comme l'un des plus auctorisez, prenant ceste qualité : Sire Robert d'Espinay, seigneur d'Espinay, de la Riviere, d'Escures,  de Sauldecourt, de la Marche, grand Maistre de Bretagne. Lequel acte se voit à la Chambre des Comptes de Nantes. Auquel recouvrement de Normandie & prince de Foulgeres, qui fut faict par ledict Duc François, assisté de son oncle Arthur Comte de Richemont Connestable de France, ce seigneur fist de grands & signalez exploits de guerre. Ce qui le fist de plus en plus engraver en l'amitié de son Prince, & se trouverent plusieurs lettres missives au Thresor de ceste maison, comme le Duc recommande ses enfans apres sa mort au Pape Nicolas cinquiesme. Il assista aussi au pourparler de la paix entre le Roy  Charles 7. & le Duc François d'une part, & le Roy d'Angleterre d(autre, & fut envoyé en ostage en Angleterre par lesdits Roys & Duc. Il servit quatre Ducs, sçacoir Jean 6. du nom, François premier, Pierre second son frere, & Arthur second leur oncle.Il espousa Marguerite de la Courbe fille unique & seule heritiere de Messire Pierre de la Courbe, Chevalier, & de Jeanne de Denee, fille de Messire Jean de Denee & d'Olive d'Erbree, lequel Messire Pierre de la Courbe estoit fils d'autre Pierre de la Courbe, & de Jeanne Gaste Dame de la Saudecourt, ausquels ladite Marguerite succeda Ladite Dame grande Maistresse de Bretagne tenoit le quatriesme rang entre les Dames qui furent aux fiançailles de Madame Marguerite de Bretagne fille aisnee du feu Duc François premier, faites solennellement à Vennes par le Duc Pierre, en presence des Estats, avec Monsieur François de Bretagne, Comte d'Estampes, qui fut depuis Duc de Bretagne. D'Argentré le rapporte de mesme. Du temps dudit Robert second du nom sire d'Espinay & de la Riviere, grand-Maistre de Bretagne, & de sadite femme Marguerite de la Courbe, l'Eglise parrochiale de Champeaux estoit fort vieille, caduc & ruineuse. Non loig de laquelle les sires d'Espinay & de la Riviere avoient une chapelle dediee à l'honneur de Dieu & de la Magdelene, qui leur servoit de tombeau & de lieu de sepulture : laquelle ledit Robert feit rebastir tout de neuf, l'agrandit & amplifi& en la façon qu'elle est aujourd'huy, feit aussi bastir & esdifier des maisons, & les fit enclorre & cerner de bonnes & fortes murailles, pour loger cinq Chapelains & un Doyen, qui priassent Dieu en icelle Eglise pour luy & ladite femme, & ses successeurs, & pour les ames de ses predecesseurs, sieurs & Dames d'Espinay & de la Riviere, y celebrans journellement le divin service, comme grandes Messes & Heures Canoniales, à la façon des Eglises Cathedralles & Collegiales. Et d'autant que ladite Eglise parochiale de Champeaux estoit ruineuse & caduque, comme sit est, & pauvre, Guillaume 6. du nom surnommé Brillet, Evesque de Renes, à la priere & requeste dudit Robert, transporta en ladite nouvelle Eglise de la Magdelene, & l'ordonna & institua en Eglise Parochiale. Et le Pape Eugene 4. du nom par ses bulles donnees à Florence l'an 1441. la 15. Calende de Mras( c'est le 15. de Fevrier) l'an II. de son Pontificat, à la priere dudit Messire Robert d'Espinay, crea lesdits Chapelains Chanoinbes, erigea lesdites Chapelenies en prebendes, & ladite Eglise en Eglise Collegiale, comme on la voit aujourd"huy, annexant à chacun e prebende une Eglise Parrochiale, desquelles celle de ladite Magdelene de Champeaux seroit unie & annexee au Doienné d'icelle Eglise Collegiale, à condition que quiconque seroit Doien de ceste Eglise, seroit aussi Recteur de la Paroisse & en percevroit les dismes, & autres fruicts & recenuz, & aux cinq autres prebendes furent annexees cinq autres cures, sçavoir les cures & Paroisses de sainct Jean sur Villaine, de Guipeel, de sainct Mervé, de Vergeal, & de Monstreul sur Perrouse. Et donna ledit Pape Eugene commission ausit Guillaume Evesque de Renes, de mettre en execution le contenu de sesdites bulles. Ce qu'il feit l'an 1447. Toutes lesquelles choses furent confirmees & approuvees par les Papes Nicolas 5. par ses bulles donnees à Rome l'an 1448. 3 Calendus Maÿ, c'est le 29. d'Avril. Sixte 4. & Leon 10. lesquels octroyerent beaucoup de beaux privileges audit College. Du mariahe dudit Robert  2. & de Marguerite de bla Courbe issirent plusieurs enfans, sçavoir
Richard l'aisné
Jacques
Eustache
Andre
Robert
Arture &
Anne. Desquels nous parlerons cy apres, & premierement de Jacques

 

Jacques d'Espinay second fils de Robert 2. du nom sire d'Espinay, & de Marguerite de la Courbe, dès son jeune aage s'adonna à l'estude des bonnes lettres, & cy fist tel progrez, profit & avancement, qu'il devint tres-sçavant en toutes sortes de sciences. Il estoit sage & discret, prudent en conseil, & grave en ses moeurs, lesquelles vertus le rendirent aymé des Ducs Jean 6. du nom, François premier, & Pierre second son frere, qui le receurent de leur conseil privé : & sur tous il tenoit grand rang aupres du Duc François premier, avec un Gentil-home nommé Messire Jean Hingant seigneur du Hac, qui tenoient & possedoient l'affection de leur Prince, luy faisoient faire ce qu'ils vouloient, & le tenoient en rigueur contre son frere Messire Giles de Bretagne, come on disoit, & l'histoire le rapporte. Nostre Jacques par le merite de son sçavoir & autres verus, acquist la cognoissance, & eut l'honneur d'estre cogneu & aymé du Pape Nicolas 5. du nom, grand amateur des gens doctes& vertueux, qui vint au Papat le treziesme de Mars l'an mil quatre cents quarante & sept, & presida huict ans 19. jours; laquelle amitié & faveur du Pape luy servit beaucoup depuis, lors que quelque calomniateurs & courtisans jaoux de la vertu qu'ils voyoient luire en cet homme, & marris du bon oeil duquel il estoit veu par son souverain, tasherent ç luy faire encourir l'indignation du Duc Pierre second; sa Saincteté luy fist l'honneur d'escrire en sa faveur audit Prince une lettre excusant ledit d'Espinay, & remonstrant audit Pierre que c'estoient oures calomnies qu'on luy rapportoit, que ledit d'Espinay eust entretenu le different entre le feu Duc François premier, & Monsieur Giles de Bretagne son frere. Apres le decez de Pierre Piedru Evesque de S.Malo, ledit Jacques d'Espinay, & Jean l'Espervier furent esleuz à cet Evesché  en controverse, dont s'ensuivit procez entr'eux qui dura long temps, & enfin l'an 1453. le Pape Nicolas par lettres datees du 27. de juillet audit an, transfera Messire Jean de Coetquiz sz Renes à l'Evesché de Treguer, lequel en vertu desdites lettres en print possession par Procureur, le 16. de Mars de l'an suivant qu'on disoit 1454. Et le jeudy d'apres le Dimanche de la Passion unziesme jour d'Avril audit an, il fist son entree Episcopale en ladite ville & Eglise de Treguier...

 

Eustache d'Espinay, seigneur de Treves, grand personnage, fut l'un des Ambassadeurs du Duc François second du nom vers le Roy Louys unziesme l'an 1458. avec son frere Jacques Evesque de Renes, l'an 1476. fut Conseiller au privé Conseil du Dic, & choi pour estre du nombre de ceux , qui donnerent leur advis pour accorder ledit seigneur Duc & Jean de Chaalons Prince d'Orange son neveu sur la demande de partage qu'il faisoit ausit Duc. Lesquels luy fut baillé, ainsi qu'il est tesmoigné par l'acte qui en est en la chambre des Comptes de Nantes.

Messire André d'Espinay, fut seigneur de la Courbe, & apres la mort de son grand oncle Guy d'Espinay grand Escuyer, seigneur du Bois-du-liers decedé sans enfans, ladite terre & ses appartenances luy furent baillees pour augmentation de son partage. Il suivit les armes en son jeune âge, & fut faict Chevalier, puis se feit d'Eglise. Car il avoit fort bien estudié, & fust Scholastique en l'Eglise de sainct Pierre de Renes, & fist une fondation à Champeaux, de laquelle il est faict mention au testament du grand Guyon son neveu.

 

Robert d'Espinay cinquiesme & dernier fils de Robert, second & de Marguerite de la Courbe, fut Tresorier & Chanoine de l'Eglise de sainct Pierre de Renes, & eut plusieurs autres benefices.

 

Arture d'Espinay fille aisnee de Robert 2. & de Marguerite de la Courbe, fut mariée avec Messire Jean de la Houssaye, fils aisné de Messire Eustache de la Houssaye, Chevalier, seigneur de la Houssaye, & de Raulcon, le 24. de Juillet l'an 1435. Ledit Jean deceda avant son pere Eustache, & laissa un fils de ladite Arture d'Espinay nommé Raoulet, qui succeda à son grand pere.

 

Anne d'Espinay fut mariee deux fois, la premiere avec Messire Jean Buffon seigneur de Gazon, duquel mariage issit Robert Buffon. La seconde avec noble homme Jean le Seneschal fils de Messire Pierre le Seneschal, sieur du Rocher Seneschal, duquel elle eut Jeanne le Seneschal mariee avec noble homme Jean Eder seugneur de Beaumanoir Eder. Ladite Anne d'Espinay eut pour son partage cent livres de rete en assiette, sur les lieux du Val, de la Gallerie, & de la Gedouiere.

 

Messire Richard d'Espinay, Chevalier, fils aisné de Robert second & de Marguerite de la Courbe, succeda à sondit pere, & fut Chevalier de grand merite, adroit aux armes, sage & vertueux Seigneur, & merita d'estre Chambellan du Duc François second du nom.Il espousa en premieres nopces & du vivant de son pere Marie Gouion fille de noble & puissant Jean Gouion seigneur de Matignon & de Marguerite de Mauny sa compagne, Dame de Torrigné, le 16. jour de Septembre l'an 1433. duquel mariage n'y eut enfans. Et apres, sçavoir le 13. de Septembre 1435. son pere vivant encor il espousa en secondes nopces Beatrix de Montauban fille de deffunct Messire Guillaume sire de Montauban & de Landal, & de Bonne Visconte fille aisnée & heritiere  par la mort de ses freres & soeur de la maison des Ducs de Milan, si son heritage n'eust point esté usurpé sur elle. De ce mariage sortit une tres belle, tres noble, & vertueuse lignee (sçavoir
Guyon d'Espinay.
Andre d'Espinay.
Jean d'Espinay l'aisné.
Jean d'Espinay puisné.
Guillaume d'Espinay                                                                            

Jacques d'Espinay.
François d'Espinay.                                                                         

Renee d'Espinay. &
Jeanne d'Espinay. Desquels nous parlerons cy apres.
De la maison de Mautauban dont est issue Beatrix de Montauban du costé maternel, il en faut dire quelque chose en cet endroit. L'un des seigneurs de ceste maison nommé Estienne second du nom fils de Mathieu surnommé le Grand, & Bonocofa fille de Spartin seigneur de Milanois, espouusa Valentine fille de Bernardo de Spinule seigneur Genevois, de lquelle il eut deux fils entre autres, l'un nommé Bernardo Vicomte, l'autre Galeaz Viscomte, lesquels diviserent cette grande seigneurie esgalement. Beranrdo tenant son siege en la ville de Molan, & Galeaz à Pavie. Ce Bernardo fut riche & puissant seigneur, & en eut plusieurs guerres contre ses voisins. Il espousa Beatrix fille de Martin Prince de Verone, de laquelle il eut cinq fils & neuf filles, qu'il maria à de Grands Princes...

 

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Andre d'Espinay, second fils de Richard sire d'Espinay & de Beatrix de Montauban, fut premierement Prieur de S.Martin des champs de l'Ordre de Cluny à Paris, puis fut creé Archevesque d'Arles l'an 1476. par le Pape Sixte 4. du nom, qui estoit de l'Ordre de Saincy François, apres le decez de Philippe de Leuy-Archevesque dudit Arles, & Cardinal du titre de Sainct Marie Majeur, qui estoit decedé à Rome audit an le 9. de janvier. Apres il fut Archevesque de Bordeaux il fut créé Cardinal Orestre des saincts Silvestre & Martin des montagnes, du titre d'Equitius, par le Pape Innocent 8. l'an 189. le 14. de Mars, à la premiere creation des Cardinaux faites par ledit Innocent, & fut appellé le Cardinal de Bordeaux..Ce Prelat mourut à Paris l'an 1500...

 

Jean d'Espinay l'aisné 6. fils de Richard sire d'Espinay & d Beatrix de Montauban, fut premierement pourveu de l'Evesché de Mirepoix par le Pape Innocent 8. l'an 1485/ & depuis de celuy de Nantes par le Pape Alexandre 6. l'an 1493. & ce apres le decez de Robert d'Espinay son frere aussi Evesque de Nantes. Il fut homme de grand entendement, & fort e docte, & tenoit le party du Roy Chatles 8. La cause pourquoy ces Prelats avoient abandonné le parti du Duc, estoit pour l'injustice & injure faite à leur oncle Jacques d'Espinay Evesque de Renes qui avoit aidé à les eslever comme estant vrayement nobles ne pouvoient qu'ils n'eussent ressentiment d'une telle meschanceté.

Guillaume d'Espinay autre fils de Richard sire d'Espinay & de Beatrix de Montauban fut premierement Doien de Nostre Dame de Cleri, puis Evesque de  Laon.

 

Jean d'Espinay, le jeune, autre fils dudit Richard & Beatrix fut premierement Scolastique & Chanoine de sainct Pierre de Renes, & en l'an 1482. il fut pourveu par le Pape Sixte 4. de l'Abbaye de Aquanius, Aiguevive de l'Ordre de S.Augustin au diocese de Tours, & depuis fut Evesque de Valence en Daufiné, & en fut Prelat fort docte.

 

Robert d'Espinay, autre fils desdits Richard & Beatrix fut premierement Tresorier & Chanoine de sainct Pierre de Renes puis fut pourveu de l'Evesché de Nantes par le Pape Innocent 8. l'an 1488. en septembre, gouverna l'Evesché cinq ans, & mourut l'an 1493.

 

Messire Jacques d'Espinay, Chevalier, autre fils desdits Richard & Beatrix fut seigneur  d'Ussé & de sainct Michel sur Loire, & espousa une Dame de laquelle je n'ay trouvé le nom, qui estoit Dame de Moncontour en Poictou, & en eut un fils nommé Charles, qui fut seigneur desdits lieux d'Ussé, Moncontour, & sainct Michau sur Loire. Il y a encore maintenant plusieurs qui sont issus de ce puisné, qui portent le nom d'Espinay, & se sont alliez en de bonnes maisons au pays de Touraine & de Poictou, comme en celle des Barons & des Comtes de Cricé, & autres..

 

Françoise d'Espinay, fille aisnée desdits Richard & Beatrix fut mise en religion en l'Abbaye Sainct Georges de Renes, de laquelle elle fut Abbesse...  

 

Jeanne d'Espinay, fille desdits Richard & Beatrix, fut mariee avec Messire Jean de Chasteau-brient seigneur de Beaufort, du Plessix Bertrand, & de Marie d'Orenge, Dame dudit lieu, duquel mariage issirent deux fils, l'aisné nommé Guillaume, le puisné  nommé Jean, qui fut Escuyer du Roy Charles 8. & Capitaine de Meulan.

 

Noble et Puissant Guy Sire d'Espinay I de ce nom, seigneur  de la Riviere,  de l'Escures,  de la Marche, de Serigné, de Villiers-le-Bocage, d'Estiau, Baron de Monfiquer, fils aisné de Richard & de Bonne Vicomte de Milan,  fut dit & appellé le grand Guyon , pour ses grandes vertus & vaillances & fort renommé pour sa magnanimité, proüesse, & actes genereux, & fut Chambellan du Duc François second du nom qui l'employa souvent en ses plus grandes affaires, d(autant qu'il estoit fort vaillant au fait des armes, & hommes de conseil & grand jugement, pour raison dequoy le Duc l'envoya pour traiter la paix avec le Roy Charles 8. Il poursuivit la justification de deffunct Messire Jacques d'Espinay son oncle, Evesque de Renes, envers le Duc, & l'obtint, & le Duc s'obligea à luy de payer vingt mil escus pour la reparation des torts & injures qui avoient esté faits audit Evesque, duquel il estoit heritier.  Il mourut au service du Roy Louys douziesme du nom, Duc de Bretagne, son souverain seigneur à cause de sa femme la Duchesse Anne, le second jour de May l'an 1501.
Ysabeau Gouion fut la femme espouse  dudit Guyon d'Espinay, & estoit fille de noble & puissant Jean Gouion seigneur de Matignon, & de Marguerite de Mauny Dame de Thorigné, & eut en partage la terre d'Espinay par le moyen de ceste alliance. Quand à la maison de Matignon, c'est une des bonnes & anciennes de Bretagne, & qui a produit autant de braves & hardis Chevaliers, Capitaines, & chefs de guerre, Gouverneurs de villes, Provinces, & mesme des Mareschaux de Bretagne, & de France, qu'autre qui soit en ceste rovince. Desquels je ne diray davantage en ce lieu, d'autant que j'en parleray ailleurs plus amplement, & à desseing. Du mariage du dit Guy premier & d'Ysabeau Gouion ne sortit qu'un fils nommé Henry, duquel il nous faut parler

 

fin de la deuxième page..


 

Messire Henry d'Espinay fils unique & seul heritier du grand Guyon & d'Ysabeau Gouion, seigneur fort valeureux, fist de grands & signalez services aux Rois de France Charles 8. & Louys 12. Ducs de Bretagne à cause de la Duchesse Anne, par lesquels il merita d'estre du conseil & Chambellan dudit Roy Louys : comme l'on voit par les lettres de sa majesté donnees à Angers le cinquiesme de Fevrier l'an premier de son regne, scellees du grand seau. Il espousa Catherine d'Estouteuille, fille de hault & puissant Messire Michel d'Estouteuill, & de Marie de la Roche-Guyon, duquel mariage sortit une tres-belle-lignee, qui a fleuri avec autant de bon heur de son temps, sçavoir,
-Nicolas.
-Guy.
-Jean l'aisné.
-Robert.
-Jean le jeune.
-Giles.
-Magdelene.
-Anne. &
-Perrette d'Espinay. Desquels nous parlerons cy apres particulierement. Ledit Henry mourut le 2. jour de Decembre, l'an 1506. & ladite Catherine sa femme l'an 1521.
 

-Nicolas d'Espinay fils aisné de Henry & de Catherine d'Estouteuille, ne fut marié, & fut tué aux guerres d'Italie l'an 1507. qui fut grand dommage. Car il promettoit beaucoup de sa personne. Par sa mort Guy son frere puisné devint aisné, duquel nous parlerons cy apres.
 

-Jean d'Espinay l'aisné fut homme docte, s'adonna à l'Eglise & fut Prieur commendataire de Sainct Nicolas de Senlis & de Lammur, & Chanoine de la saincte Chapelle de Paris

 

-Robert d'Espinay Docteur aux droicts, Prothonotaire du sainct Siege Apostholique, homme tres doicte & de grand entendement, fut employé en de tres beaux & grands affaires. Il fut familier & commençal du Pape Clement 7. comme il declare par la bulle donnee à Rome le jour des Calendes de Mays 1525. & de son Pontificat le second. Eut les benefices qui s'ensuivent, & fut chantre de Renes, Abbé de sainct Crespin le Grand lès Soissons, Prieur de nostre Dame près Dol, de sainct André du nom près de Bordeaux en Gascogne, de Gahars, de sainct Jacques de Becherel, & de sainct Martin du Vertou. Ce personnage fut fort recherché pour le mariage de l'heritiere d'Estouteuille sa cousine, y ayant beaucoup de pouvoir. La mere ne faisoit rien sans luy demander avis & consil. Le grand Roy François la vouloit faire espouser au Marquis d Saluces Prince estranger, qui fut cause que sa Majesté envoya querir ledit Prthonotaire d'Espinay, & le blama de ce qu'il s'oppoit à ses dessesins. Mais apres que ce digne personnage luy eut declaré ses raisons justes, ladite Majesté s'accorda, que le Prince de Longueuille l'espousast. Des enfans duquel il fut curateur apres la mort du Prince, comme on voit par lettres qui sont au Tresor d'Espinay


 

-Jean d'Espinay le jeune, Chevalier, fut seigneur du Bois-du-liers & de la jartiere. Lesquelles terres luy furent baillees en partage par Guy d'Espinay son frere aisné. Il espousa Radegonde des Defers, Dame de Camor, de Moreac, & de sainct Paoul, fille de Louys des Defers seigneurs desdits lieux, President & juge universel de Bretagne. De laquelle il eut un fils nommé Claude d'Espinay, qui succeda à son pere decede le 15. jour d'Octobre l'an 1537. & duquel ladite Radegonde sa mere fut garde & tutrice, & vivoit encor l'an 1547. le 9. d'Octobre.

 

-Messire Giles d'Espinay eut la terre & seigneurie de Viliers le Bocage en partage, fut nourri Page de la Royne Claude Duchesse de Bretagne, dont il fut retiré par Bonabes de Pocé seigneur de Masfray, qui le maria avec Arture de Pocé sa fille & heritiere au non sçeu de  ses parents, qui ne fussent jamais accordez.

 

-Magdelene d'Espinay fille aisnée de Henry d'Espinay, & de Catherine d'Etouteuille fut mariée avec noble & puissant Messire Nicolas de Mathan seigneur dudit lieu, de Semilly, de Coulonges, de Long-villers, de sainct Martin de Villers. Duquel mariage issirent Joachim de Mathan seigneur desdits lieux, & Jacquemine de Mathanlaquelle fut mariée avec noble homme Eustache Marquier seigneur de la Gailleulle, de Moucon, & de Treger. Les nopces faites par Guy d'Espinay 3. du nom en son chasteau d'Espinay : apres, les espousailles celebrees en l'Eglise Collegiale de la Magdelene de Champeaux, le Dimanche 19. de Fevrier 1549. Duquel mariage est issuë Louyse Marquer Dame desdits lieux, & N. Marquer femme du seigneur des Landes & de Maupertuis...

 

-Anne d'Espinay, seconde fille, fut conjointe par mariage avec noble & puissant Jacques de Beauvau-Ligny, seigneur dudit lieu de Ligny, & de Lernay en Anjou, & de Passavant en Lorraine. Le contract de mariage & fiançailles furent faites au chasteau d'Ussé sur Loire, le 22. de Septembre 1511, en presence de noble & puissant Guy sire d'Espinay son frere, de Messire Jacques d'Espinay Chevalier, seigneur dudit Ussé, & de sainct Michau sur Loire, & de Messire Charles d'Espinay Chevalier, seigneur de Moncontour, fils dudit Messire Jacques d'Espinay...

 

-Perrette d'Espinay fut Religieuse à  sainct George de Renes, & Abbesse apres le decez de Roberde Buffon qui fut le 25. de juillet, l'an  1511. & ladite Perrette deceda l'an suivant 1522. le 4. jour d'Octobre

 

-Messire Guy d'Espinay second du nom, fils aisné de Henry & Isabeau Gouion par la mort de son fere Nicolas, fut sire d'Espinay, seigneur de Segré, d'Escures, de Sauldecourt, Serigné, Maumusson, la Marche, Estiau, Villers-le-Bocaige, Baron de Montfiquet, Chevalier fort vertueux & aussi accomply Gentil homme qu'autre de son temps, docte & sçavant aux lettres, ayant les langues Grecques & Latines aussi familieres que celles de sa naissance, n'ignoroit aucune science vertueuses, estan Orateur, Philosophe, Astrologue, & geometrien, estoit fort vaillant & bien adroit aux armes : bref il estoit aussi accomply que personne de sa qualité. Ses rares vertus le firent approcher de fort pres les Roys & Roynes de France, ses souverains, estant grand Eschanson de la Royne Claude, l'ayant esté auparavant de la Royne Anne, Duchesses & heritieres de Bretagne. Le Roy Louys 12. aiant deliberé de passer les monts des Alpes pour aller recouvrer le Duché de Milan qui luy estoit escheu commes estant petit fils de la Princesse Valentine Viscomte, fille de Jean caleaz, & soeur  de Philippe dernier Duc de Milan, apres la mort dudit Philippe decedé sans enfans. Les seigneurs de ce Royaume firent leur devoir d'assister leur Roy en un si beau voyage. Ce seigneur d'Espiny Guy 2. estoit party de sa maison avec un si bel equipage pour faire ququelque service digne de sa valeur à son Prince. Mais estant près de sa Majesté il fut commandé d'elle, demeurer aupres de la Royne Anne, comme il est porté par lettres d'estat de sadite Majesté du 8. juillet 1511... Ce sire d'Espinay fonda la Chapellenie du Diacre de l'Eglise de Champeaux, & fist bastir la Chapelle de S. Abraham, où il ordonna estre dite une Messe par sepmaine, & qu'il fust fait tous les ans trois processions solennelles par les Chanoines & Chapelains de ladite Eglise de Champeaux à ladite Chapelle, & à celle de sainct Job, aussi faite & construite par luy. Il fist par devotion le voyage de Monsieur sainct Claude;
Il eut pour compagne espouse Françoise de la Ville-blanche fille aisnée de Messire Jean de Ville-blanche & de Catherine du Chastelier sa compagne sieur & Dame du Plessix-Baliçon, du Chastelier d'Ereac & de Plusquallec. Ledit Jean fils de Messire Pierre de Ville-blanche Chevalier sire de Martigné-Ferchault, de Broon, du Bagaz, & de Muamusson, qui estoit fils de Messire Henry de Ville-blanche, seigneur desdits lieux, & grand Maistre de Bretagne. Desquelles maisons, seigneurs & seigneuries nous avons parlé cy devant. Le contract de mariage fut fait le premier jour de Septembre l'an 1509. Duquel mariage ne sortit qu'un fils nommé Guy troisiesme du nom. Ladite Françoise avoit deux freres & une soeur, le frere aisné nommé Claude estoit seigneur de Broon & de Maumusson, de Martigné-Ferchaut, de Plusquallec, du Chastelier d'Ereac & de Brancian en Lanrelas, de la Porte & du Mesnil en Anjou. Et pour ne sçay quel despit qu'il conceut contre son neveu Guy 3. fils de sa soeur, il vendit à Anne de Montmorency grand Maistre, puis Connestable de France, les terres & seigneuries de Martigné-Ferchaut, de la Porte, & du Mesnil, & luy transporta par titre de donation celles de Callac, du Chastelier, & de Brancian. A raison de quoy apres le decez dudit Claude de Ville-blanche y eut procez entre les maisons d'Espinay & de Monmorency, ainsi que dirons encor cy apres. A raison de quoy apres le decez dudit Claude de Ville-blanche y eut procez entre les maisons d'Espinay & de Monmorency, ainsi que dirons encor cy apres Le second frere de Françoise de Ville-blanche fut nommé Antoine, qui fut Chevalier, & eut les terres & seigneuries de Callac & de Plusquallec, lesquelles retournerent à son aisné, par ce qu"il mourut avant luy & sans enfans. Dame Françoise de Ville-blanche fist aussi testament à Renes le second jour d'Octobre l'an  1518. en laquelle année elle mourut. Par lequel elle assigna au Diacre de Champeaux aux trente six livres de rente sur la terre de Maumusson, qui luy avoit esté baillé pour partie de son partage. Ledit sire d'Espinay fist aussi testament le cinquiesme de Juin l'an 1522. par lequel il ordonna estre inhumé en l'Eglise de Champeaux, & porté en terre par six de ses mestaiers, à chacun desquels il donna deux aulnes & demies de drap noir pour faire une robbe, & aussi une mine de bled segle

 

Messire Guy d'Espinay 3.du nom, fils de Guy second & de Françoise de Ville-blanche, sire d'Espinay, seigneur de Segré, d'Escures, Sandecourt, Broon, Serigné, Maumusson, Estiau, la Marche, Villers-le-bocaige, Baron de Montfiquet, Comte en partie de la Roche Guyon, & de Rochefort, & en partie Baron d'Auneau, lesquelles terres & seigneuries il tint & posseda l'espace de 29. ans, & les gouverna tres-sagement. Ce fut un brave & sage seigneur, & l'un des plus beaux & adroicts Gentils-hommes de son temps, l'un des mieux disans pour la langue Françoise, & grand historien, fort affable & debonnaire, aymé & respecté en sa Province. Il deceda le second jour d'Aoust l'an 1551. Il estoit devenu héritier par representation de sa mere Françoise de Ville-blanche de Messire Claude de Ville-blanche, frere de laditte Françoise, lequel estoit seigneur de Brancian, de Calac, de Plusquallec, de Bagaz, de Maumusson, de Plessis-au-noir, de la Porte, & du Mesnil, & autres seigneuries belles & grandes, mais à tort & sans cause il en frustra ledit sire d'Espinay son neveu & heritier, faisant dont de tout son bien à Anne de Montmaurency grand Maistre, puis Connestable de France, dont y a euprocés entre la maison d'Espinay & celle dudit Connestable : mais en fin il y eut accord par lequel ledit Guy d'Espinay eut Broon Troncho, la Porte, le Mesnil, & le Plessis-au-noir, & ledit Connestable eut le reste, qui montoit à la somme de quinze mil livres de rente alors

Louise de Goulaine fut espouse & compagne dudit Guy 3. du nom, qui estoit l'une des sages, vertueuses, habiles, & honnorables Dames de son temps : qui a eslevé & nourri huict enfans, sçavoir, Jean, Charles, Louys, Anthoine, Philippes, Renee, Claude d'Espinay. La dite Dame issuë d'une tres bonne , grande, illustre, ancienne, & bien riche maison situee en l'Evesché de Nantes, les seigneurs de laquelle ont print alliance és meilleures maison   non seulement de leur patrie, mais aussi en Frane, & ont faict de grands & remarquables services, non seulement aux Ducs de Bretagne, mais aussi aux Roys de France & d'Angleterre, en tesmoignage desquels lesdits Roys leur ont donné moitié de leurs armes, sçavoir une fleur de lis entiere, & une demie & trois demis Leopards. Elle estoit fille de Messire Christofle de Goulaine, Chevalier, seigneur dudit lieu & de Claude de Montejan, ledit Christofle fils d'autre Christofle aussi Chevalier seigneur de Goulaine, & du Tour Gasselin & de Louyse de Jumeliere... .

 

Charles second fils desdits Guy & Louise de Goulaine, employa si bien le temps en sa jeunesse a l'estude des bonnes lettres & disciplines, qu'il devint fort sçavant. Il fut premierement Chantre de l'Eglise Cathedrale de sainct-Pierre de Renes, puis Abbé commendataire des Abbayes du Tronchet & de S. Guydas des Boys, Prieur de Guchard & de Becherel...Il mourut en l'an 1591. au mois d'Octobre, au grand regret de tous les gens de vertu. Son corps est enterreé en son Eglise Cathedrale de sainct Samson de Dol, où il a honnorable & riche tombeau enlevé & son coeur en l'Eglise de la Magdelene de Champeaux, selon qu'il l'avoit ordonné par testament

   

Messire Louys d'Espinay troisiesme fils, seigneur de la Marche, Marquis de Vaucouleur, Chevalier de l'Ordre du Roy, a esté seigneur fort sage & vertueux, adroit aux armes, homme fort pieux & debonnaire, qui s'est montré fort charitable, pendant les miserables guerres de l'union, ayant employé ses biens &  mis au hasard sa vie pour la conservation de ses sujets & de de tout son pays. Ce seigneur a esté marié en premieres nopces avec Anne de Guité heritiere de Vaucouleur, d'Evignac, Plumaugat, Clunuhault, & autres terres.
Des predecesseurs de laquelle, qui portoient d'azur à la croix d'argent plaine, je rapporteray en ce lieu ce que j'en ay trouvé par mes recherches . 

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