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16 décembre 2015 3 16 /12 /décembre /2015 19:15

Le droit d'enfeu sucita très fréquemment des disputes et procédures entre les représentants de l'aristocratie et aussi de la bourgeoisie. C'est ce qui donna lieu à la fin du XVe siècle à l'intervention de monseigneur Christophe de Penmarc'h, évêque de Saint Brieuc, dénonçant dans un courrier, semblables abus, allant jusqu'à menacer d'excommunication au sein de son diocèse tous eux qui se livreraient à semblales abus.

Nous avons de nouveau entendu dire que parmi nos sujets beaucoup de nobles et de puissants, et un grand nombre d'autres, oublieux du salut de leurs âmes et contempteurs des commandements de Dieu et des censures de notre sainte mère l'Eglise, s'efforcent tous les jours indûment et injustement d'obtenir et d'établir des sépultures, des tombeaux avec et sans armes. Ils prétendent avoir le droit de sépulture pour eux et pour eux seuls avec exclusion de tous les autres, dans les églises paroissiales de notre ville et de notre diocèse, alors même que ni eux ni leurs prédécesseurs n'ont jamais eu un titre légitime à ces privilèges. Tout cela met leurs âmes en grand danger et porte un très grave préjudice à nous et à chacune de ces églises paroissiales. C'est pourquoi, par la teneur de ce présent statut édicté par nous, nous enjoignons et ordonnons à tous et à chacun de nos sujets, sans distinction de conditions, d'état ou de rang, d'avoir à se conformer à nos ordres et décrets quinze jours après en avoir eu vraisemblablement connaissance. Nous leur défendons sous peine d'excommunication et d'une amende de cent marcs d'argent, d'établir désormais des monuments funéraires, des tombeaux, d'usurper indûment et injustement des droits de sépulture, d'en user d'une façon quelconque et subrepticement, avant de nous avoir montré en bonne et due forme les titres sur lesquels ils prétendent s'appuyer pour élever ces monuments et tombeaux et exercer ces droits de sépulture. Si, au mépris de notre présent décret et de l'institution catholique, ils agissent autrement, qu'ils sachent, ces contempteurs, que tous sans exception encourent par le fait même l'excommunication. Nous ordonnons et nous prescrivons sous les mêmes peines à tous et à chacun des recteurs de nos églises, à leurs curés et à tous nos prêtres d'assurer l'observation inviolable de notre présent Mandement. 

Donné le 13e jour du mois d'octobre de l'année du Seigneur 1496

 

Ceux qui reçurent ce droit d'enfeu avaient dû à l'origine participer au financement ou aux travaux d'une église ou d'une chapelle. Ils furent ainsi récompenser par ce droit qui leur accordait la possibilité d'être inhumés dans des chapelles collatérales, dans le choeur, sous une pierre tombale armoriée désignée enfeu ou d'y être représenté sculpté (gisant). Le fait de disposer d'un fief avec haute, moyenne et basse justice ne donnait aucunement au droit d'enfeu. Ainsi, une procédure se déroula en la paroisse de Sévignac, où le possesseur de la seigneurie de Limoëlan fut débouté de semblable demande. En revanche, dans le pavé de l'église de Sévignac, du côté nord de l'évangile, figurait le tombeau de Pierre Ferré, autrefois sénéchal de Rennes, sr de la Ville-ès-Blancs, mort en 1466. La famille Ferré disposait aussi d'enfeu en la chapelle de la Ville-es-Blancs. Manifestement, la dite famille Ferré avait obtenu ce droit d'enfeu du fait de la présence d'une chapelle dite de la Ville-es-Blancs, pratiquée du côté nord de cette ancienne église de Sévignac. Du côté de l'évangile se trouvaient cinq autres tombes dont trois appartenaient aux anciens seigneurs du Plessix Gautron, les deux autres aux anciens seigneurs de Quenart (famille Couplière) S'agissant du droit d'enfeu en l'église de Broons, on sait que les possesseurs de la Motte-Bron, ceux de Brondineuf à Sévignac, les Milon de la Ville-Morel disposaient en cet ancien édifice de prééminence. Toutefois, s'agissant des possesseurs de la Ville-Morel, ils disposaient de droit d'enfeu en leur chapelle de Leslien. A Plénée, deux gisants dans la chapelle de la Moussaye, aménagée en l'église   

 

 

Le gisant de la femme ci dessus n'est pas identifié en revanche, ci dessous, on sait qu'il s'agit de celui de Amaury de la Moussaye, qui fut chambellan des ducs Pierre II, Arthur III & François II de Bretagne.

 

 

 

En l'église Notre-Dame de Jugon, des enfeus sont également visibles dans le transept. La famille Rouxel de Lescouët, qui possédait la terre de Perrouze est citée comme disposant d'enfeus en ce lieu. Ci dessous, deux des enfeus visibles à Notre-Dame de Jugon. 

 

 

 

Dans l'église de Trémeur on peut observer les armoiries de la famille de Kergu, il s'agit des armoiries de la Dame du Noday, à savoir Françoise de Kergu, mariée en 1535 à François Rolland, seigneur dudit lieu. C'est la famille Rolland du Noday qui disposait en l'église de Trémeur du droit d'enfeu

 

 

 

La famille qui posssédait la terre du Boüays-Robert en Trédias, disposait du droit d'enfeu en l'église dudit lieu. Ci dessous, armoiries de cette famille et aussi celle de la famille Millon de la Ville-Morel, Olivier du Boüays vivant vers 1450 avait épousé Marguerite Millon de la Ville-Morel

 

 

 

Alain de la Houssaye, compagnon d'arme de du-Guesclin et seigneur dudit lieu en Saint-Maden. Autre gisant en la même église de Saint Maden (ci-dessous, clichés du ministère de la Culture); autre enfeu avec armoirie même église.

 

houssays

 

 

 

Eglise de Saint-Jouan de l'Isle, enfeu avec armoiries de la famille de la Moussaye ainsi que la devise "honour à Moussaye" attribuée à cette maison par le duc de Bretagne Jean III. 

 

 

 

Eglise de Saint-Pern, armoiries de la famille du même nom, qui disposait en cette paroisse de la terre de Ligouyer (ci-dessous).

 

 

Eglise de Quedillac, enfeu de Mathieu de Quédillac mort en 1248, et de Amice de Quédillac, abbesse de Saint-Georges de Rennes, morte en 1274. Autre enfeu. (ci-dessous)

 

quedillac

 

 

 

 

A Caulnes, la famille Hay seigneur de Couëllan en Guitté disposait de sépulture (ci dessous)
 
caulnes
 
Eglise de Plouer sur Rance, la famille Gouyon disposait d'enfeus mais s'agit-il de ceux figurant ci-dessous (clichés réalisés par le ministère de la culture)

 

plouer

 

plouer

 

plouer

 

A Trégomar, gisants de Olivier de Le Voyer de Trégomar chambellan du duc de Bretagne François II, et de Alix de Mauny (ci dessous)

 

 

 

En l'ancien prieuré de Saint-Georges en Trémeur figuraient aussi les tombes des fondateurs, à savoir Geoffroy Le Voyer de Trégomar vivant en 1346, ancêtre de Olivier ci dessus, et de sa seconde épouse Renée Madeuc. (ci-dessous)

 

 

 

 

Plorec, enfeu à l'effigie d'une femme portant armoiries à mi-parti savoir de Plorec et de Broustal

 

plorec

 
A Tréfumel enfeu aux armes des Hingant, propriétaires du Hac en la paroisse voisine du Quiou (ci-dessous)
 
 
A Trévron, ce sont les armoiries Ruffier, possesseurs de la Gibonnais qui apparaissent sur l'église (ci-dessous à gauche)
 
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