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27 avril 2016 3 27 /04 /avril /2016 18:30

 

 

 

On sait le mépris dont était entourée la profession de cordier. Guillaume Sevestre « vivant cordier de profession » meurt au village de Quessedor en Maroué « dans la communion ecclésiastique, après avoir reçu le Saint-Sacrement d'Eucharistie, et l'Extrême-Onction et le jeudy suivant vingt-neuffiesme dudit mois (avril 1700) aurait été inhumé dans l'Eglise paroissialle dudit Maroué en présence du prestre du clergé et ayant grande messe chantée. Cependant les manants et habitants de ladite parroiesse de Maroué se seraient advisées de détairer le corps et cadavre dudit feu Sevestre et l'ont ignominieusement exposé dans un grand chemin ..."Les juges de Lamballe seraient dessandus et auroient fait d'abondant enterrer le dit cadavre en leur présence et du public de laditte parroisse; qui se serait formalisé d'une telle action, et le dimanche neufviesme de ce mois (mai), incontinent l'issue de la grande messe, après avoir chassé de ladite église les femmes des exposants et les avoir fort maltraités, et malgré le recteur de ladite parroisse et tout le Cierge ils auroient de force entré dans ladite Eglise et forcé là porte d'icelle quy avoit été fermée par ledit recteur et ont encore déterré ledit cadavre et enlevé dudit lieu, l'ont porté au village de Quessedor où il est actuellement, et comme par "arrest du vingtiesme mars 1681, la cour aurait condamné pareille entreprise des parroissiens de Saint-Garadec à ces causes, ledits exposants, etc. » (extrait des registres du Parlement). Les exposants, parents du défunt, sont mis sous la sauvegarde de la justice, et le Parlement ordonne la réinhumation du cordier. Les juges de Lamballe interviennent de nouveau et dans leur requête ils disent: « et par une forme toute contraire aux lois du christianisme l'exposant honteusement dans un grand chemin, comme un exçomunié ou plutôt comme un chien... et joignant le mépris au scandal et à a barbarie ils l'ont, en présence de plus de quatre ou cinq cents personnes qui les suivoient, porté de our en plein midy ledit, corps et exposé dans le grand chemin. » Voici enfin la sentence définitive, on frémit en voyant la date : -18 décembre 1700. «... le corps dudit Sevestre déterré depuis la réinhumation faite en notre présence sera une seconde foys réinhumé dans l'église dudit Maroué, fait défense aux habitants dudit Maroue, et à tout autre de le déterrer... » Il s'agit bien là d'une petite révolte causée par l'orgueil de ces gens qui se trouvaient humiliés de voir un cordier, lépreux sans doute, enterré avec leurs parents. Ces faits n'étaient pas absolument rares, l'extrait du Parlement en effet, fait allusion à celui de Saint-Caradec; Le Maout raconte un fait analogue arrivé à Planguenoual, non loin de Maroué.

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