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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 15:52

Si l'on en croit la légende, ce serait lors des invasions Scandinaves que cet éperon rocheux aurait joué un rôle lors du Xe siècle, un obscur Gouyon y aménagea un fort primitif. L'ensemble défensif que l'on observe à présent date en partie des XIIIe & XIVe siècle. L'endroit était désigné jadis Roche-Gouyon, il se trouvait à quatre lieues à l'ouest de Saint Malo. C'est Etienne III Gouyon qui fut à l'origine du réaménagement du site, mais ce chevalier qui avait été garde au castel de Jugon était également l'un des principaux alliés de Charles de Blois, adversaire de Jean de Montfort quand éclata la guerre de succession. L'endroit fut assiégé en 1379 par les troupes de du-Guesclin lorsque celui ci apprit le retour d'exil de Jean de Montfort. Ce dernier ayant obtenu la couronne ducale, il enleva le château à son possesseur, et ce n'est que lorsque fut signé le traité de Guérandes en 1382 que Bertrand III Gouyon, petit-fils de Etienne III retrouva possession de la forteresse ancestrale. Le 1er juillet 1449, Jean Gouyon obtint du duc François Ier de Bretagne, dont il était chambellan, un arrêt qui lui permettait de contraindre les nobles des environs de sa forteresse de la Roche Gouyon à s'y rendre, pour la garder des ennemis. L'ouvrage a été conçu en granit et en grés rose : un chatelet s'ouvre sur la barbacane, ce chatelet est muni du pont levis jadis protégé d'une herse. Un second pont levis aménagé au dessus du vide donne accès à la porte qu'encadrent deux tours, l'ensemble protège la cour. L'imposant donjon circulaire fut terminé vers 1465, une chapelle XVIIe, un four à rougir les boulets et le corps de logis du gouverneur se tapissent également au fond de cette cour. L'enceinte bordant l'ensemble fut aménagée à partir de 1368, les travaux durèrent jusqu'en 1450, ainsi aménagée La Roche-Gouyon résista en 1490 aux assauts anglais.. Vers la moitié du XVe siècle, la forteresse fut confiée à un gouverneur, quelques uns des membres de la famille Gouyon se virent confier ce poste :Vers la moitié du XVe siècle, la forteresse fut confiée à un gouverneur, quelques uns des membres de la famille Gouyon se virent confier ce poste :

 

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-Lancelot Gouyon était capitaine et garde côtes de Fréhel et de Plevenon de 1577 à 1587 lors des guerres de la Ligue au cours desquelles le chatel fut le siège d'affrontements. Jacques II Gouyon, possesseur du lieu (ci-desous) sire de Mâtignon , Maréchal de France, Gouverneur de Normandie et de Guyenne, avait pris parti en faveur d'Henry IV. En 1597, le sire de Saint Laurent l'un des hommes du Duc de Mercoeur assiègea l'endroit devenu vers cette période Fort-Lalate . Claude Charles Gouyon fut gouverneur de la Roche Gouyon en 1760.

 

Entre 1689 et 1715, sous le règne du Roi-Soleil, la Roche-Gouyon devint l'un des points défensifs de la côte bretonne. Au chemin de ronde succéda un haut remblai de parapet pour y recevoir les batteries de canons, cependant le four à rougir les boulets date de 1793. Suit le rapport au ministre de la guerre effectué par Heurtel, capitaine, lors de la prise du Fort Lalatte dans les Cents jours


 

Monseigneur


 

Parmi les actes d'intrépidité et de dévouement qui, dans la dernière guerre de la Vendée, ont signalé les braves attachés à la cause royale, il est un fait dont la singularité mérite d'être connue. L'audace de l'entreprise, le merveilleux de la réussite, les revers qui l'ont suivie, les dangers auxquels furent exposés les héros, et particulièrement leur chef, montrent à quel degré de noble exaltation était parvenu le courage de ces fidèles défenseurs du Trône, dont chacun comptait pour rien le sacrifice de sa vie, et le triomphe de son Roi pour tout. M. Heurtel, l'auteur de l'entreprise dont je vais avoir l'honneur de vous rendre compte, était capitaine en mars dernier, lorsque le Roi quitta Paris. Cet officier envoya, sur-le-champ,sa démission au Ministre de la guerre, qui ne l'accepta pas. M. Heurtel prit alors le parti que lui dictait l'honneur : il organisa lui-même un bataillon de volontaires royaux, qu'il entretint partie à ses frais, et à la tête duquel il s'est distingué. Du Ier mai au Ier juillet, il ne fit que se porter, avec sa petite troupe, sur divers points des départements d'Ille et Vilaine et des Côtes-du-Nord, pour occuper les corps de fédérés et autres troupes qui s'y trouvaient par ordre de l'usurpateur, afin de les empêcher de rejoindre la grande armée. Le séquestre ne tarda pas à être mis sur ses biens dont il a perdu la plus grande partie. Le Ier juillet, instruit que des colonnes mobiles parties de Saint-Malo, Dinan, Lamballe et Saint-Brieux, commandées par le général Fabre, opéraient un mouvement pour détruire une division royaliste sous les ordres du colonel Depont-Brillant, M. Heurtel vit qu'il était urgent de ménager à cette troupe un point d'appui, et de lui fournir des munitions de guerre dont elle manquait; il était également prévenu que les munitions des batteries de la côte avaient été concentrées dans le fort la Latte, pour les mettre à l'abri de toute attaque de la part des royalistes. Après s'être concerté avec M. de Fougeray, commandant pour le Roi les gardes nationales de l'arrondissement de Saint-Malo, et destitué par Buonaparte, M. Heurtel fit des dispositions pour s'emparer du fort la Latte, tandis que son auxiliaire allait joindre la frégate l'Albion, qui avait 1800 fusils destinés aux royalistes, avec le dessein de la diriger du côté du fort, dès qu'on y verrait flotter le pavillon blanc. A midi, M. Heurtel s'embarque dans son petit bateau, avec sept de ses officiers qu'il avait choisis; ils étaient tous bien armés. Une fois en mer, après avoir passé les pataches et le stationnaire,il ordonne à sa petite troupe de charger les armes. A quatre heures, on était sous le fort. M. Heurtel descend à terre le premier, aborde la sentinelle armée, et lui demande si l'on peut voir le fort. La sentinelle répond qu'il faut la permission du commandant. Au même instant, M. Heurtel présente un pistolet double au soldat, le menace au premier cri de lui brûler la cervelle, le désarme, fait signe à sa troupe qui accourt et l'aide à lever le premier pont-levis du fort dans lequel on pénètre précipitamment. Le deuxième pont-levis est levé avec la même promptitude; et, tandis que six des siens fermaient les portes des casernes sur la garnison, M. Heurtel courait trouver le commandant à sa chambre : Vous êtes mon prisonnier , lui dit-il, point de résistance, ou c'est fait de vous. Il le désarme, l'enferme à clef, place une sentinelle sous sa fenêtre, et va faire également désarmer la garnison composée de vingt-sept canonniers, après leur avoir déclaré qu'ils n'avaient rien à craindre, s'ils se soumettaient aux ordres du Roi, au nom duquel il venait prendre possession du fort. Ils furent mis au corps-de-garde. Aussitôt le pavillon blanc fut arboré sur la tour du fort dans lequel il existait 5000 cartouches d'infanterie et 6000 livres de poudre pour servir sept pièces de canon et un mortier qui étaient en batterie. M. Heurtel fit, sur-le-champ, prévenir son bataillon de marcher sur le fort la Latte, pour se renforcer; mais il se battait contre des colonnes mobiles et contre un détachement de marins, et ne put le rejoindre. Il envoya alors une ordonnance demander du renfort, et la lettre ne parvint point. M. de Fougeray, qui avait abordé la frégate le soir, à quatre lieues du fort, devait, le lendemain matin, fournir cent hommes et dixhuit cents fusils; mais les vents contraires retardèrent le débarquement; ce qui donna le temps au général Fabre, instruit de la prise du fort, de marcher à la tête d'un bataillon de 4.00 hommes qui donnèrent l'assaut. Trente échelles furent aussitôt placées, et l'escalade eut lieu sur tous les points. Les huit braves se défendirent assez long-temps, tuèrent et blessèrent des assiégeants; mais, enveloppés par le nombre et dépourvus de secours, ils furent faits prisonniers et mis au cachot. Le commandant d'un bataillon de marins du 18e équipage de haut bord, qui a repris le fort sous les ordres du général Fabre, fit amener devant lui M. Heurtel, et lui annonça qu'il allait être fusillé, s'il n'expliquait le but de son expédition. Mon intention, dit le prisonnier, était de conserver le fort au Roi, et de fournir des munitions aux royalistes sur la côte. Mais de quel signal êtes vous convenu pour faire aborder la frégate anglaise? D'aucun, je n'ai avec elle nulle communication. Alors le commandant fit tirer un coup de canon à poudre, auquel la frégate répondit par un coup de canon à poudre. Il fit ensuite tirer à boulet; la frégate riposta également, voyant toujours le pavillon blanc qu'on n'avait pas voulu amener, pour la tromper et l'attirer vers le fort. Une seconde frégate anglaise arrive au bruit du canon , et la première vire de bord pour la joindre. Le commandant des marins croyant sa ruse découverte, ordonne alors de charger les canons et d'envoyer une volée à la frégate, puisqu'elle s'éloignait, et d'amener le pavillon blanc. Ces ordres exécutés, la frégate détrompée gagna le large, et on ne la vit plus. Cependant M. Heurtel est condamné à mort : on lui bande les yeux, on le force de se mettre à genoux, et, après l'avoir questionné long-temps dans cette position,mais inutilement, on le fusilla à poudre sur le champ de bataille. On lui dit de se relever, et après lui avoir ôté son uniforme, sa montre en or, 1500 fr. en argent, et tout ce qu'il possédait, on le conduisit dans la batterie basse du fort: On fit ensuite sortir du cachot M. de Kergommeaux, lieutenant, qui croyait M. Heurtel mort. On lui déclare qu'il allait subir le même sort que son chef, s'il ne donnait tous les renseignements exigés, et on lui banda aussi les yeux. Mais, pour toute réponse aux questions dont on le pressa, il prétexta qu'il ignorait tout, qu'il n'avait fait qu'obéir à son chef, chargé seul du 7 secret de l'expédition. Alors on lui débanda les yeux, et M. Heurtel fut, de tous, regardé comme le plus grand coupable. Son supplice et celui de ses compagnons n'était que différé. Placés sur une péniche, les menottes aux mains, ils sont transportés à Saint-Malo, afin de passer à un conseil dé guerre, et d'être fusillés. En arrivant au port, le capitaine du navire descend à terre pour faire son rapport au gouverneur et au commissaire de la marine, pour les prévenir qu'il avait des prisonniers à son bord. Le danger était pressant, M. Heurtel mesure des yeux l'espace d'eau qui le séparait du rivage, s'élance d'un navire, et, quoique exténué de fatigue, il parvient à la nage sur le bord, à travers les cris de l'équipage.Il se sauve de rochers en rochers jusqu'au fort de la Cité, où il arrive presqu'expirant et hors d'haleine. Là, il se croit à l'abri des poursuites, lorsqu'il voit se relever un homme armé d'un sabre, qui lui demande quel est l'objet de ces cris qu'il entend? C'était un employé aux douanes, faisant son service. Mon ami, répond M. Heurtel, c'est un déserteur qui sort du navire, et qui se sauve par la grève. Je vais bien vite prévenir la police; toi, vas avertir ton poste. Cet homme n'attendit pas la fin du discours, et disparut. Sorti de ce nouveau danger, le fugitif court du côté opposé,. et parvint à sortir de la ville, sous un déguisement qui lui permit de traverser les rues au milieu des patrouilles et des sentinelles placées à tous les carrefours pour l'arrêter. Ce brave capitaine, échappé à tarit de périls, allait donner de nouvelles preuves de son dévouement au Roi, lorsqu'il apprit la rentrée de sa majesté à Paris, et qu'il vit mettre en liberté ses compagnons d'armes, écroués jusqu'alors dans les prisons de Saint-Malo. Tel est, Monseigneur, le rapport du général en chef Desol de Grisolle, et celui qui m'a été fait par la députation d'Ille et Vilaine, qui m'a prié instamment de prendre les intérêts d'un jeune homme qui honore son pays. En sorte que, dans mes principes, et d'après 8 les titres de M. Heurtel, je supplie et dois supplier Votre Excellence de le nommer chef de bataillon, grade qu'il a gagné, à la pointe de son épée, et qui lui a été conféré par le général en chef de l'armée royale de Bretagne, le 25mai 1815. J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Monseigneur. De Votre Excellence,



 

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