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8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 14:03

 

 

 

 

Monnaies de François II (1 -2 , et Anne de Bretagne (3)

 

Bretons.

Sous François II, des ateliers fonctionnaient à Morlaix, Nantes, Vannes et Rennes. On forgea sous ce règne des écus d'or, des gros et des demi-gros d'argent, des blancs, des deniers et des doubles. A dater du règne d'Anne de Bretagne, on ne remarque plus que deux ateliers, Nantes et Rennes. Avant son premier mariage, cette princesse continua les gros, les blancs à la targe ou douzains et les doubles de son père ; elle ne frappa les pièces d'or appelées « cadières » que pendant son veuvage. On peut considérer que, à dater du mariage de Louis XII avec l'héritière du duché, le monnayage breton suivit les mêmes phases et fut soumis aux mêmes règlements que celui du reste du royaume. Pendant les guerres, le duc de Mercoeur frappa des monnaies royales à Dinan, avec l'assentiment des Etats de la Ligue réunis à Nantes. Plusieurs chefs de partisans firent de même, mais sans autorisation quelconque : dans les ruines du château de St-Quihouët, on a trouvé, en 1828, un moule de fer qui avait servi à couler des écus de Henri III à la date de 1581. A la faveur des troubles, la fausse monnaie fut fabriquée dans notre province sur une assez grande échelle : la tradition place des ateliers de faux-monnayeurs dans un certain nombre de nos anciens châteaux : l'absence de toute répression dut, en effet, favoriser cette déloyale industrie. Dans les nombreux actes que nous publions, on remarquera la mention de redevances faites « en monnaie ayant cours dans le pays, monela cursilis » : cette formule se rapporte au temps où la monnaie ducale, la monnaie tournois et celle des provinces voisines avaient un cours reconnu dans la province. Plus tard il n'en fut plus ainsi, et les actes stipulaient que les paiements devaient être faits en « bonne et forte monnaie », en « bons et forts deniers ». Alors la monnaie subissait des variations si multipliées et si considérables que, payées avec les espèces nouvelles, les redevances anciennes étaient singulièrement diminuées. Nous terminerons par quelques mots sur les différentes espèces dont il est fait mention dans nos chartes

 

Esterlins. Nous ne voyons ces monnaies paraître qu'accidentellement : l'esterling était le denier anglais, et les abbayes bretonnes qui possédaient des bénéfices en Angleterre recevaient nécessairement des redevances en esterlins. Les premiers, frappés par les Plantagenets, représentent une tête couronnée de face ; au revers, une croix cantonnée de douze besants, avec le nom de l'atelier monétaire. Le seigneur du Goëllo, en 1202, donnait à Beauport une rente de 10 livres d'esterlins sur son manoir de Ravendal, au diocèse de Durham. Une charte du prieuré de Dinan établit qu'en 1268, en Bretagne, 230 livres d'esterlins étaient reçus pour la même valeur que 1,000 livres de tournois.

 

 

Monnaie de Nantes. C'était celle qui fut frappée dans cette ville à dater de la fin du XIIe siècle : il en est peu question dans la partie de la province dont nous nous occupons, puisque jusqu'ici nous ne connaissons qu'un texte de 1224, de l'abbaye de Beauport, qui en fasse mention. Cette monnaie de Nantes, alors anonyme, portait les mots DUX BRITANE autour d'une croix ancrée ; au revers, NANTIS CIVI autour d'une croix ordinaire. D'après une ordonnance de saint Louis, le nantois à Vécu était évalué à raison de 15 nantois pour 12 tournois.


 


 

Monnaie d'Anjou. Nous la voyons employée dans des chartes de Beauport et de St-Aubin. De 1094 jusqu'aux premières années du XIIIe siècle, les deniers angevins eurent un cours général en Bretagne, principalement, comme nous l'avons déjà dit, depuis le mariage de la fille de Conan IV avec Geoffroi d'Angleterre. Il était naturel que les princes anglais, qui possédaient alors l'Anjou, fissent circuler leurs monnaies françaises dans le pays breton dont ils étaient maîtres.


 


 

Monnaie de Rennes. Les détails que nous avons donnés plus haut ont mis nos lecteurs au fait de ces espèces : un acte de St-Aubin mentionne, en 1232, quadraginta solidos Redonensis monete ; ce devait être des pièces anonymes, identiques, sauf les légendes, aux pièces de Nantes que nous venons de décrire. D'après les textes conservés par D. Morice, la monnaie de Rennes fut très-répandue de 1084 à 1150 environ : de cette date jusqu'au commence ment du XIIIe siècle, elle disparaît dans les actes pour être remplacée par celle d'Anjou. Elle reparaît vers 1219, sous Pierre Mauclerc ; mais les tournois et les parisis lui font une rude concurrence. A la domination anglaise avait succédé l'influence française, et les espèces monétaires s'en ressentaient nécessairement. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les titres de St-Aubin et de Jugon parlent de monnaie bretonne : cette désignation générale indique alors la monnaie ducale, fabriquée dans plusieurs ateliers.


 

Monnaies de Guingamp. -Nous n'avons trouvé que peu de mentions de la monnaie guingampoise, bien qu'elle fût, nous l'avons dit, fort répandue. A notre connaissance, elle est nommée, en 1158, dans un règlement du duc de Normandie donné à Caen, et, en 1215, dans un acte de l'abbaye de Bonrepos. D'après M. Lecointre-Dupont, le denier guingampois valait en Normandie 0,053 avant 1158, et 0,056 après cette date : à la première époque, la livre représentait 12 fr. 71, le sou, 64 centimes ; à la seconde époque, la livre valait 13 fr. 44, et le sou, 0,67. Parmi les monnaies de Guingamp, il en est une variété qui jusqu'ici n'a pas été expliquée , en voici la description :


 

+ QVEMPERLI. Croix pattée, cantonnée d'un ou deux astérisques.


 

R. + GUINGAMP. Profil droit barbare. Tous les numismatistes qui se sont occupés de ce denier y ont vu le nom de la ville de Quimperlé. Bigot pense qu'il est peut-être le produit du monnayage de Alain le Noir, gendre de Conan III , ou de Conan IV qui se retira à Guingamp après avoir été dépossédé par Geoffroi d'Angleterre : il fait remarquer, du reste, que l'histoire de Quimperlé ne révèle aucun fait qui puisse expliquer l'émission de cette monnaie. Ne serait-il pas plus simple de chercher dans le Goéllo même quelque localité où on aurait temporairement frappé une monnaie guingampoise, à Quimper-Guézennec, par exemple, antique seigneurie que son titre de vicomté signale comme ayant été détachée des domaines de Guingamp. Nous ne proposons toutefois cette conjecture qu'avec la plus grande réserve.

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