Chassay est situé à une lieue et demie de Nantes. On y arrive par une allée de sycomores, et l'on traverse un élégant parterre pour approcher de ses fossés... Le château forme un carré long dont la façade ne présente rien de bien remarquable; elle donne sur une grande terrasse ornée de charmilles et de corbeilles de fleurs; le château et la terrasse sont entourés de douves de vingt pieds de large : on les traverse sur un pont de bois; à chacun des deux angles isolés de la terrasse, se trouve, avançant sur le fossé, une tourelle à pignon très-aigu. Derrière le château est l'ancienne façade, avançant de deux pieds à peu près sur les deux pavillons, il y a une fenêtre avec un balcon de fer, percée à la hauteur du parapet des douves. C'était l'ancienne porte, la était autrefois le pont-levis; son style est masqué par des ornements m0 dernes. Du milieu à peu près de cette façade partent, en s'avançant de deux pieds, deux tourelles carrées, portées sur des culs de lampes, et surmontées de toils très-élancés. - De chaque côté, sur une étendue du double à droite et à gauche, sont deux ailes portant deux étages de trois fenêtres. Cette façade ancienne et fort curieuse est de l'époque de Henri IV avec des restaurations du siècle de Louis XIV. -Les détails de sculpture, je ne puis vous les préciser dans cette lettre, mais tous sont fouillés avec une recherche minutieuse; d'ailleurs le dessin de M. de V. que je vous envoie, vous en donnera une idée exacte. La fondation de Chassay date du neuvième ou dixième siècle; on préten drait même que les fondations furent établies par saint Félix, évêque de Nantes. C'est tout ce qui resterait de cette époque. Depuis lors, ce château fut la maison de plaisance des évêques de cette ville, à l'époque des guerres de religion, ils vinrent s'y retirer. A plusieurs reprises les ducs de Bretagne y firent faire à leurs propres frais des réparations. Henri IV s'y reposa pendant un jour. Il a subi depuis cette époque de grands changements, et passé dans bien des mains; il appartient à présent à M. le comte de Bondi, qui a conservé à l'ancienne façade tout son caractère. Le parc est charmant, tout dessiné à la française ; ses hautes charmilles nous rappelaient, en diminutif, les allées de Versailles; tout est glacieux dans cette habitation, tout s'y ressent de ses propriétaires.
