Eléonore de Bretagne, une princesse sacrifiée pour raisons diplomatiques.

Geoffroi II de Bretagne avec deux de ses enfants : Éléonore et Arthur Ier de Bretagne. 

Éléonore de Bretagne, connue aussi sous le nom Aliénore la Brette, la demoiselle de Bretagne,  la perle de Bretagne,  la beauté de Bretagne ou Eleanor, belle demoiselle de Bretagne. Elle était l'aînée des trois enfants nés de l'union de Constance de Bretagne et de Geoffroy Plantagenêt. Elle naquit au cours du mois de juin l'an 1184 et fut ainsi prénommée pareillement à son illustre aïeule Aliénor d'Aquitaine, mère dudit Geoffroy (voir Geoffroy Plantagenêt alias Geoffroy II de Bretagne, Ranulph de Blondeville, et Guy de Thouars, les trois époux de Constance de Bretagne), père de cette jeune princesse. Sa naissance fut suivie de celle de Mathilde, et de celle du jeune Arthur leur frère. Leur père étant décédé accidentellement à Paris le 19 août 1186, la naissance de la cadette de la fratrie survint certainement en 1185, puisque Arthur naquit le 29 mars 1187. Comme nous l'avons vu dans un article précédent, la jeune veuve fut contrainte sur ordre de Henry II d'Angleterre, son beau-père, d'épouser au cours du mois de juin 1189 Ranulphe de Blondeville regarder comme « quasiment le dernier vestige de la grande aristocratie féodale ». Constance de Bretagne parvint cependant à échapper à la vigilance de son deuxième époux après dix ans d'union forcée. Au retour de la Croisade en 1192, Richard Cœur de Lion oncle de Éléonore fut arrêté à Vienne, et fait prisonnier par le duc Léopold V, dit le Vertueux. Il ne fut libéré que deux ans plus tard en échange d'une  très forte rançon. Il faut dire que le souverain anglais avait humilié le duc d'Autriche en refusant à ce dernier lors de la Croisade que la bannière d'Autriche voisina la sienne, ça explique dans doute la raison pour laquelle il s'était en vain déguisé en traversant l'Autriche afin d'échapper à son adversaire.

Richard Cœur de Lion déguisé, arrêté à son retour de la première Croisade en traversant le duché d'Autriche. 

Le Pape Célestin III avait condamné la détention de Richard et excommunié son adversaire. Furieux, Léopold V envoya Baudouin de Bethunes vers le Roi d'Angleterre pour lui déclarer que s'il n'exécutait ponctuellement toutes les conditions de son Traité, il ferait mourir les otages qu'il lui avait donnés. Richard, connaissant la dureté de Léopold, pensa sérieusement à le satisfaire ; il lui envoya la Princesse Éléonore de Bretagne & tout ce qu'il lui en avait promis. Cette décision fut prise sans même que la duchesse Constance ne fut consultée. Elle ne fut pas davantage sollicitée en 1202 quand le roi de France souhaita marier son jeune fils Arthur de Bretagne avec Marie, que le dit Philippe Auguste avait eue d'une union illégitime avec Agnès fille du Duc de Méranie. Mais Arthur de Bretagne mourut avant que le mariage ne fut consommé. S'agissant de l'accord d'alliance prévu entre Éléonore et le fils du duc d'Autriche, ce projet tomba à l'eau, pour autant, Richard Cœur de Lion ne restitua pas la liberté à sa nièce, il était persuadé qu'elle pouvait lui être utile pour un nouveau traité. Voici les notes que laissait dom Lobineau sur ce sujet : « Dans une entrevûe qu'il eut avec Philippe Auguste l'an 1195 il s'engagea de la marier avec Louis fils aîné de Philippe, & de lui donner pour dot Gisors, Neaufle, Baudemont, le Vexin Normand, Vernon, Ivri, Passi & Autre projet de vingt mille marcs d'argent. Philippe de son côté promit, qu'il ne demanderoit plus rien dans le Comté d'Angoulême, & qu'il rendroit Aumale, la ville d'Eu, le Château d'Arques & les autres Places qu'il avoit prises. Mais l'exécution de ce Traité fut différée jusqu'à la Toussaint, afin d'en donner avis à l'Empereur. Pendant cet intervalle les deux Rois eurent de nouveaux différends, qui donnerent lieu à la conférence qu'ils tinrent à Louviers au mois de Janvier suivant. On n'y parla point d'Eléonore.... »

La Princesse Éléonore, fille aînée du Duc Geoffroi, & de la Duchesse Constance, mourut à Bristol. Il y avait plus de quarante ans que cette infortunée princesse était prisonnière, & gardée à vue par des gens d'Armes, ni Richard Cœur de Lion, ni Jean Sans Terre ni Henry III ne daignèrent la libérer. Détenue alors qu'elle n'était responsable d'aucun délit. Sentant sa dernière heure approcher, elle déclara qu'elle voulait être enterrée dans l'Abbaye des Religieuses d'Ambresbury, à qui elle donna la Seigneurie de Melkceham. Cette nouvelle calma les inquiétudes du Duc Pierre de Dreux, qui craignait toujours, qu'Eléonore ne fut mariée à quelque Prince puissant, qui voulût faire valoir ses droits. Comme elle était aînée de la Duchesse Alix, ses droits étaient incontestables sur la Bretagne.

C'est d'abord au Prieuré St James de Bristol que Éléonore de Bretagne fut inhumée en 1241, mais pour répondre aux vœux de cette princesse, et aux souhaits du roi Henry III, elle fut définitivement mise en terre dans l'Abbaye d'AmesburyI.

Prieuré St James de Bristol