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28 avril 2022 4 28 /04 /avril /2022 05:02
Description du château d'Oudon par Armand Guéraud.

Château de Oudon et armoiries Châteaugiron, Malestroit et du Juch

(clichés Wikipédia et Tripadvisor)

Le château d'Oudon a dû être assis, au moyen-âge, sur un petit poste romain, posé de manière à surveiller à la fois le fleuve et la voie romaine de Nantes à Angers. L'histoire des seigneurs de ce lieu remonte au commencement du XIe siècle ; mais, avec le XIIIe siècle, les seigneurs du nom disparaissent et leur château appartient, en 1317, on ne sait trop comment, à Alain de Châteaugiron (voir De la Maison de Chateaugiron à la Maison de Derval), dont le fils Hervé épousa l'héritière de Malestroit (voir La Maison de Malestroit). Le fils puiné d'Hervé fut seigneur d'Oudon, de Couffé, du Cellier et de la Vieille-Cour. Il mourut en 1415. Ce fut lui qui fit rebâtir en partie le château, y compris la tour octogone ou donjon. On trouve, aux archives de la Préfecture de Nantes, un acte du 22 mai 1392 intitulé : La lettre de la fortification du chastel d'Oudon sur mons. Alain de Malestroit, par lequel celui-ci demande au duc Jean de Montfort « le congé et licence de faire et ediffier chasteau et forteresse ou dit lieu et place d'Oudon et és appartenances. » Plus tard, Jean et Julien de Malestroit, seigneurs d'Oudon, furent convaincus d'assassinat sur le seigneur de la Muce-Ponthus, et de fausse monnaie. Alors Oudon fut confisqué sur eux par le roi François Ier, vers 1540, et vendu à Raoul du Juch. A partir de cette époque, l'histoire du château n'offre plus d'intérêt. Ce monument, aujourd'hui en ruine, se compose de deux parties bien distinctes : l'enceinte fortifiée avec ses tours, et le donjon. La porte principale d'entrée, en plein-cintre, s'ouvre entre deux tours rondes, percées de grandes fenêtres rectangulaires, et rappelle par son style le XVIe siècle. Une longue courtine relie la tour droite de l'entrée à une autre tour dont on voit encore la base sur la route d'Oudon à Nantes ; puis une autre muraille rattache cette tour au mur qui ceint le donjon. Si l'on examine de près comment cette enceinte extérieure se rajuste avec celle qui protége la base du donjon, on est bientôt convaincu que toute cette partie, plus moderne, a dû être d'abord indépendante du donjon auquel elle afété reliée plus tard. La tour octogone, qui est la partie la plus curieuse, servait à l'habitation des seigneurs. L'intérieur, dont tous les planchers et l'escalier principal ont été détruits, présente une distribution fort simple. Chacun des quatre étages se compose de deux vastes salles et communique avec celui qui le surmonte par l'escalier principal et par un plus petit, noyé dans l'épaisseur des murs. Les cheminées sont bien conservées ; une surtout mérite une description. Son ouverture rectangulaire est ornée de moulures dans le style du monument, c'est-à-dire de la fin du XIVe siècle ; une corniche placée au-dessus de l'encadrement de l'ouverture supporte une galerie de trèfles ou de quatre-feuilles. Le tout est flanqué de deux petits pilastres, assez grêles, dont les bases sont ornées de tores aplatis ; ces pilastres carrés soutiennent chacun une petite tourelle couronnée de machicoulis à consoles étagées, réunies par des plates-bandes sculptées, et de créneaux dont les merlons rectangulaires sont sans ornements. L'ensemble de cette vaste cheminée est grand et simple ; le manteau se termine en hotte et n'offre pas cette tablette de nos cheminées modernes, destinée à recevoir ces nombreux objets inventés par le caprice de la mode. Comme ce donjon est privé de toute couverture, les corbeaux ne cessent de l'habiter, y entassent des branches, des racines, de la paille et ajoutent à tout cela de quoi faire un excellent engrais. Ces immondices con tribuent à la ruine du monument, car les eaux pluviales traversent ces amas et s'infiltrent dans la maçonnerie, sans que leur effet puisse être combattu par la chaleur du soleil, ou seulement par l'action de l'air. Nous faisons des veux pour que l'Administration supérieure, puisque l'édifice appartient au département, prenne à cet égard de sérieuses mesures. Si nous passons de l'intérieur à l'extérieur, nous trouvons le même aspect grandiose. La hauteur et la grosseur de la tour contrastent singulièrement avec les autres édifices ; le nouveau clocher lui-même semble s'élever tout exprès pour faire ressortir les vastes dimensions du donjon féodal. Ce monument, bâti en moëllons piqués de manière à offrir une surface polie, est octogone ; les arêtes de chaque pan sont faites de pierres du Saumurois, dont la blancheur rompt la monotonie de la couleur foncée des moëllons. De plus, la tour est divisée horizontalement en quatre grandes zones, étages, dont les lignes de séparation se composent chacune d'un rang de pierres blanches. Ce mélange produit un effet qui plaît comme ton, et un ensemble de lignes qui fixe l'ail agréablement. Le donjon a donc une sorte d'enveloppe ou de revêtement formée de trente-deux carreaux noirs, entourés de cordons blancs. La hauteur de chaque étage est indiquée par la superposition d'environ vingt parpaings, épais d'une trentaine de centimètres chacun. Si l'on y ajoute les couches de ciment qui lient les pierres entre elles, une base de 3 à 4 mètres à arêtes de granit et la couronne de machicoulis, on trouvera que la tour doit avoir environ 30 mètres d'élévation. Ce monument à quatre grands côtés et quatre petits, formés par les angles abattus ; toutefois, il n'est pas exactement régulier. Le grand côté situé sur la route de Nantes à Paris, et son parallèle, sont larges de 6 mètres 70 centimètres chacun ; celui où s'ouvre la porte d'entrée, de 8 mètres 80 centimètres, et celui qui lui est opposé, c'est-à-dire qui regarde l'Anjou, de 10 mètres 70 centimètres. Trois des petits côtés ont chacun 4 mètres 80 centimètres et sont percés de vastes fenêtres ; le quatrième seul a 6 mètres 20 centimètres de largeur et n'a point de grandes ouvertures. L'ensemble de la construction est très-soigné ; chaque fenêtre, de forme rectangulaire, est entourée d'un encadrement de moulures cintré au sommet et en saillie sur mur. Le donjon est terminé par une couronne de machicoulis, dont les consoles étagées sont réunies par une plate- bande ornée de jolis arcs trilobés. Une petite tourelle ou guette, aussi à huit pans, surmonte l'édifice et servait sans doute de point d'observation sont pas sans raison, car tout dans le style ogival des XIIIe et XIVe. siècles a son utilité, tout a été calculé par l'architecte. La partie la plus apparente, celle qui se voit de la Loire, est symétrique et laisse croire que le donjon est d'une parfaite régularité. Le quatrième petit côté, caché par le reste du château et faisant partie des murs de la cage du grand escalier, n'a pas besoin d'être percé de vastes fenêtres. Les ouvertures irrégulières, allongées et fort étroites, qui se remarquent sur tout du côté de l'Anjou, éclairaient un escalier dérobé et pouvaient servir au besoin de meurtrières : ce qui donnait une nouvelle force à cet immense donjon, déjà fortifié par la petite rivière de Havre qui coule à ses pieds, et par des murs de près de 3 mètres d'épaisseur. La description que nous venons de faire est assez d'accord avec l'histoire, pour ne plus laisser de doute sur l'âge de la tour d'Oudon. On reconnaît, à ses grandes fenêtres divisées par des meneaux croisés, à ses machicoulis ornementés, à ses moulures, à ses vastes cheminées, à ses balustrades à trèfles ou à quatre feuilles, au plan général du donjon, un monument de style ogival du commencement de la 3e époque, c'est à-dire de la fin du XIVe siècle et des premières années du XVe.

Description du château d'Oudon par Armand Guéraud.
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