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29 mai 2014 4 29 /05 /mai /2014 08:29
Le temple de Lanleff

L'église romane de Lanleff dite temple de Lanleff a fait l'objet de très nombreuses études et monographies. A plusieurs d'entre elles sont joints des plans, les uns -les plus anciens, où l'imagination a souvent  travesti et embelli, les autres -plus modernes -où, l'exactitude a été la péoccupation principale; tels sont ceux qui accompagnent le substanciel et  et intéressant travail de monsieur Ramé, paru en 1857. Ils me dispensent de revenir sur la description complète de ces rares vestiiges de l'architecture religieuse du commencement du XIIe siècle ou de la fin du XIe en Bretagne, inspirés très vraisemblablement par le souvenir du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Tout comme lui, l'église en question, est composée de deux enceintes circulaires concentriques. L'enceinte intérieure, le choeur, la nef, est percée de douze arcades en plein cintre, à double retrait, la photographie ci dessous en montre quatre avec leurs lourds piliers carrés, aux tailloirs sans moulures, les courtes colonnes engagées surmontées de chapiteaux grossiers qui supportent le cintre au milieu, et les longues colonnes engagées, en partie détruites, qui devaient monter jusqu'au haut du mur pour soutenir les arceaux d'une voûte en pierre ou les pièces d'une charpente d'un toit. L'espace situé entre le choeur et l'enceinte extérieure aujourd'hui presque entièrement détruit, formait bas-côtés, collatéral, déambulatoire. Il était partout voûté en pierre, voûtes d'arête  dont on voit quelques restes assez bien conservés dans la parti est. Peut on en dire autant de la nef ?  Quelle ai été couverte, cela ne semble pas douteux: mais elle aurait pu l'être par une toiture en bois, en tuiles ou même en ardoise. C'est au XIe siècle que, dans ces régions shisteuses, la grande et épaisse ardoise a commencé à être employée concurremment avec la tuile -Viollet Le Duc : dictionnaire d'architecture. Les architectes de cette  époque hésitaient à étalir des voûtes en pierre lorsqu'elles étaient larges; nous sommes ici en présence d'une portée de dix mètres, nécessitant une coupole qui eût exigé des arcs-boutants de contreforts au grand mur peu épais, destiné à la porter. Or il n'y en a pas de traces.Tout semble dénoter, dans la construction de cet édifice, la recherche des procédés les plus simples, et les moins coûteux. Par qui a t-il été élevé ? Par un chevalier breton, compagnon du duc Alain IV Fergent  en Terre Sainte, en témoignage au Dieu, dont il avait invoqué l'aide au milieu des combats ou par quelques pieux pèlerins du Goëllo qu hantait le souvenir de ce qu'ils avaient vu à Jérusalem. Au retour des premières croisades, qui ont eu un si grand retentissement dans le monde chrétien, les récits enthousiastes de ceux qui avaient priés sur le tombeau du Christ ont dû suggérer aux architectes la pensée de reproduire dans des monuments religieux la forme du Saint-Sépulcre. Celui de Lanleff pourrait avoir cette origine impersonnelle. Mais, si l'on considère son extrême simplicité, la grossièreté des matériaux et du style d'architecture, l'absence de motifs ornementaux, la barbarie de ses rares sculptures, ou incline davantage vers l'hypothèse du Croisé breton, plus riche de blessures que d'argent, ou du modeste pèlerin accomplissant son oeuvre avec les faibles ressources dont il dispose.Oeuvre toute de piété sans prétention d'art ni de luxe. Et l'humble église devrait à son fondateur  cet aspect un peu barbare, cet air d'antiquité, si trompeurs au premier abord, qui ont dérouté, pendant plus d'un siècle, tant d'antiquaires, d'archéologues, d'écrivains, victimes d'une illusion. Touts les opinions ont été émises à son sujet : temple druidique, temple du Soleil, temple gaulois, temple romain,  baptistère, parvis à l'usage des pénitences publiques, monument saxon du VIIIe siècle, normand du XIe, église de Templiers, enfin église romane des XIe au XIIe siècles.  -qui clôt sans appel, il faut le croire, la série. C'est à l'origine que l'appellation de "temple" a prévalu et a fait fortune, si bien que le nom lui en est resté. Les ruines de cet intéressant édifice sont depuis longtemps classés comme monument historique. Sur la petite rue qui y donne accès, un vilain mur, assez élevé, les cache aux yeux des touristes, sans s'opposer toutefois, grâce à quelques brèches, à l'escalade des gamins du bourg. Pour y pénétrer de façon plus régulière, il faut demander, dans une maison voisine, la clef d'une porte percée dans ce mur. Les soins tutélaires de l'Etat ne paraisse pas allez au delà de ces deux mesures protectrices. Des lézardes sont visibles dans les voûtes encore existantes du collatéral, et ce qui est plus grave, dans celles des arcades de l'enceinte toujours surchargées  du grand mur circulaire formant large tour à ciel ouvert, et exposées par surcroît de tous côtés, aux intempéries d'un  climat souvent inclément. La conservation de ce petit monument, unique en Bretagne, avce sa rudesse primitive, s'impose à tous ceux, qui à des titres divers on la mission et le devoir de veiller sur nos antiquités. Puissent-ils entendre cet appel d'un Breton.

 

Voici ce que publiait dans la revue Archéologique le commmandant A. Martin en 1910 

Le temple de Lanleff
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