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25 juillet 2015 6 25 /07 /juillet /2015 12:41

Le château de Clisson, autrefois très fortifié, bâti sur un roc au bord de la Sèvre et en face de l'embouchure de la Moine, était encore regardé, au XVIIe siècle comme un des remparts de la Bretagne;il domine cette cité, et fut le berceau et le principal fief de l'illustre maison dont il porte le nom. Le château de Clisson, dont on voit actuellement les ruines, fut rebâti en grande partie, en 1223, par Olivier Ier, sire de Clisson, sur l'emplacement qu'occupait l'ancien manoir de sa famille, et cet antique manoir avait lui-même autrefois remplacé les fortifications élevées dans le Bas-Empire; on croit que ces fortifications avaient été détruites par les Normands, dans les courses que ces barbares firent dans ce pays depuis le commencement du IXe siècle jusqu'au milieu du Xe, ou par des guerres féodales dont l'histoire ne nous a pas conservé le souvenir. Ce même Olivier Ie fit également entourer la ville de fortes murailles: Clisson devint dès lors une place régulière;elle arrêtait les armées formidables, et celles même de nos jouis ne l'eussent pas méprisée si l'on eut entretenu ses fortifications. Le connétable, cent cinquante ans après, fit achever et augmente. ces remparts; et le duc de Bretagne, François II, les fit entièrement réparer en 1464. Le sire de Clisson, Olivier Ier, s'était croisé en 1218, avec plusieurs chevaliers et seigneurs bretons. Il est probable que ce fut à son retour qu'il fit construire cette forteresse dans le genre de celles qu 'il avait vues en Syrie et sur les bords du Jourdain. : car il est bon de remarquer, à cette occasion, que la plus grande partie des châteaux bâtis en Bretagne du temps des croisades, ne tiennent en rien au style gothique qui régnait alors; c'est de l'architecture mauresque ou sarrazine dans toute sa pureté; le plan, l'élévation et les détails de celui de Clisson ont complétement ce caractère: on a même remarqué que les profils et la forme des créneaux et des mâchicoulis étaient parfaitement semblables à ceux du château de Césarée dans la Palestine, vulgairement appelé la Tour des Pèlerins. Dans les siècles antérieurs à celui où les progrès de l'artillerie firent entièrement changer le système de défense des places fortes, le château de Clisson était regardé comme un chef-d'œuvre de fortification, et les ingénieurs de nos jours l'admirent encore. Son plan est irrégulier, et cette irrégularité est moins l'effet de la nature du terrain que celui d'une combinaison savante qui en défendait l'approche et la sape; aussi ,dans les divers sièges qu'il soutint, les armées, qui ne purent s'en emparer par capitulation, firent obligées, après de vains efforts, d'en lever le siège; et, pour le battre en brèche, le canon ne fut d'aucun secours à Henri IV et au duc de Mercœur; leurs boulets échouèrent contre des murs de seize pieds d'épaisseur, fondes sur un roc de granit. La principale porte du côté de la ville était masquée par un bastion; cette porte, du plus beau caractère d'architecture mauresque, est accompagnée de hautes murailles qui se prolongent jusqu'aux tours qui en flanquent les extrémités, et ces belles lignes produisent J'effet d'une superbe décoration théâtrale. Olivier Ier ne donna d'abord à ce château que cette seule entrée; maisilpratiqua plusieurs poternes et issues masquées, ouvertes sur la campagne par de nombreux souterrains, qui, dans ces temps reculés, étaient une des principales défenses des forteresses; et aux - XIIIe et XIVe siècles le château de Clisson était célèbre en ce genre, au même degré que ceux d'Aurav, de Josselin, de la Roche-Derrien,de Chantecé, de Derval, de Chanteauceaulx, de Craon et de Châteaubriant, illustrés dans les temps de la chevalerie par tant de brillants faits d'armes. Outre la double enceinte de murailles et de fossés qui entouraient le château du côté de la campagne, on y ajouta encore, vers la fin du XIVe siècle, des bastions, des remparts, et un large fossé extérieur, avec une contre escarpe et des glacis: Il est probable que ces ouvrages modernes furent élevéa au temps des guerres de la Ligue; cat l'histoire de Bretagne fait mention qu'à cette époque les états firent considérablement fortifier ce château, et que, jusqu'à la pacification d'Angers, ils y entretinrent une forte garnison. Cette place aurait été susceptible, de nos jours, d'être encore avantageusement défendue avec de l'artillerie; mais un abandon de près de deux siècles avait déjà mis ces fortifications en état de ruine, lorsqu'en 1793 l'armée républicaine, dite de Mayence, s'en étant emparée de v ive force, acheva de les détruire; et quoique cette forteresse fût alors ouverte de tous côtés, et qu'elle n'offrît plus qu'un amas de décombres, les tioupes s'y réfugièrent néanmoins, et pendant la durée de cette guerre elles en firent une place d'armes, où elles n'éprouvèrent jamais les funestes ré- sultats deces attaques subites et terribles, si familières aux Vendéens. Pour éviter toute surprise, on plaçait une sentinelle sur la principale tour; elle pouvait facilement, de cette hauteur, découvrir l'approche de l'ennemiet donner l'alarme; car de cette tour, la vue se porte à plus de quatre myriamètres de rayon. - Ce château n'était pas moins fortifié dans l'intérieur qu'à l'extérieur ; et pour pénétrer de vive force dans la dernière cour où se trouvaient les bâtiments qui servaient à l'habitation seigneuriale, il fallait d'abord se rendre maître de deux bastions et du donjon: ces fortifications intérieures étaient également défendues par des fossés, des poternes, desmâchicoulis, des ponts-levis et des herses; mais, depuis longtemps,lavégétation s'est emparée de toutes ces constructions abandonnées, et la crête de ces vieux murs est actuellement revêtue de masses dechèvrefeuille, de rosiers, et d'autres arbustes odoriférants dont les fleurs retombent en guirlandessur ces décombres qui rappellent tant de souvenirs.- Dans le bastion de la première cour on remarque deux ormes qui ont plus de quatre mètres de circonférence, et qui couronnent majestueusement ces hautes murailles;les branches énormes de ces arbres vénérables, que la nature a produit d'elle-même et par hasard, se sont fait jour à travers des créneaux à demi ruinés; et ces ouvertures gothiques, qui lançaient autrefois tant de traits meurtriers, sont ombragées aujourd'hui par de superbes rameaux que le vent agite et balance mollement dans les airs.

 

 

Ce château fut confisqué, en 1420, par Jean V, duc de Bretagne, sur la famille de Clisson, et possédé, jusqu'en 1480, par la maison régnante de Bretagne. A cette époque il fut donné, par le duc François II, à François d'Avaugour, son fils naturel; mais cette maison s'étant éteinte, en 1746, par la mort de Henri-François de Bretagne de Goello, comte de Vertus, baron d'Avaugour, le prince de Rohan-Soubise hérita d'une partie de cette terre: non-seulement il n'eut point le désir de visiter ce château, mais il renonça même à l'habiter; et à peine fut-il en possession, qu'il en fit vendre tous les meubles et transporter ailleurs les archives. Tousles logements furent alors donnés gratuitement à divers particuliers, qui les occupèrent jusqu'à lincendie de 1793 , où tous les bâtiments modernes que les seigneurs de la maison d'Avaugour avaient fait construire furent entièrement détruits par le feu. Après la mort du prince de Rohan-Soubise, en 1787, divers héritiers se partagèrent encore les terres; et le château sans dépendance étant tombé, en 1791, dans les domaines du gouvernement, il fut cédé, dix ans après, à la caisse d'amortissement, qui mit cette ruine en vente en 1807. Il existait au milieu de la dernière cour un très-beau puits, taillé dans le roc et extrêmement profond; il est actuellement comblé : des scènes horribles ensanglantèrent ce lieu en 1793 et 1795. La moitié du donjon s'écroula verticalement vers le milieu du XVIIe siècle: on ignore si cette chûte fut l'effet d'un tremblement de terre ou d'un vice de construction; mais la partie qui est restée debout doit longtemps encore, par sa solidité, défier le temps et ses outrages. D'anciennesv traditions assurent qu'il existait autrefois sur la plate-forme de ce donjon un fanal, que l'on allumait tous les soirs pour guider les voyageurs exposés à s'égarer pendant la noit dans un pays excessivement couvert et où il n'y avait point de grande route: ce fanal pouvait aussi servir, dans les temps de guerre, à donner des signaux, à indiquer la place aux troupes qui venaient à son secours, et à diriger la garnison lorsqu'elle faisait des sorties ou des excursions nocturnes dans cette contrée, que l'on peut aujourd'hui comparer à un labyrinthe inextricable... Philippe-Auguste ayant pris la Bretagne sous sa protection, et se trouvant à Nantes en 1205, y convoqua, vers les fêtes de Pâques, les ducs, les comtes, les chevaliers et tous les seigneurs sujets à son ost (armée); et parmi les chevaliers bretons qui parurent à cette monstre (revue), on distingua, disent les chroniques; Guillaume de Clisson et son fils : ces deux chevaliers avaient suivi, l'année précédente, Gui de Thouars au siège du Mont-Saint-Michel, et avaient été du nombre de ces braves que des prodiges de valeur rendirent, maîtres, en peu de jours, d'une place inexpugnable, située sur un rocher escarpé au milieu de la mer. Ce Guillaume de Clisson était probablement frère d'Olivier Ier, sire de Clisson, qui rebâtit ainsi que nous l'avons déjà rapporté,le château de Clisson en 1223, et qui entoura la ville de murailles, dont la plus grande partie existe encore; mais, quoique l'histoire de Bretagne ne commence qu'à cette époque à faire mention de cette illustre famille,il n'en est pas moins certain qu'elle possédait, dans les temps les plus reculés, le fief dont elle portait le nom. Quelques auteurs prétendent que ce fut Gui de Thouars qui créa baron, en 1199, le sire de Clisson Olivier Ier; soit que la maison de Clisson fût depuis longtemps en possession de ce titre, soit qu'Olivier Ier eut seulement obtenu de Gui de Thouars, comte de Bretagne, toujours est-il constant que ce prince donna au sire de Clisson la qualité de baron dans une charte de l'abbaye de Villeneuve, datée de l'an 1205. L'on sait d'ailleurs que les barons seuls avaient le droit de faire clore et fortifier le bourg ou la ville de leur fief principal. Sous le règne de Saint-Louis, Olivier I sire de Clisson, tint le parti de la France. Il reçut dans son château Saint-Louis et Blanche de Castille, en 1230. En 1257, Olivier I, que l'on nommait alors le Vieux à cause de son grand âge, se ligua avec d'autres barons de Bretagne pour faire la guerre au duc Jean I, dit le Roux ou le duc Mauvais, fils de Pierre de Dreux. Ce prince, aussi ennemi que son père de la puissance des barons et des évêques,fit tous ses efforts pour la rabaisser. Il fit raser plusieurs châteaux qui appartenaient à Olivier; mais, ayant assiégé celui de Clisson, il échoua honteusement devant cette forteresse. Il eut alors recours au roi de France; et, par sa protection, il obtint un arrêt du parlement de Paris, en 1260, qui lui donna saisine de ce fief, dont il ne parvint cependant à s'emparer qu'avec le secours des troupes royales. Il le garda deux ans (jusqu'en 1262); mais Jean I, voulant enfin mettre un terme aux funestes divisions qui avaient jusque là troublé la Bretagne, prit le parti de traiter avec les mécontents. Olivier de Clisson était celui qu'il regardait comme le plus à craindre, aussi l'avait-il plus maltraité que les autres; il ne s'était pas borné à détruire ses forteresses, il avait encore fait saisir toutes ses terres. Olivier, ne pouvant se venger par les armes, se pourvut au tribunal du roi de France, et y appela le duc son suzerain. Un prince moins équitable que Louis IX aurait saisi avec joie cette occasion pour établir son autorité en Bretagne; mais il se contenta d'exiger que le duc rendît au jeune Clisson les biens séquestres sur son père, car il ne put jamais déterminer Jean Ier à pardonner au vieux Olivier ses rebellions, et il obligea le nouveau seigneur de Clisson à faire hommage-lige au duc, et à lui promettre de ne plus plaider contre lui dans aucune cour étrangère, à moins qu'on ne lui refusât justice dans celle de Bretagne. Toutes ces choses furent réglées par un traité fait en présence du roi, au mois de février 1262. Olivier IIe du nom, sire de Clisson, à qui Jean I, duc de Bretagne, rendit cette seigneurie, servit Philippe IV, dit le Bel, dans ses guerres contre les Anglais. Il eut trois fils de sa femme: Isabeau de Craon, Garnier de Clisson, Olivier IIIe du nom, père du connétable, et Amaury de Clisson. Garnier de Clisson, que Froissart met au nombre des plus hauts barons de Bretagne et des plus braves chevaliers de son siècle, ne contracta, à ce qu'il paraît, aucune alliance, et mourut glorieusement, en 1341, en défendant le château de Brest, assiégé par le comte de Montfort au commencement de la fameuse guerre de la succession de Bretagne. Olivier lle du nom, père du connétable, succéda à son frère Garnier, et fit, la même année, l'hommage de ses terres à Charles de Blois dont il soutenait le parti. Le comte Jean de Montfort s'étant rendu maître du château de Brest après la mort de Garnier, il s'empara également des villes de Rennes et d'Hennebont, et vint mettre le siège devant le château de la Roche-Périon. Olivier de Clisson commandait dans cette place; et le comte, était insensible à ses menaces comme à ses promesses, se détermina à lever ce siège pour faire celui d'Auray. Amaury de Clisson, frère de Garnier et d'Olivier II, ne suivit point d'abord, comme ses deux frères, le parti de Charles de Blois; il s'attacha fortement, au contraire, à celui de son compétiteur; et lorsque le comte de Montfort fut fait prisonnier à Nantes par l'armée française, et enfermé dans la tour du Louvre à Paris (vers la fin de l'an 1341), Amaury de Clisson fut nomme par la comtesse de Montfort et par les seigneurs de son parti tuteur et curateur du jeune comte de Montfort. La comtesse envoya de suite Amaury en Angleterre, pour presser le secours que le roi Édouard III avait promis à son époux. Amaury y renouvela l'alliance que le comte avait contractée avec ce prince, et s'engagea, tant au nom de son pupille qu'en celui de Jeanne de Flandre, à reconnaître Edouard pour roi de France, à lui faire hommage de la Bretagne, et à lui livrer les principales places de ce duché. Le mariage du jeune comte de Montfort avec une princesse d'Angleterre fut en même temps convenu, et Édouard fit équiper un grand nombre de vaisseaux pour transporter ses troupes en Bretagne. La comtesse était assiégée dans Hennebont et presque réduite à se rendre, lorsque Amaury de Clisson lui amena un secours d'Anglais; Charles de Blois fut contraint à lever le siège. Charles de Blois étant venu l'année suivante (1342) mettre une seconde fois le siège devant cette ville, Amaury de Clisson signala encore son grand courage et son humanité en sauvant deux braves chevaliers d'une mort ignominieuse qui leur était lâchement préparée; et i! se rendit si redoutable à Charles de Blois, que ce prince, ne pouvant le vaincre ni le détacher du parti du comte de Montfort, confisqua toutes ses terres, et les donna à Guillaume de la Heuze. Il paraît que cette rigueur et les sollicitations de sa famille le déterminèrent enfin à se ranger sous les bannières du parti qu'il avait si vaillamment combattu. Décembre 1344, confirmée par le roi au mois de Janvier suivant, lui donna l'abolition de ses rébellions. et il mourut (le 18 Janvier 1347) au combat de la Roche-Derrien, tenant le parti de ce duc. Robert d'Artois, ayant débarqué en Bretagne, en 1342, à la tôle d'une armée anglaise, se présenta devant la ville de Vannes, et en forma le siège. Charles de Blois avait confié la défense de cette place importante au sire de Clisson, Olivier III.

 

 

Dès que ce brave guerrier vit approcher l'ennemi, il prit ses mesures Robert d'Artois, a près avoir donné inutilement plusieurs assauts, était sur le point de lever le siège, lorsqu'on lui indiqua un endroit de la ville où on ne faisait point de garde: il pénétra de ce côté, prit à revers les assiégés qui combattaient sur les remparts; et, dans la confusion de cette attaque imprévue, Clisson, ne pouvant regagner le château, n'eut que le temps de s'échapper par une porte secrète avec une partie de ses gens; mais furieux de s'être ainsi laissé surprendre, et désespéré des soupçons que l'on pouvait concevoir contre son honneur et son courage, il rassembla promptement des troupes, tomba tout à coup sur Vannes, et ses mesures furent si bien concertées, qu'il emporta cette place d'assaut. Robert d'Artois, en se défendant avec une grande bravoure, y fut blessé à mort ; et Philippe de Valois se vit ainsi délivré de ce prince transfuge.

 

 

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