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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 13:13

Alain Bouchard disait « Ceux de Coëtmen ont toujours été loyaux et vertueux chevaliers envers le duc. Cette antique maison, dont le nom est à toutes les pages de l'histoire de Bretagne, ne figure cependant pas dans les recueils généalogiques. C'est seulement après de longues recherches qu'il nous a été possible de retrouver un fil dans la suite des vicomtes de Coëtmen cette maison qui, à la fin du XVe siècle était réputée « la plus grande et première d'ancienneté, noblesse et extraction des éveschez de Cornouaille, Léon et Tréguier, yssue et partie de la baronnye d'Avaulgour, n'a pas été l'objet d'études sérieuses de la part des anciens annalistes de la province. Nous avons dû, par conséquent, fouiller les archives publiques et privées pendant plusieurs années, et attendre avec patience ces heureux hasards qui révèlent Inopinément à l'antiquaire des documents égarés. Ogé, dans son Dictionnaire de Bretagne, suivant son habitude, multiplié des erreurs qui n'ont pas été rectifiées par ses modernes éditeurs. Feu M. de Fréminville et M. de la Bigne-Villeneuve ont simplement résumé les faits qui pouvaient être colligés dans les « Preuves de D. Morice. M. de La Borderie a fait connaître ce que les aveux apprennent sur le fief de Tonquedec Nous ne parlons pas de ce qui se trouve dans Dupaz ce ne sont que des notions assez vagues et qui d'ailleurs ne remontent qu'à des temps relativement modernes. Nous passerons également sous silence ce que nous avons publié, il y a plusieurs années, dans le « Bulletin monumental de la Société française, dirigée par M. de Caumont, et dans le journal -La Bretagne. Les matériaux alors étaient encore trop peu nombreux pour que ces recherches fussent bien complètes. Nous constaterons seulement que quelques personnes ont bien voulu emprunter ce qu'il y avait de nouveau dans ces modestes recherches, en se gardant bien, peut-être pour ménager l'amour-propre de l'auteur, de mentionner les sources auxquelles on avait puisé. Dès le commencement du XVIe siècle, la généalogie historique de la maison de Coëtmen était peu claire Gillette de Coëtmen, principale héritière, en 1516, faisait faire des recherches pour manifester son extraction féminine pour ce qu'elle estoit moins cogneue à plusieurs personnages. On faisait alors descendre les Coëtmen des comtes de Cornouaille puis du « roy Audran,» comme puinés d'Avaugour, et on arriva à établir une généalogie qui nous a d'abord été communiquée par M. Pol de Courcy, et que nous avons ensuite retrouvée dans des papiers de la maison de Cahideuc. Nous aurons occasion de la rectifier sur plusieurs points. Dès à présent, nous devons constater une source d'erreur que nous sommes peut-être les premiers à éviter c'est que Coëtmen et Tonquedec étaient, dès l'origine, deux fiefs distincts, et qui, à certaines époques, ont appartenu à deux seigneurs différents. Coëtmen était un partage du Goëllo, donné par un aîné à son puiné. Tonquedec était une circonscription féodale étrangère au Goëllo, arrivée par alliance dans la maison d'Avaugour.

 

Geslin, fils puîné de Henri, comte des Bretons, et de Mathilde de Vendôme, eut en partage les terres qui formèrent la seigneurie de Coëtmen dont sa branche prit le nom c'est lui qui peut être considéré comme fondateur du château de Coëtmen en Tréméven. Il paraît dans les chartes de Beauport comme sénéchal de Goëllo, en 1220, et depuis cette date jusqu'en 1224, il partagea avec Lucas le Borgne, chanoine de Tréguier, la charge de tuteur de Henri d'Avaugour, son neveu, fils du comte Alain. Lorsque son pupille eut atteint l'âge de la majorité, Gesiin devint l'un de ses premiers lieutenants ou vicomtes, le soutint vaillamment dans la lutte contre Pierre Mauclerc, et fut chargé de garder la forteresse du Guesclin en 1234. Le dernier acte dans lequel figure Geslin de Coëtmen est de 1235, à cette époque il était témoin dans l'enquête ouverte pour constater les priviléges souverains contestés par le duc aux sires de Léon et de Goëllo Nous supposons qu'il vécut encore quelque temps, peut-être jusque vers 1256, parce que c'est alors seulement que son fils aîné changea son titre de vicomte de Tonquedec contre celui de vicomte de Coëtmen. De N. de Tonquedec, Geslin eut

 

1. Alain qui suit.

2. Hugues, chevalier, vivant en 1233

3. Henri, chevalier, mentionné en 1231 il mourut en 1233 et fut enterré à Beauport.

 

 

Alain portait dès 1231 le titre de vicomte de Tonquedec du vivant de son père des actes de Beauport furent souscrits par lui en 1232, 1233, 1239 et 1253. Quatre ans après, et comme vicomte de Coëtmen il était pleine du sire d'Avaugour, alors que celui-ci empruntait à l'abbaye de Beauport une somme assez considérable il vivait encore en 1260, ainsi qu'il résulte d'un acte du pape Alexandre IV provenant des archives de la même abbaye". Il mourut le 6 des ides d'août. laissant de sa femme, Constance de Léon

 

1. Prigent -qui suit

2. Alain chanoine de Beauport, et recteur de Plouha en 1260.

3. Jean, mort en 1307, d'après l'obituaire des frères prêcheurs de Guingamp.

4. Pierre, vicomte de Tonquedec, mort sans laisser de postérité, avant son frère Jean, et dont l'héritage, par suite du droit de représentation, fut recueilli par son neveu Rolland de Coëtmen dont nous nous occuperons bientôt

 

Prigent, vicomte de .Coëtmen, s'acquittait, en 1274, de la dette de 400 livres qu'il avait contractée auprès du duc de Bretagne pour son expédition en Palestine en 1298 il était en procès avec son souverain au sujet de ce qu'il avait à réclamer dans la succession du dernier vicomte de Léon, du chef de sa femme Anne ou Emmette de Laval, et pour le satisfaire, le duc lui donnait 3,000 livres. Ici se présente une rectification à faire la plupart des historiens répètent qu'Anne de Laval était fille d'Hervé de Léon et de Catherine de Laval on ne comprend pas cette confusion de noms qui est d'autant plus choquante que le sceau d'Anne porte très-distinctement les armes de Laval et non celles de Léon les tombeaux de cette dame et de son époux, dont nous parlerons dans un instant, fournissent, ainsi que les vitraux de la collégiale de Tonquedec, le même renseignement héraldique. II nous semble que toute incertitude cesse du moment que l'on observe que Gui VII de Montmorency, comte de Laval, mort en 1367, eut de sa première femme, Philippe de Vitré, deux filles, Catherine, dame de Landauran, épouse de Hervé, vicomte de Léon, et Emmette à qui, dans son testament, il léguait 300 livres à prendre sur ses terres de Laval et de Vitré c'est évidemment cette Emmette de Laval qui devint vicomtesse de Coëtmen, et qui, héritant de sa soeur Catherine, vicomtesse de Léon, donna à Prigent les droits qu'il faisait valoir en 1398. Prigent et Emmette furent enterrés en l'abbaye de Beauport, dans une chapelle qui, jusqu'à la Révolution, fut désignée sous le nom de chapelle du Vicomte; elle se trouvait dans une partie de l'église abbatiale qui a complètement disparu On y voyait ungn enfeu et sépulture eslevée sur lequel sont pourtraictz, savoir la pourtrecture du viconte de Quoitmen, aiant sous la teste ungn oreiller a deux ymaiges d'anges d'un costé et d'aultre de sa teste, et ungn lyon, le tout de piastre fort magnifique et d'ancien temps comme apiert par la veue d'iceulx. Sur la pourtrecture duquel viconte y a ungn grant escu de ses armes du blason susdit qui est de gueules a annelez d'argent. Et tout a l'entour de celle tombe y a escuz d'armes que l'on ne peut blasonner pour l'antiquité d'elles. Et a costé de luy y a la pourtrecture d'une dame de Quoitmen, et est la voix commune en celles parties que elle estoit fille du conte de Laval et avoit esté inhumée audit enfeu jouxte son seigneur et mary espoux »

 

 

 

Rolland de Coëtmen, fils du précédent, ayant hérité de son oncle, fut vicomte deTonquedec du vivant de son père: en 1284 il était pleige du sire d'Àvaugour, et dix ans plus tard figurait dans l'ost ducal comme devant fournir cinq chevaliers Il posséda peu de temps le fief de Coëtmen puisqu'il était déjà mort en 1311, époque à laquelle sa veuve, Alix, de la maison de la Rochejagu donnait à Beauport trois rais de froment sur ses dîmes de Lannevez, à charge de célébrer un service annuel. De leur mariage naquirent

 

1. Guy, vicomte de Coëtmen, décédé sans postérité en 1330

2. Rolland II qui suit

3. Prigent qui paraît ne pas avoir laissé d'héritiers de sa femme Eugènie

 

On donne généralement à Rolland II une femme de la maison de Quintin, Jeanne, fille de Geoffroi nous pensons plutôt qu'il épousa Marie de Kergorlay, décédée en 1362 l'expression de consors employée parl'obituaire des frères prêcheurs de Guingamp semble indiquer en effet qu'à cette date son époux vivait encore. Il ne nous a pas été possible de déterminer la date de la mort de Rolland II nous notons seulement que dans l'histoire de Bretagne le dernier événement dans lequel il paraît est la bataille d'Auray en 1364, où il fut fait prisonnier précédemment, en 1346, il commandait un corps de l'armée de Charles de Blois contre le capitaine anglais Thomas d'Aigworth; en 1351 nous le trouvons à la suite du sire de Beaumanoir, et l'année suivante aux États de Dinan, convoqués par la comtesse de Penthièvre

 

Jean de Coëtmen, fils deRolland II, n'eut la vicomté de Coëtmen et le fief de Tonquedec que de 1364 à 1371 à cette dernière date, il assistait à la cession de Guémené-Guégant faite au duc par Jeanne de Rostrenen, le 29 mai, et peu après il était mort puisque son fils Rolland III avait succédé à ses titres féodaux Jean avait épousé, en 1340, Marie de Dinan, fille de Rolland III, sire de Montafilant et de Thomasse de Châteaubriant qui, suivant une chronique du XVIe siècle, apporta en dot les fiefs de Runefau et de Goudelin D'après le contrat de mariage qui nous est parvenu à peu près intact, Marie de Dinan eut les terres provenant de la succession de Anne ou Emette de Laval qui étaient alors débattues entre les sires de Coëtmen et de Montafilant

 

Revue nobiliaire, héraldique et biographique par Anatole de Barthélémy

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