M. L. Prével qui a écrit, il y a quelque temps, une intéressante notice sur le château de Blain, a rencontré plus d'une fois en la composant de curieux documents sur le château de Goust, dont il aborde ici l'histoire. L'enceinte de ce château, dont il ne reste que quelques ruines, qui disparaissent sous le lierre et les plantes parasites, est traversée par la voie ferrée de Nantes à Saint-Nazaire, qui laisse au sud le donjon, et au nord le village. La première mention de ce château date de 1390 ; vers 1500 la seigneurie du Goust entre dans la maison de Montauban (voir La Maison de Montauban.), dont la notice de M. Prevel a particulièrement pour but de nous faire con naître un des membres, Jean de Montauban, chevalier, seigneur du Goust, qui, lorsque le duc de Mercœur s'empara des titres de prince et duc de Bretagne et plaça sur le château de Nantes la double croix de Lorraine, se déclara son ennemi acharné, prit avec une énergie singulière la défense du roi et reçut du prince de Dombes, lieutenant général en Bretagne, les pouvoirs nécessaires pour réunir des approvisionnements et lever les sommes destinées à la paye des troupes. La prise de Blain par Montauban, sa reprise et la démolition du château de Goust par les troupes de Mercœur, sont les épisodes principaux de cette longue lutte qui épuisa la province.
La duchesse de Rohan, revenue dans son château de Blain, se servit des plaintes qui éclataient de toute part contre du Goust pour intenter contre lui une action judiciaire, mais, le 30 août 1599, il obtint d'Henri IV des lettres qui, tout en lui assurant l'impunité, constatent l'exactitude de la plupart des faits articulés contre lui ; en voici les dispositions principales : « Ledict exposant, qui, pour s'estre toujours maintenu en l'obéis sance naturelle qu'il nous doibt, a faict plusieurs ennemys, craint que lesditcs actes comme ranczons de prisonniers de toutes qualitez, demantellemens, demollitions et bruslement de maisons en faict d'hostilité, prinses de meubles et bestail sur les parouesses et bour - gades rebelles, levées de deniers tant ordinaires qu'extraordinaires et magazins, sur les commissions de nostre tres cher cousin le duc de Montpensier et le sire de La Hunaudaye, corvées de toutes sortes, fascines, boys couppés et aultres matières pour les fortifications et chauffaiges des dictes places, decedz de prisonniers es prisons et aultres actes de guerre, aulcuns de ses dicts ennemys, par sur prinse ou aultrement, veullent informer et le travailler en procé dures. C'est pourquoy il nous a supplyé et requis luy voulloir sur ce pourvoir de nos lettres et descharges nécessaires.... A ces cauzes, désirant bien et favorablement traicter le dict de Montauban, sieur du Goust, et ne permettre que pour nous avoir fidellement servy il soit en peine ny ceulx qu'il a euz soubz son commandement pendant lesdictz troubles ; considéré mesmement les grandes et excessives pertes, dommaiges et ruynes d'héritaiges et maisons qu'il a receu en ses biens, oultre la detemption de sa personne et emprisonnement entre les mains de nosditcz adversaires l'espace de sept années. Pour ces causes.... disons et déclarons par les dictes présentes, que les prinses et surprinses des dictes places et havres de Blain, le Gavre, Saint Mars de la Jaille, l'Espinay, le Buron, la Haimeriais, de La vau, Donges et aultres, que ledict sieur du Goust a prinses sur nos dicts ennemys, ensemble les courses et aultres explects de guerre cy-dessus, que luy et ses dicts soldatz ont faict es années M V IIII neufs, dix et unze, pendant et à l'occasion des troubles.... ont esté pour l'affection qu'ilz portent à nostre service, et en avons des chargé et deschargeons ledict de Montauban sieur du Goust et ses dictz soldatz auxquelz il a commandé. »
