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19 juin 2022 7 19 /06 /juin /2022 14:31
Les forges de la Hardouinais

Plan du haut fourneau  de la Hardouinais d'après cliché patrimoine bzh gertrude

Les premières traces de l'exploitation du minerai de fer remonte a près de 700 ans avant notre ère, ce qui coïncide avec l'arrivée des tribus indo-européennes que nous connaissons sous le noms de Gaulois (voir L'âge de Fer). La présence de haches à talon, tel que l'on en a observé sur le site de la Motte-Broons ou à la Moussaye atteste cette activité. Les traces de scories sont témoins d'un labeur lié à l'exploitation du minerai de fer (le Coudrais à Broons, les Forges à Rouillac, Bois d'Yvignac). Des sites d'exploitation ont été découverts autour de Paimpont, de Dinan et de Combourg. A l'époque médiévale, on mentionne la forge des Salles en Sainte Brigitte, -citée en 1065 ; cinq forges aux alentours de Paimpont -citées vers 1419-1420 -alors propriété du duc de Rohan (voir Généalogie de la famille de Rohan et de la famille de Rohan-Chabot) les forges de Paimpont et Plélan-le-Grand ce qui porte le nombre à 11. Forges de la Hardouinais vers 1570 :

 

-3 forges connues à Saint Launeuc, celle d'en Bas avec le haut fourneau, celle d'en haut située près de la Rouerie ; une troisième située d'après carte de Cassini près de l'actuel grand étang.

 

 

Possesseurs des forges de la Hardouinais.

(voir Le château de la Hardouinaye en Saint Launeuc)

 

Le propriétaire pouvait être maître de forges ou déléguer cette fonction à une tierce personne, car sous l'ancien régime les activités de sidérurgie, de mine et de verrerie pouvaient être exercées en grand par des nobles sans déroger, mais tous les maîtres des forges n'étaient pas nobles. En revanche, l'ouverture d'un haut fourneau nécessitait l'autorisation accordée par le roi.

 

La forge de la Hardouinais est connue dès 1570 environ. Titres généraux : prisage et arpentage de la terre de La Hardouinais, fait à la requête de Pierre Gondy, duc de Retz, demandeur en rescision, pour lésion de plus de moitié, d’un contrat de vente consenti, en 1647, aux frères Jean et Michel Chappel, ledit prisage mentionnant: «le château de ladite seigneurie de La Hardouinais, situe en la paroisse de Saint-Launeuc, evesché de Dol, construit la plus grande partie de pierre de taille... Dans la seconde moitié du 17e siècle, vers 1670, elles sont reprises par Jacques Doisseau, seigneur de Poulancre en la paroisse de Saint-Gilles-Vieux-Marché. Le sieur Doisseau disposait de forges dans les forêts de Poulances et de Quénécan, il s'éteignit à la fin du mois d'octobre 1674 à la maison des forges de la Hardouinais.  François-Siméon Doisseau, fils du précédent et sa sœur Marthe héritèrent du domaine. Catherine Doisseau épousa Simon Hay de Nétumières. Deux  des fils de Simon II et de son épouse Catherine Doisseau de Poulancre se noyèrent dans l'étang de la Hardouinaye. Renée Hay, fille de Siméon, dame de Couelllan épousa en 1695 Jean-Baptiste de Derval, sgr de Brondineuf ; leur fille Marie de Derval transporta lors de son mariage en 1715 le domaine à son époux Pierre de Saint-Pern. C'est à ce dernier que l'on doit aménagement du premier haut fourneau connu à la Hardouinais. Cette famille de Saint-Pern y était encore présente en 1777. Quand la Révolution survint, c'est le maire de Plémet, François Delaizire, par ailleurs administrateur du département des Côtes du Nord, et député à l'Assemblée Législative qui devint maître des forges de Vaublanc et de la Hardouinaie, il mourut en 1796. Il déclarait n'employer que 151 hommes pour le service du fourneau de la Hardouinais : 15 mineurs (retirait le minerai de la terre), 30 bûcheurs (bucherons), 23 dresseurs (charbonniers), 13 cuiseurs (charbonniers), 22 fourneliers et 48 sactiers (transporteurs de sacs de minerai).

 

Les forges de la Hardouinais

Haut fourneau  de la Hardouinais d'après cliché patrimoine bzh gertrude

Le 5 août 1808, la famille de Saint-Pern vend une première partie de la forêt de la Hardouinais et du domaine à Louis-Alexis Carré-Kerisouet maire de Plémet ainsi qu'à son fils Louis, puis le reste de la propriété au même acquéreur le 13 mars 1811. La production de la forge rapportait anniuellement 14.000 francs, en revanche le charbon provenait du Pays de Galles. Reconstruit, le haut fourneau, toujours en place, date de 1817 ; sa soufflerie est alors actionnée par les eaux du Petit étang de la Hardouinais. L'acte de vente précise que le site se compose par ailleurs d'une fonderie, d'une fenderie et de halles.

 

La forge comptait 15 à 20 ouvriers au XXe siècle. Les forgerons représentaient une main d'oeuvre qualifiée, ils bénéficiaient d'exemption fiscale de droits de chasse et de logements de fonction. Les ouvriers des forges ont une vie itinérante entre les différentes forges en activité

 

En 1840, outre leur salaire, les ouvriers percevaient le vin bon dont les sommes variaient : les souffleurs 42 francs et le fondeur 84 francs. En 1828, aux forges des Salles, le directeur versait pension aux veuves ainsi qu'aux indigents. A la saint Eloi, les valets percevaient 30 francs et des touques dans toute la forge ; au nouvel an 24 francs arrosés de 3 bouteilles d'eau de vie, mais les ateliers tournent à régime normal la veille et le jour de Noël. (Jean Yves Andrieux)

 

Le haut fourneau de la Hardouinais est définitivement éteint en 1836. En 1855, Louis Carré-Kerisouet fait installer un moulin à tan juste en aval du Petit étang ; le mécanisme provient d'un premier moulin à tan autrefois installé sans autorisation en contrebas du Grand étang. Pour son fonctionnement, il a suffi de restaurer la roue hydraulique autrefois destinée à actionner les soufflets du haut fourneau afin d'entraîner un arbre métallique relié au moulin. Les deux étangs sont réglementés par arrêté préfectoral du 23 février 1856. En 1865, le moulin à tan est affermé à M. Barabé, tanneur à Rennes. Un acte de vente par adjudication est ensuite passé le 29 janvier 1876 entre les Carré-Kerisouet et la famille de Bastard qui devient propriétaire du domaine. A partir de 1899, le moulin à tan est en chômage car les écorces de chêne provenant de la forêt de la Hardouinais sont livrées brutes au commerce sans y avoir été réduites en poudre. acte de vente du 16 décembre 1905 entre les héritiers de Bastard à la famille Delory précise que la propriété de la Hardouinais, était d'une surface de 2032 ha. Aujourd'hui elle est estimée à 2000 ha.

 

 

Fonctionnement

 

La partie supérieure de la cheminée est connue sous le nom de gueulard, on y dépose en alternance charbon et minerai, et à la base de la braise qui sera entretenue par le soufflet lui même alimenté par le bief. Dans le bas fourneau la combustion fournit une température d'environ 1100°C (jusqu'à environ 1300°C) ; il était nécessaire d'attendre 35 heures après sa mise en route pour que le haut fourneau atteigne jusqu'à 1536°. Une fois allumé le haut fourneau chauffait six à huit mois. Le métal obtenu coule alors dans un sillon, à l'état liquide, mais des scories aussi désignés le laitiers flottent à la surface de la coulée et représente 60 % du contenu. Le monoxyde de carbone enlève l'oxygène de l'oxyde de fer, autrement dit transforme du minéral en métallique. La récolte était ensuite acheminée sur la forge de Vaublanc en Plémet afin d'y être affinée. Cette forge de Plémet avait été ouverte en 1670-1671 et avait pris le relais d'une forge ouverte à la Hardouinais un siècle plus tôt. C'est par un décret royal que ce haut fiourneau fut ouvert. La mise en place d'un haut fourneau nécessita l'aménagement d'un second étang, alimenté par le Meu, l'actuel grand étang. La coupe des arbres nécessaires à la réalisation du charbon couvrait annuellement pour la forêt de la Hardouinais, une superficie comprise entre 150 et 250 hectares. Les Hollandais furent les premiers a cessé d'utiliser le charbon, disposant de tourbières, et à partir de 1650 on commença à utiliser le coke (dérivé de la houille).

 

Les tâches diverses

 

Le nombre d'ouvriers par poste de travail au fourneau est indicateur de la répartition du temps de travail.On compte un fondeur et un garde fourneau pour se relayer au contrôle du fourneau et quatre chargeurs formant deux équipes affectées au chargement. Cette répartition des hommes épouse le rythme des deux coulées quotidiennes et laisse place à deux tournées de 12 heures ou a 4 tournées de 6 heures. Un mode d'apprentissage familial existait sauf chez les fondeurs.

 

Le fondeur surveille le haut fourneau et dirige les coulées, il était employé toute l'année et était payé au millier de fonte produite pendant la campagne. L'employeur lui versait aussi un chômage. Le fondeur se trouvait à la tête d'une équipe comprenant un garde fourneau, 4 chargeurs, un releveur de charbon et un goujat. L'espace de travail était réparti en fonction des 3 ouvertures du fourneau, par lesquelles non le charge, on le chauffe on le vide

En 1680, maître Jean Machelot est fondeur aux Forges (était qualifié de maître le compagnon ayant réalisé un chef d'oeuvre lui permettant d'accéder à la maitrise de son métier)

 

Les chargeurs transportaient dans des corbeilles le charbon servant à alimenter le fourneau, leur nombre était en principe de quatre, et ils étaient relevés toutes les six heures.

 

Le chauffeur jette des pelletées de charbon et réchauffe la masse de fer

En 1681, Mathieu Chauvel est chauffeur à la Forge d’en Haut

 

Le marteleur martèle longuement la masse de fer placée sur l’enclume à l’aide du lourd marteau

En 1681, Pierre Jacques est maître Marteleur à la Forge d’en Haut

En 1682, Pierre Vavasseur est maître Marteleur aux Forges de St Launeuc

on cite aussi Pierre Bodin comme maître des forges de la Hardouinais

 

 

L'affineur ou valet soumet la gueuse (fonte) a un courant d'air pour enlever l'excès de carbone.

En 1681, Jean Flotté est maître affineur à la Forge d’en Haut

En 1681, Charles Luneau, est maître affineur à la Forge d’en Haut

En 1683, Philippe Carré est affineur aux Forges d’en Haut.

 

Les platineurs, martelaient les tôles pour en faire des ustensiles de quincaillerie.

 

Le mouleur, son rôle est de réaliser à l'unité, ou en série, des moules en sable destinés au moulage de métaux en fusion ; il travaillait du lever au coucher du soleil.

 

Le fendeur, désigne l’action de fendre les bandes de fer en « verges »

En 1680, maître Michel Boisgontier est fendeur à La Fendrie en St Launeuc

 

Le garde-fourneau prépare le moule en creusant un sillon avec la « charrue », rafle de bois de forme triangulaire. Ce sillon va recevoir la coulée de fonte ; le garde fourneau partageait avec le fondeur le secret et remplaçait celui ci quand sa journée était terminée. Pourtant aucun garde fourneau n'accédait au poste de fondeur.

En 1685, Guillaume Malherbe est garde aux Fourneaux, il demeure au village des Forges à St Launeuc

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