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31 juillet 2016 7 31 /07 /juillet /2016 18:11

 

 

Tonquedec par M. H. du Cleuziou. - Les ruines imposantes de cette antique demeure féodale sont peut-être ce qui reste en Bretagne de plus remarquable en ce genre. Elles s'élèvent sur une croupe de coteau, dans un site sauvage et pittoresque, à quatre lieues de Lannion, à une demi-lieue Nord-Ouest du bourg de même nom. Le Leguer (ou rivière de Lannion) coule à gauche, dans une vallée profonde, encadrée de rochers boisés, et poursuit son cour vers le Nord ; à droite se creuse une autre vallée latérale, arrosée par un petit ruisseau qui s'écoule d'un étang. C'est donc un cap étroit qui forme l'assiette du château, dont l'entrée est au Midi. Tonquedec présente la configuration d'un polygone irrégulier, et se divise en deux parties disparates de style et d'époque. Cinq tours cylindriques, sans compter le donjon et les deux petites tours protégeant la portée d'entrée, flanquent les angles des courtines qui ceignent le bayle (ballium) principal. Cette partie du château renfermait l'habitation seigneuriale, dont quelques débris jonchent le sol ; elle est la plus ancienne, et semble appartenir au XVe siècle. Une enceinte extérieure, formant comme une avant-cour, enveloppe de ses murs, renforcés de trois tours, la courtine méridionale et la porte où étaient placés la herse et le pont-levis, entre deux tourelles : un fossé intérieur séparait les deux parties de la forteresse. La première enceinte, ou bayle extérieur, parait avoir été ajoutée au corps du château vers la fin du XVIe siècle. Le donjon est situé à l'angle le plus avancé vers le Nord-Ouest, à la pointe du promontoire qui domine la vallée; occupant le sommet d'un triangle, il fait face à la courtine qui relie les deux tours angulaires du grand côté. On y accédait uniquement par un pont qui venait reposer sur une culée en maçonnerie haute encore de plus de 5 mètres, lequel pont correspondait à une poterne cintrée percée dans la paroi du donjon, au niveau de la galerie de la courtine. L'étage inférieur de cette grosse tour n'avait pas d'ouvertures : c'est à peu près la seule qui ait conservé, à son sommet, les consoles de ses machicoulis. L'épaisseur de ses murailles est de 3 mètres 60 à sa base; mesurées aux étages supérieurs du donjon, elles présentent encore 3 mètres 25 d'épaisseur. Quant à l'histoire de ces belles ruines, la voici en peu de mots : Tonquedec doit son origine aux vicomtes de Coëtmen, juveigneurs de Penthièvre (voir Généalogie historique des sires de Coëtmen, vicomtes de Tonquedec en Bretagne par Anatole de Barthélémy; on peut conjecturer que sa construction primitive n'est guère postérieure à celle de Coëtmen, que certains auteurs rapportent au milieu du XIIe siècle, époque où la seigneurie de ce nom fut assignée en partage au premier sire de Coëtmen. Ces puissants barons portèrent indifremment le titre de vicomtes de Coëtmen ou de vicomtes de Tonquedec. L'importance de cette seigneurie nous est révélée par un document curieux qu'ont publié les Bénédictins : c'est l'état dressé à Ploërmel, en 1294, du nombre de chevaliers que devaient à l'ost du duc les barons et seigneurs de Bretagne. On y lit à l'article de la «  baillie de Tréguier  » que le visconte de Tonquedeuc devait « cinq chevaliers » -autant que les barons de Vitré et de Fougères (D. Morice, Pr., tom. 1, colonne 1113). Au XIIIe siècle, les vicomtes de Tonquedec sont mêlés à tous les évènements importants de l'histoire du pays. L'un d'eux accompagne en 1270 le duc Jean-le-Roux à la croisade (D. Morice, tom. I, 1008). Au XIVe siècle, on les voit prendre une part active à la guerre de succession et embrasser la cause de Charles de Blois ; plus tard celle du connétable de Clisson, dans ses démêlés avec Jean IV. En 1395, le duc de Bretagne fit raser et démolir le château de Tonquedec, de crainte qu'il ne servit encore de retraite à ses ennemis, ainsi que le constatent ses lettres données à Nantes le 8 juin, par lesquelles il décharge Henry du Juch, son chambellan, de la garde dudit château. C'est ici le lieu de remarquer que l'inspection des débris qui viennent d'être décrits amène à des conclusions parfaitement concordantes avec le fait historique de la destruction de Tonquedec à la fin du XIVe siècle. Le donjon, les tours, les murs d'enceinte dans leur état de dégradation, toutes ces ruines, en un mot, portent bien le cachet du XVe siècle. Il est à croire que la reconstruction de cette forteresse fut l'oeuvre de Roland, vicomte de Coëtmen, le même qui, en 1447, fit ériger en collégiale l'église paroissiale de Tonquedec. Depuis l'érection de la vicomté de Coëtmen en grande baronnie par le duc François II, l'an 1487, en faveur de « son bien aimé cousin et feal Jehan de Coëtmen, vicomte de Coëtmen et de Tonquedec » cette dernière seigneurie, membre intégrant de la nouvelle baronnie, en suivit et en partagea toutes les vicissitudes. C'est dire qu'elle passa successivement à la famille d'Acigné, par le mariage de Gislette de Coëtmen avec Jean VI d'Acigné, en 1497 ; -à la famille de Cossé-Brissac, par le mariage de Judith d'Acigné avec le maréchal de Brissac : leurs descendants possédaient encore cette baronnie en 1669 ; elle revint un peu plus tard à une branche cadette des Coëtmen, qui la porta, vers 1760, à la famille de Rougé, dont le chef en était titulaire à l'époque de la révolution. Coetmen, dont l'histoire, comme on vient de le voir, est intimement liée à celle de Tonquedec, ne présente plus à l'oeil que d'informes ruines. Assis sur la crête d'un coteau nud et aride, dont les pentes abruptes dominent de plusieurs centaines de pieds les circuits gracieux décrits par le Leff, au fond d'une fraîche vallée, ce château était remarquable par sa situation qui commandait toute la contrée voisine. Tremeven est à une demi-lieue vers le Nord, Lanvollon à 5 kilomètres au Sud-Ouest. Ce n'est plus qu'aux traces des douves, encore assez profondes, surtout du côté occidental et autour du donjon, qu'on peut retrouver et reconstruire par la pensée le plan de la forteresse. Elle affectait une forme peu régulière ; à peu près rectangulaire dans la partie orientale, la ligne d'enceinte décrivait une longue courbe en passant par le Nord, et venait se terminer circulairement à l'Ouest. Le terrain, ainsi circonscrit, n'a pas plus d'un hectare de superficie. L'angle Sud- Ouest est occupé par une motte à peu près elliptique, séparée du reste de l'enceinte par une douve. Le périmètre de cette motte mesurée à sa base, est de 245 pas (environ 200 mètres). Dans tout le pourtour de sa cîme, on reconnaît des débris de fondations de vieux murs ruinés, se reliant à une grosse tour croulante, dont la masse isolée se dresse encore sur le bord du versant méridional qui pend vers la rivière : voilà tout ce qui reste du donjon de Coëtmen. A l'intérieur, elle figure un pentagone, percé au rez-de-chaussée d'une poterne ouverte à l'Est, et qui, autant qu'on en peut juger vu son état de dégradation, parait avoir dù être ogivale ; au premier étage, les ouvertures étaient cintrées. L'extérieur de cette tour offre, non pas des contours régulièment cylindriques, mais bien une série de facettes inégales en largeur; on en compte jusqu'à quatorze. Cette multiplicité de pans fait qu'elle se rapproche beaucoup de la forme circulaire.L'épaisseur des mure de cette tour est de 4 mètres ; le diamètre intérieur atteint à peine 6 mètres. (voir Description du château de Tonquedec par Alfred de la Barre de Nanteuil, page n° 1 - Description du château de Tonquedec par Alfred de la Barre de Nanteuil, page n° 2 - Description du château de Tonquedec par Alfred de la Barre de Nanteuil, page n° 3 - - Description du château de Tonquedec par Alfred de la Barre de Nanteuil, page n° 4) 

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