Il n'est pas un touriste qui àit traversé Dinan sans aller visiter la Fontaine des Eaux minérales, située à un kilomètre de la ville. La date de la découverte de ces eaux, dont le fer est un des éléments les plus importants, est inconnue. La première étude sur l'hydrotérapie de Dinan, parvenue à notre connaissance, a été,faite quelques années après la moitié du XVIIe siècle. Il ne nous appartient pas de prononcer sur la prédominence quantitative de tel ou tel principe, et moins encore sur la nature de celui auquel cette source semble devoir ses propriétés les plus tranchées, car en général les eaux ferrugineuses contiennent souvent une proportion beaucoup moins grande de sels de fer que toute autre substance saline; et puis, ne faut-il pas l'avouer, malgré toutes les découvertes récentes dans les différentes branches des sciences physiques, nos connaissances sur l'origine des principes constituants des eaux minérales sont encore généralement peu avancées. Avant de passer à l'historique de cette propriété communale, contentons-nous de citer comme témoignage de leurs effets salutaires, non seulement les rapports des médecins qui en prescrivent l'usage, mais, ce qui vaut mieux, les éloges des nombreux habitués qui après y avoir puisé la santé, viennent les prendre De son côté le chapitre de Saint-Malo. déclarait consentir gratuitement et sans dédommagement, en ce qui l'intéressait et le concernait, à l'exécution des plans et devis dressés par le sieur Even, ingénieur de la province, et qu'en conséquence la plantation d'arbres et l'établissement d'une salle et de cabinets, seraient sur le terrain à lui appartenant et contigu à un des moulins situés sur le ruisseau d'Argentel, nommé le Moulin-Suzain, dans lequel terrain était située la Fontaine minérale, qui serait aussi protégée par une voûte.
Ainsi, dès ce moment, sans ajouter à la vertu des eaux, ce charmant rendez-vous, outre la garantie de la pureté de la fontaine, offrait un abri aux malades et aux visiteurs. Plus tard, par suite d'un arrêté du 1er Consul du 3 floréal an VIII, concernant les sources d'eaux minérales appartenant à la République, le préfet des Côtes-du-Nord, M. Boullé, appliqua analogiquement ce décret en autorisant le mairede la commune de Dinan à se servir de tous les moyens pour réparer, entretenir et améliorer le local et bâtiments dépendant de la Fontaine des Eaux minérales existant sur son territoire pour le produit en être uniquement affecté à tous les besoins à venir de ce local. En 1809, M. Rd Le Chevallier, maire, acheta au profit de la commune et dans l'intérêt du public une portion de la vallée de la Fontaine, qui jadis en avait fait partie, mais qui avait été vendue nationalement. En 1820 (5 août), la commission pour les eaux minérales de France, instituée le 17 mai de cette même année, demanda aux inspecteurs des principales sources, en tournée dans le royaume, des renseignements afin de pouvoir justifier l'emploi des sommes qui avaient été sollicitées auprès du gouvernement pour l'entretien des bâtiments et du chemin qui conduit à la Fontaine. Enfin une ordonnance royale du 18 décembre 1822 autorisa le maire de Dinan à acquérir, au nom de cette ville, le terrain nécessaire pour élargir le chemin qui conduit de Dinan à la Fontaine. Depuis cette époque, la ville est restée chargée de l'entretien de l'établissement. De son côté, la Société dite des Eaux a suppléé de temps à autre à l'insuffisance des deniers communaux. En quittant la ville par la porte Saint-Malo, à moitié de la rue du même nom, on rencontre à gauche l'allée de tilleuls qui s'allonge en obliquant à travers des champs couverts de pommiers et de riches moissons, et conduit dans la profonde vallée. Arrivé sur le versant, on descend un sentier en colimaçon, ombragé de platanes, de mélèzes, d'acacias et de sycomores. Les abords de ce long et délicieux chemin sont plantés de charmilles et de rosiers. Arrivé au fond, on découvre tout près du moulin le bassin naturel de la fontaine, dont on trouvera ici un dessin que nous croyons exact. Vis-à-vis le moulin est la salle de bal, adossée à une colline à la forme pyramidale, au sommet de laquelle se dresse la villeggiatura de Saint-Valay, d'où l'oeil plonge sur un horizon admirable et varié.
Extrait de Recherches sur Dinan et ses environs, par Luigi Odorici