L'Abbaye Notre-Dame du Tronchet.
Abbatia Beatæ Mariæ de Troncheto.
Ce monastère, situé près de la ville de Dol, et fondé pour quatre religieux, reconnaissait pour son fondateur Alain, fils de Jourdain, sénéchal de Dol, qui fit don à l'abbaye de Tiron de la terre du Tronchet et de ses dépendances. Cette abbaye dépendait de l'ordre de Saint Benoît, en la paroisse de Plerguer, sur le Bied-Jean, à une lieue et demie vers le S.-S.-O. de Dol son ci-devant évêché (voir Le diocèse de Dol et la juridiction de saint Samson.). Cette donation fut confirmée par une bulle du pape Alexandre III, donnée à Bénévent vers l'an 1170. L'abbé de Tiron y mit quelques-uns de ses religieux, auxquels il donna un abbé pour les conduire. Depuis cet établissement, les religieux du Tronchet vécurent dans la dépendance des abbés de Tiron jusqu'aux commendes. L'abbé de cette maison avait un revenu annuel de deux mille denx cents francs. Un abbé de Tyron fit ériger ce couvent en abbaye vers l'an 1170. Le 22 juillet 1478, son abbé François de Beauchêne obtint le droit de porter l'anneau, la mitre, et les autres ornements pontificaux; et la réforme de Saint-Maury fut introduite dans l'intervalle de 1640 à 1648. Le 1er mai 1152, Guillaume Ier, sire de Montfort (voir les défenses des sires de Gaël), jeta les fondements de celle de Saint-Jacques, près de Montfort même, mais en la paroisse de Bédée, au ci-devant diocèse de Saint-Malo. On y mit la règle d'Aroaise, au pays d'Artois, qui était la plus austère de toutes celles alors connues. Dom Martène a donné au public cette observance, sous le nom de Coutume des chanoines-réguliers de Saint-Jacques-de-Montfort (voir Abbaye St-Jacques de Montfort)Jean de Belleville et Raoul-le-Molnier, ses abbés, firent restaurer l'église et le monastère, dans l'intervalle des années 1296 et 1332. Robert Hubert, mort le 23 novembre 1463, obtint du pape Calixte III, pour lui et ses successeurs abbés, l'usage des habits pontificaux : et Jean de Tanouarn, mort le 17 septembre 1663, y introduisit la réforme de Sainte-Geneviève. Le fondateur y était décédé sous l'habit religieux.
1160 -Don de l'église de Plerguer au prieuré du Tronchet.
« Religiosorum locorum utilitatibus et amplificationiquantumsancte ecclesic prelatos oporteat invibilare, quo in eis summo regi militantes cjuietius liberiusque proposito suo valeant insistera. nullumqui rationis capax existât credimus ibnorare. Hac igitur consideratione, ego Goffredus, Dolensis decanus, precentorque, Guillelmus etiam de Dinan, Gervasiusque frater meus, atque Guillelmus de Spiniac, quin etiam ceteri omnes Dolensis capituli canonici inducti, concessimus Deo et ecclesie Sancte-Marie de Tronchera, per manumStephani, Tyronensis abbatis, ecclesiam de Ploagal cum omnibus suis pertinentiis. Que nostra concessio ut rata in posterum permaneat, lianc per presensscriptum tam presentibus quam fuluris notificari voluimus, et Dolensis capituli sigillo, Dolensi sede archiepiscopo vacante, munitam reddidimus. »
1164-1172, 11 déc. Confirmation du don de l'église du Tronchet fait par Alain, sénéchal de Dol.
« Alexander episcopus,servus servorum Dei, dilectis flliis Stephano abbati et fratribus Tyronensibus salutemet apostolicambenedictionem Summi apostolatus officium quod licet immeriti, disponente Domino, gerimus, nos ammonet attentius et inducit ut piis et religiosis desideriis assensum debeamus facilem adhibere et effectum congruum justa petentibus irrogare., Ex tenore siquidem cujusdam autentici scripti cognovimus quod nobilis vir Alanus, filius quondam Jordani, Dolensis senescalcus, vobis et ecelesie vestre locum de Troncheto cum omnibus pertinentssuis, et quicquid in ecclesia de Troncheto habebat, coram capitulo Saneti-Sansonis. in elemosinam contulit, et quecumque in ecclesia de Ploagat, et ea que in quatuor ecclesiis Ang-lie, videlicet Tophor, Boresignas, Garsop et Serretona habebat, cum omnibus decimis bonorum suorum quas ad manus proprias detinebat eidem ecelesie de Troncheto nichilominuspia largitione concessit. Quum itaque concessio ista ab eodem senescalco rationabiliter facta est et seripto autentico roborata, firmam et ratam habemus, eam vobis et per vos ecelesie vestre auctor itate apostolica confirmamuset presentisscripti patrocinio communimus, statuentes ut nulli omnino hominum liceat hanc paginam nostre confirmationisinfringere vel ei aliquatenus contraire. Si quis autem hoc attemptare presumpserit, indignationem omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli apostolorumejus se noverit incursurum. Datum Beneventi, m idus decembris. »
En 1251 il en est fait mention à propos d'une donation faite au Tronchet Jeanne, veuve de Robert Barbe et remariée à Hamon Le Roux, donna, en effet, à cette époque aux Bénédictins du Tronchet sa dime des Touches, sise en la paroisse de Plesder, « decinam de Toschis in parrochia de Pléeder ».
-Raoul fut le premier abbé du Tronchet ; il était contemporain d'Étienne de Fougères, évêque de Rennes, mort en 1178, et d'Albert, évêque de Saint-Malo, mort en 1184
-Guillaume fut commis par le pape pour juger avec Pierre, évêque de Saint-Malo, le différend que les religieux de la Vieuxville (voir Abbaye de Vieuville) avaient avec Guillaume Jourdan et Ruellon Beaudoin dans la paroisse de Baguar
-Gaultier II reconnut solennellement, le 16 août 1207, que la petite communauté de Notre-Dame du Tronchet, « pusillus grex Beatœ Mariœ de Truncheto », était dès son origine une dépendance de Tyron, et que l'abbé de Tyron l'avait érigée en abbaye soumise à sa juridiction
-Jean Ier devint abbé vers 1228, dit-on ; il l'était certainement en 1232, suivant une charte de Saint-Florent. Au mois d'août 1234, il fit un accord avec les religieux de Marmoutiers au sujet d'un domaine voisin de Combourg (voir La seigneurie de Combourg.) ; en juillet 1244, il céda au Chapitre de Dol les dîmes d'Epiniac, que lui avait données Mathilde, dame de Landal, en échange de celles de Pleudihen ; enfin, en 1246, il abandonna à Thomas de Rochefort la terre du Val-Hervelin pour quelques dîmes en Saint-Suliac
-Nicolas fit preuve d'une sainte humilité et d'un grand amour de la justice. L'archidiacre de Dol, appelé Nicolas comme lui, avait obtenu de Rome une bulle pontificale en faveur de l'abbaye du Tronchet, et il y avait fait insérer, sans la participation des religieux de ce monastère, le droit pour eux d'élire eux-mêmes leurs abbés.
-Martin contracta une société de prières avec les religieux de Saint-Melaine de Rennes, au mois de janvier 1259. On ne sait pas l'année de sa mort, qui arriva le 14 mai, d'après l'Obituaire des Cordeliers d'Angers.
-Pierre Mahé succéda au précédent et fut confirmé abbé par Jean Mahé, évêque de Dol, son parent. Ce prélat fonda en 1273 un anniversaire pour sa famille dans l'église du Tronchet. L'année suivante, Pierre fit une société de prières avec Simon, abbé de Saint-Jacut (voir L'abbaye de Saint Jacut de la Mer). On voit par cet acte que ces deux abbés s'engagèrent mutuellement à ce qui suit : l'abbé étranger serait reçu dans le monastère associé avec les mêmes honneurs que dans son propre couvent ; les religieux jouiraient d'un privilège semblable ; si un moine venait même à être en désaccord avec son abbé, il serait reçu dans le couvent étranger et entretenu jusqu'à ce que la paix fût réglée entre lui et son supérieur ; cette association ne serait pas rompue par la mort, et les prières se feraient dans chaque monastère pour les confrères étrangers défunts comme pour les moines du lieu. Cet abbé mourut le 26 août, d'après le Nécrologe de Saint-Florent.
-Thomas reçut, le jeudi après la Saint-Martin d'hiver 1282, la visite de Jean, abbé de Tyron, et reconnut le droit qu'avait ce dernier de corriger les abus qui pourraient s'introduire au Tronchet. Cette visite se renouvela le 9 juillet 1294, et Thomas y prêta avec ses religieux serment d'obéissance à l'abbé de Tyron. Enfin, il est encore fait mention de cet abbé du Tronchet en 1297.
-Josse ou Jocet alias Josserand reçut en 1301, le jeudi après la Nativité de Notre-Dame, la visite de Simon, abbé de Tyron, et le traita avec les sentiments d'un respect filial. Mais, l'année suivante, il s'excusa de ne pouvoir se rendre au chapitre de Tyron. En 1303, il adhéra, ainsi que son monastère, au procès fait au pape Boniface VIII. Il mourut en 1309, et les religieux du Tronchet écrivirent à l'abbé de Tyron, le samedi avant le dimanche Invocabit me, tant pour lui annoncer la mort de leur abbé que pour le prier de leur en donner un autre.
-Mathieu écrivit à l'abbé de Tyron le lundi de la Pentecôte 1334, pour s'excuser de ne pouvoir assister au prochain chapitre général. En 1337, il assigna à ses religieux les dîmes qu'il avait dans la paroisse de Plerguer et le trait du Bourg-Beillac, en celle de Miniac-Morvan, pour subvenir à leurs dépenses d'ornements, vêtements et chaussures. Mathieu vivait encore en 1340.
-Guillaume Pépin s'excusa en 1343 de ne pouvoir, à cause des guerres civiles de Bretagne, se rendre au chapitre général de Tyron, indiqué pour le lundi de la Trinité ; il renouvela les mêmes excuses en 1353 et mourut au mois de décembre de l'année suivante, comme le prouve une lettre des religieux du Tronchet, demandant, le 9 décembre 1354, un nouvel abbé à celui de Tyron.
-Guillaume Hutier fut nommé par le pape Innocent VI au mois de décembre 1356 ; il est fait mention de lui à la même époque dans les chartes de Tyron. Il mourut en 1367, comme le prouve la lettre écrite par les religieux du Tronchet à l'abbé de Tyron, le 3 décembre de cette année-là, pour lui demander un abbé en place de Guillaume, décédé.
-Guillaume Galiot, élu par l'abbé de Tyron, reçut des lettres confirmant son élection de la part du pape Urbain V, datées de décembre 1369. Il mourut le 3 juin 1374, et les religieux du Tronchet écrivirent le lendemain à Tyron pour demander un nouvel abbé.
-Jean Belin, religieux du Tronchet, fut sommé le 12 juin 1374 par Jean, abbé de Tyron, d'accepter la charge d'abbé du Tronchet ; on ne sait s'il l'accepta.
-Robert Pépin reconnut le 7 juin 1378 que le monastère du Tronchet était anciennement une celle de l'abbaye de Tyron, qu'il avait été érigé en abbaye par un abbé de Tyron, et que ce dernier abbé avait droit de visite et de correction tant sur l'abbé que sur les religieux du Tronchet. En novembre 1383, Robert Pépin fit un acte de société de prières avec les religieux de Saint-Gildas-des-Bois (voir Abbaye de Saint Gildas-des-Bois).
-Raoul Tournevache fut élu par les religieux du Tronchet eux-mêmes, sans l'assentiment de l'abbé de Tyron, contre lequel il plaidait en 1399 et 1402. Jusqu'alors l'abbaye du Tronchet s'était volontiers soumise à celle de Tyron, mais à partir de cette époque on voit qu'elle cherche à se soustraire à cette juridiction ; il paraît que les évêques de Dol soutinrent les religieux du Tronchet dans ces idées d'indépendance, qui aboutirent, contre leur gré, à la destruction de l'esprit religieux dans l'abbaye.
-Guillaume Le Roux, déjà abbé de Saint-Méen (voir histoire de l'abbaye de Saint Meen), fut choisi par l'abbé de Tyron pour s'opposer aux prétentions de Raoul Tournevache ; mais il mourut dès le mois de mars 1400, suivant le Nécrologe de Saint-Méen.
-Jean II mourut en 1420, d'après les annales du Tronchet.
-Thibaud de Baulon obtint des provisions de Rome sur une prétendue démission faite en sa faveur par le précédent ; mais cette démission fut déclarée fausse par Etienne, évêque de Dol, auquel le Pape avait écrit de prendre des informations à ce sujet.
-Alain Costard fut élu en 1422 par les religieux du Tronchet, mais l'abbé de Tyron s'opposa à son élection et le cita à comparaître devant lui. Alain appela de cette citation au Pape, qui renvoya l'affaire à l'évêque de Dol ; ce dernier la jugea en sa faveur et déclara qu'il suffisait que l'abbé du Tronchet fût élu par sa communauté et confirmé par l'évêque diocésain. Alain Costard demeura tranquille par suite, et en 1432 il s'intitulait « abbé du Tronchet par la grâce de Dieu ».
-Gilles Raguenel appartenait, semble-t-il, à l'illustre famille des vicomtes de la Bellière (voir le château de la Bellière à la Vicomté sur Rance). Il fut élu par les religieux du Tronchet sans la participation de l'abbé de Tyron ; l'évêque de Dol le confirma et le bénit, dans son manoir des Ormes, en 1436. Il soutint un gros procès contre le sire de Coëtquen, souscrivit en 1452 au concordat passé entre l'archevêque de Tours et l'évêque de Dol, et mourut en 1473.
-Alain fut élu en 1473 et mourut dès 1478.
-François de Beauchesne obtint ses bulles en 1478 et fut mis en possession de son abbaye par le sire de Coëtquen, commissaire du duc de Bretagne à cet effet. Le 22 juillet de l'année suivante, Jean, cardinal d'Angers et légat du Saint-Siège, accorda à l'abbé du Tronchet le droit de porter l'anneau, la mitre et les autres ornements pontificaux. En 1484, François de Beauchesne obtint encore de Jean, évêque d'Albano, le droit d'avoir un autel portatif.
-Jean du Chastellier, élu par les moines du Tronchet en 1485, fut cité par l'abbé de Tyron à venir justifier son élection ; il est probable qu'il ne répondit point à cette citation. L'année suivante, Guillaume obtint des lettres de sauvegarde pour son monastère. Il mourut le 6 octobre 1496 et fut le dernier abbé régulier du Tronchet. Comme il y a beaucoup de familles du Chastellier en Bretagne, nous ne savons à laquelle appartenait cet abbé. Après la mort de Guillaume du Chastellier, l'abbé de Tyron nomma abbé du Tronchet Hugues de Malezier, moine de Marmoutiers et régent du collège de cette abbaye à Paris ; mais les moines du Tronchet refusèrent de le recevoir. Hugues de Malezier essaya de se faire maintenir par une sentence juridique du 12 avril 1499 ; ce fut en vain, son élection fut définitivement annulée.
-Raphaël cardinal-diacre du titre de Saint-Georges ad Velum aureum, fut sur les entrefaites nommé abbé commendataire du Tronchet par le Pape, que fatiguait la dissension survenue entre Tyron et Le Tronchet. Mais, avant d'avoir reçu ses bulles, le cardinal Raphaël céda tous ses droits au suivant.
-Hugues de Malezier, religieux de Marmoutier et régent de cette abbaye établie à Paris, fut élu en 1496 par l'abbé de Tiron. Il paraît que par une procédure cette abbaye lui fut disputée ; mais il fut maintenu par une sentence datée du 12 avril 1499.
-Tristan de Vandel, issu des seigneurs de Vendel, évêché de Rennes, docteur en droit, protonotaire apostolique, chanoine de Dol, trésorier de la Magdeleine de Vitré, combattit vigoureusement les prétentions d'Hugues de Malezier, qui continuait de se dire abbé du Tronchet ; grâce à la faveur dont il jouissait à Rome, il fut maintenu en possession de son abbaye le 23 septembre 1508, malgré les efforts de l'abbé de Tyron. Il reçut au Tronchet, l'année suivante, les religieux de Saint-Melaine, que la peste avait forcés d'abandonner Rennes. En témoignage de reconnaissance, le cardinal Robert Guibé, abbé commendataire de Saint-Melaine, accorda à l'abbé et aux moines du Tronchet des lettres de confraternité et d'association de prières fort étendues. Tristan de Vendel ménagea beaucoup sa communauté du Tronchet, il fit en son église abbatiale quelques fondations assises sur ses terres patrimoniales de Lessonnière et de Coëtuhan, et mourut regretté de ses religieux en 1533.
-François de Laval, fils bâtard de Guy XVI, comte de Laval, et d'Anne d'Espinay, déjà évêque de Dol, trésorier de la Magdeleine de Vitré et abbé de Paimpont, fut encore nommé abbé commendataire du Tronchet en 1534. Il mourut le 2 juillet 1554 et fut inhumé dans sa cathédrale de Dol.
-Charles de Bourbon, fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, et de Françoise d'Alençon, né en 1523, cardinal, archevêque de Rouen, évêque de Beauvais, légat d'Avignon et abbé de Saint-Denis, de Saint-Germain et de Saint-Ouen, reçut également en commende l'abbaye du Tronchet. Il y fit faire d'importantes ventes de bois, sous prétexte de réparations aux édifices claustraux qui ne furent point exécutées. Il céda toutefois cette abbaye au suivant, et après avoir joué un certain rôle politique comme roi des ligueurs sous le nom de Charles X, il mourut le 9 mai 1590.
-Louis d'Espinay, fils de Guy, seigneur d'Espinay, et de Louise de Goulaine (voir La Maison de la famille d'Espinay, présentée par M. de la Chesnaye Desbois), protonotaire apostolique, chantre et chanoine de Rennes, prieur de Notre-Dame de Vitré, obtint l'abbaye du Tronchet par la faveur dont il jouissait près du cardinal de Bourbon, à la maison duquel il était attaché. Il siégea en qualité d'abbé dès 1558 ; mais comme le cardinal fit encore acte d'autorité au Tronchet en 1560, on ne sait pas au juste quand et à quelles conditions se fit la cession de l'abbaye entre ces deux personnages. Toujours est-il que Louis d'Espinay quitta l'état ecclésiastique, rentra dans le monde et s'y maria trois fois.
-René Masse alias de la Masse, était abbé du Tronchet en 1567 et 1584, d'après les annales de ce monastère.
-Charles d'Espinay, fils de Guy, seigneur d'Espinay, et de Louise de Goulaine, évêque de Dol, chantre de Rennes, abbé de Saint-Gildas-des-Bois, prieur de Gahart et de Bécherel, obtint l'abbaye du Tronchet en 1586, après la mort du précédent. Il mourut lui-même le 12 septembre 1591 et fut inhumé dans son église cathédrale.
-Pierre Lebouteiller, fils de Léonard Le Bouteiller et de Mathée Chauvin, chanoine et scholastique de Dol, embrassa le parti de la Ligue et obtint l'abbaye du Tronchet par la faveur du duc de Mercœur ; il reçut ses bulles en novembre 1592. Mais le roi nomma, de son côté, abbé du Tronchet Daniel Plumereau, qui fut maintenu par arrêt du Parlement de Bretagne. Toutefois, Pierre Le Bouteiller prêta serment à la Chambre des Comptes de Bretagne en 1596, puis il disparut, aussi bien que son concurrent.
-François Le Prévost, trésorier ; chanoine et vicaire général de Rennes, fut nommé abbé du Tronchet, en 1597, par Henri IV ; le pape Clément VIII confirma sa nomination en 1598, et il prêta la même année serment de fidélité au roi. Il est à remarquer que cet abbé reçut ses bulles comme successeur de Charles d'Espinay, sans qu'il fût fait mention de Pierre Le Bouteiller. François Le Prévost assista aux Etats de Bretagne en 1598, 1599, 1600 et 1602. Il mourut au Tronchet en 1603 et fut inhumé dans son église abbatiale.
-Jean Le Prévost, frère du précédent, et comme lui trésorier, chanoine et vicaire général de Rennes, et de plus aumônier du roi, devint abbé du Tronchet en 1603. Il avait vécu longtemps dans le monde, avait été marié, et devenu veuf s'était fait prêtre. Il siégea aux Etats de Bretagne en 1604 et 1605, et ne prêta serment au roi qu'en 1607. Il réforma son monastère en y introduisant, avec l'assentiment de l'évêque de Dol, la Congrégation de Bretagne le 9 octobre 1607. Jean Le Prévost mourut à Rennes, à son hôtel de la Trésorerie, en 1608, et fut inhumé dans la cathédrale de cette ville
-François de Montmorency, fils d'Anne de Montmorency, marquis de Thury, et de Marie de Beaune, n'avait que vingt-quatre ans quand le roi le nomma abbé du Tronchet, le 18 mars 1608. Il maintint en son abbaye les Pères de la Société de Bretagne, qui y tinrent leur chapitre général en 1622. Toutefois, en 1640, François de Montmorency renonça à l'état ecclésiastique, résigna l'abbaye du Tronchet et celle de Molesmes, au diocèse de Limoges, dont il était également pourvu, et épousa Catherine Roger
-Charles de Rosmadec, fils de Mathurin de Rosmadec, seigneur de Saint-Jouan, et de Jeanne de Trogo, pourvu sur la résignation du précédent, prit possession du Tronchet le 26 septembre 1640. Il siégea en qualité d'abbé aux Etats de Bretagne en 1640, 1643 et 1645. Continuant l'oeuvre de la réforme de son monastère, il appela au Tronchet les Pères de la Congrégation de Saint-Maur pour y remplacer ceux de la Société de Bretagne, alors dissoute. Mais ayant été nommé évêque de Vannes en 1647, il résigna son abbaye pour prendre possession de son siège. Devenu plus tard abbé de Paimpont et archevêque de Tours, il mourut aux Eaux-Bonnes en août 1672
-Antoine Denis Cohon, prévôt et chanoine de Chartres, prédicateur et conseiller du roi, enfin évêque de Nîmes, puis de Dol, prit possession de l'abbaye du Tronchet le 23 avril 1649. L'année suivante, il devint doyen du Folgoët et finit par remonter sur le siège épiscopal de Nîmes, où il mourut le 7 novembre 1670.
-Louis Berrier, chanoine et archidiacre de Paris, obtint l'abbaye du Tronchet en 1671, n'étant âgé que de seize ans. Il fit beaucoup de bien à son monastère, dont il acheva l'église abbatiale, commencée par ses prédécesseurs. Mais, le 13 janvier 1679, il permuta avec le suivant l'abbaye du Tronchet contre l'abbaye de Lonlay, au diocèse du Mans.
-Jules de Goth de Roillac d'Epernon, fils de Louis duc d'Epernon et d'Anne Vialart, conseiller et aumônier du roi, prit possession du Tronchet le lundi après la Pentecôte 1680
-Claude de Gournay devint abbé du Tronchet en 1701 et mourut en 1712.
-Claude Fyot de Vaugimois naquit à Dijon, en 1689, d'Anselme Fyot, seigneur de Vaugimois, conseiller au Parlement de Bourgogne, et d'Anne de Valon, et fut nommé abbé du Tronchet le 14 mai 1712 ; il n'était que sous-diacre et étudiant au Séminaire de Saint-Sulpice à Paris lorsqu'il prit possession, par procureur, de son abbaye le 28 septembre de la même année. « Ce fut un modèle de piété, et il remplit avec édification, pendant longtemps, la place de supérieur du Séminaire de Saint-Irénée, à Lyon ; on a de lui plusieurs ouvrages scientifiques ». Il conserva le Tronchet jusqu'en 1753, époque à laquelle il donna sa démission, et mourut peu après.
-Jean Hyacinthe Collin de la Biochaye, fils de François Collin, seigneur de la Biochaye, président au Parlement de Bretagne, et de Jeanne-Louise Charpentier, était chanoine et archidiacre de Dol lorsqu'il fut nommé par le roi abbé du Tronchet le 26 août 1753 ; il prit possession le 19 septembre suivant et devint ensuite successivement chantre et vicaire général de Dol, chanoine de Saint-Malo et archidiacre de Portion, etc. ; il résigna le Tronchet en 1776 pour devenir abbé de Bonrepos (voir Abbaye de Bonrepos en la paroisse de Saint-Gelven.)
-Jean-Jacques Provost de la Boissière de Boisbily, d'abord chanoine, puis vicaire général de Rennes et de Quimper, obtint l'abbaye du Tronchet, dont il prit possession le 15 juin 1776 ; il mourut à Quimper, âgé de cinquante ans, en 1786.
-Alexandre Bernardin Jourdain de St Sauveur, vicaire général du diocèse de Vannes, chantre et chanoine de la Sainte-Chapelle de Vincennes, devint en 1786 abbé du Tronchet et en prit possession le 17 juillet ; il conserva ce bénéfice jusqu'au moment de la Révolution.